Correspondance

Oui, bin c'est sans doute pas pour cette fois-ci, cher Bruno. Bien que j'essaie de laisser les choses ouvertes et pleines jusqu'au dernier moment, mais enfin, là, c'est plus dur que d'habitude. Je suis un peu paumé. Énormément de pression de la part de Paris (la SACD, programmatrice). Pas d'Avignon, cela dit, où ils m'ont dit : "Tu fais ce que tu veux, même si ça leur plaît pas à Paris !" (ce qu'il est important de me dire parce que je ne sais pas ce que je veux !) Mais je n'aurai le lieu que deux fois deux heures... Donc, tant que je suis dans la tête à essayer de répondre à leurs questions, je suis paumé. Ça va être court, quatre heures, pour se rétablir ! Mais j'y suis retourné récemment et j'ai vu que ç'aurait été sans doute possible (je craignais, de Paris, que les lettres lumineuses ne se lisent pas en plein soleil, mais il y a plus d'ombre que je l'imaginais, dans cette cour). En fait, j'hésitais beaucoup sur les proportions de l'objet défileur et ça, comme je suis entièrement complexé, comme je disais, par la réflexion... Il aurait fallu que j'engage un décorateur ou un régisseur très sensible qui m'aurait aidé pour la mise en place plastique et technique. Hum, hum...
Mais la vraie chose, c'est que je n'ai pas confiance en cette manifestation. Dans la salle, 80 % de programmateurs, de "professionnels" comme ils disent (puisque la plupart d'ailleurs ne programment rien). Bref, une audition. Je vais simplement (peut-être) avoir la force de me présenter face à eux à blanc.
Mais le texte que tu m'as envoyé (pourtant comme un exemple) est tellement fort. Je rêve toujours de le faire entendre et j'essayerai. J'ai une semaine de travail à Paris du 4 au 10, avant cela, demain, je redescends. Je vais voir. Dès que je travaille, les forces reviennent, mais c'est si rare, le travail - quelques heures... Le reste est de l'expectative... Sinon, ce sera pour plus tard. Promis, juré. On viens de me souffler une idée que je crois bonne : je vais faire faire un masque de moi à la taille de l'enfant. On verra, je n'en sais rien...



À Bordeaux début juin, voici quelques images, j'ai fait un truc joli simple : du feu, de l'eau, du brouillard (fumée de théâtre), des chevreaux, des coups de feu, une femme, des gens, le crépuscule (par les verrières dégagées), les bougies quand la nuit est tombée. Ça s'appellait Les Valeurs (à entendre dans le sens de la peinture). Donc, sous ton influence, je le suis - mais je suis lent. Et la rencontre est longue...



Bien à toi, à Rome



Yvno



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