Thursday, July 17, 2025

A Good Friend Can Change Your Views

 

J’ai vu mon neveu qui finit un stage de 2 mois obligatoire dans son année d’étude (Sciences Po). Il a choisi le bar. Le « Bar Ourcq ». C’est un bon choix, c’est près de chez moi, en plus. En cette période (espérons que ça ne soit qu’une période et pas la fin définitive du système) de manque de vélibs (il en disparaît plus de 600 par semaine depuis le match, alors ça va vite), c’est appréciable le près-de-chez-soi. Le Bar Ourcq n’a pas changé depuis toujours dans ce monde ou tout change tout le temps, c’est appréciable le low. On peut toujours y prendre un jus de gingembre comme il y a 10, 20, 30 ans, rien n’a bougé, rien n’a vieilli, il est toujours aussi pur, ce bar, aussi tradi dans le progressisme. On veut bien du progressisme, mais low, s’il vous plaît, mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente, comme chantait l’autre. Mon neveu — appelons-le Solal — se plaint d’être, dans son stage qui se passe dans une boîte de com pour le ciné,  chargé de ce qui n’intéresse personne, les boulots chiants, les data, les excel… On lui reproche de ne pas montrer assez d’enthousiasme quand on lui propose quotidiennement depuis 2 mois l’une de ces tâches ennuyeuses. En effet, il en voit certains qui sautent de joie. Lui, il trouve que c’est exagéré, ce ciné, il dit juste ok et il exécute ce qu’on lui demande… Dans le AOC papier, je lis un article de Jacques Rancière sur la « déraison inégalitaire » qui fait tourner la société où tout inférieur est à même de se trouver un inférieur et ainsi de jouir de sa supériorité sur lui. Ce que l’article appelle aussi : « la culture de la haine » ou « la passion de l’inégalité ». D’ailleurs Solal le dit en ces termes, sa supérieure ne l’« aime pas ». Il y a toujours une supériorité à laquelle on peut participer. Donald Trump joue de cette satisfaction de se croire le supérieur d’un autre, pas sur la frustration comme on l’avance toujours, dit Rancière, mais sur la satisfaction de son sort et la haine de l’inférieur imaginaire qui pourrait nous en déloger


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Wednesday, July 16, 2025

Je voudrais aimer Legrand toute ma vie. Et il n’y a pas de raison pour que ça n’arrive pas, d’abord parce que la vie est courte, nous sommes comme en vacances ici, la durée d’un été ; ensuite parce que Legrand est une figure, une forme très ouverte, presque vide, qui peut tout contenir, pas tout sans doute, mais pas mal. (La stupidité idéologique de tout se tient en dehors de la forme Legrand.)
Legrand, mon seigneur, mon haut seigneur, pangolin… un jour je l’appellerai Dubois… est un sytème, un appareillage de respiration (comme cette formule est moche, mais rien n’est beau, vous le savez ?) (En relisant, je m’aperçois que l’appareillage de respiration est ce que portait mon père souffrant d’emphysème et de fibrose à la fin de sa vie.)
Je suis en marge. Quand vous êtes en marge, il n’y a qu’une chose à faire : contempler la beauté du monde des autres, le ciné permanent. Seulement c’est trop vaste, la vie des autres, trop immense. Legrand me permet de canaliser : je ne vois que Legrand. Ou encore, autrement dit : mon « je » est vagabond, mais Legrand est mon ancre

Une femme, il me semble qu’elle s’appelait Evelyne Pieiller, qu’elle avait écrit des romans (au moins un que j’avais lu), elle avait dit à Claude Régy que je ressemblais au personnage des Enfants Tanner, « Un beau matin, un jeune homme ayant plutôt l’air d’un adolescent entra chez un libraire et demanda qu’on voulût bien le présenter au patron. » C’est un jeune donc qui change de métier toutes les 5 mn. Il ne tient pas longtemps dans le job qu’il désire pourtant, il passe à autre chose. « De tous les endroits où j’ai été, poursuivit le jeune homme, je suis parti très vite » (et il en donne les raisons, ce qui l’attirait le rebute très vite). Il papillonne. Je crois me souvenir que j’étais assez fière d’avoir été reconnue comme personnage littéraire. Il faut que je relise le roman (l’ai-je jamais lu ?) Robert Walser est l’un de mes écrivains préférés. (Maintenant je m’identifie non à ce personnage, mais à lui.)

« Cela dit, on ne m’a encore jamais chassé de nulle part, c’est toujours moi qui suis parti, par pur plaisir de partir, en quittant des emplois et des postes où l’on pouvait faire carrière et le diable sait quoi, mais qui m’auraient tué si j’étais resté. »

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Tuesday, July 15, 2025

T arzan

 
J’avais entendu dans un dîner en ville que Christophe Lambert avait un tout petit kiki. Pour faire mon intéressante, j’ai voulu le répéter dans un autre dîner en ville. Mais j’ai dit : « Lambert Wilson ». Tout le monde était certain que Lambert Wilson avait un tout petit kiki, mais moins sûr pour Christophe Lambert. Je ne connais pas assez mon monde, je dis n’importe quoi. Christophe Lambert, c’est celui qui a joué dans Le Grand Bleu ? Non, lui, c’est Jean-Marc Barr. Ah, bon, oui…

Comme on s’ennuyait un peu au Bois, à l’espace naturiste, Legrand avait décidé de me faire la lecture à haute voix. Il s’agissait de la Buveuse de larmes, un recueil de petits textes, de chroniques de Robert Walser. Il me lisait des textes que j’avais déjà lus (à Quiberon), mais que j’avais voulu apprendre par cœur quand je les avais lus. Les gens qui me flattent en disant que j’écris bien ne savent pas que j’ai, irrémissible, inatteignable, le critérium de l’écriture gracieuse de Robert Walser…

Je m’aime bien, je suis très complaisante avec moi-même, je m’en fiche

Comme des films, des bouts de films, des films mal joués (pléonasme)

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S e réveiller


« Le physique trapu contrastait d’emblée avec la voix assez douce et grave et le langage presque précieux »

« un week-end volé à deux »

Je continuais le roman de Claire Chazal qui se passe à Rome. Un orage de chaleur qui s’abattait brutalement sur la ville éternelle me rappelait que, hier aussi, ici, à Paris, ç’avait failli. Je m’étais abritée sous un auvent, un garçon était sorti au bout d’un moment, montrant sa sympathie et son désœuvrement, mais je lui avais demandé — après un délicieux temps d’attente — s’il pleuvait encore, je ne m’en rendais pas compte, ce n’était peut-être que l’auvent qui gouttait. Il s’était avancé, rêveur, sur la chaussée, non, plus grand chose, alors je l’avais quitté à regret (de ne pas tenter l’amour fou). Quand il n’y a plus de prétexte, que peut-on faire ? Tous les bals des pompiers de Paris étaient inaccessibles. J’en avais fais 3, Port-Royal, Vieux-Colombier, Sévigné, puis j’avais renoncé, des queues immenses sur des centaines de mètres d’une jeunesse infinie, infaillible. Comme ils ont envie de faire la fête, les jeunes ! C’était plus mélangé in my days, même un peu ringard, il me semble
Au lieu de lire, j’écrivais, j’écrivais… C’est comme ça qu’on gâche sa vie

J’avais dit à la comédienne : « Je ne suis pas en train de dire que ta carrière est faite, parce que c’est beaucoup une question de chance, mais, si tu as de la chance — et tu en auras, je crois —, alors tu risques d’aller magnifiquement loin »

« On est dans la banlieue de rien » (LG)

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Hier, j’ai diné en ville et, dans l’escalier, j’ai demandé à mes amis qui m’y avaient amenée ce que faisait dans la vie l’un des convives qui m’était resté mystérieux (alors que tout le monde semblait le connaître). Mes amis m’ont dit que c’était un très célèbre ghost@writter (on ne dit plus « nègre »). C’est lui qui a écrit le livre de telle ou telle vedette, presque toutes, il gagne beaucoup à ça. Il est si fameux qu’il obtient maintenant un pourcentage sur les ventes. C’est sans doute lui qui a écrit le livre de Claire Chazal que tu as trouvé. J’aime beaucoup Claire Chazal. Je la croise au cours de danse, parfois le soir quand je sors, je la surprends, elle, comme un poisson dans l’eau aux entractes de l’opéra, etc. J’avais trouvé son livre, A quoi bon souffrir ?, un roman sorti chez Plon en 2000, dans une boîte à livres lors d’une balade avec Legrand. Jardin Rachmaninov, dans le Nord de Paris

« Le bonheur ne fait pas partie du programme de la Création », a dit Sigmund Freud

« Le bonheur est un idéal non de la raison, mais de l’imagination », a dit Emmanuel Kant. Il a dit aussi : « Le bonheur est un concept indéterminé : chaque personne le définit selon ses préférences et ses goûts »

« Le bonheur, c’est simplement le contraire du malheur », dit un philosophe dont le nom n’est pas mentionné dans la vidéo

Avec Legrand, ce qui est bien, c’est que j’ai tout. J’ai le bonheur et le malheur. Je peux choisir

Je surveille mon téléphone qui me surveille

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C e n’est pas vous, c’est l’idole


J’aime souffrir de Legrand. J’aime ne pas dormir. J’aime me retourner dans mon lit, le maudissant. J’aime geindre que ma vie serait plus supportable si je ne le connaissais pas. S’il me dit : « Je pars lundi en Bretagne », je tremble, j’en frémis, mais aussi, en secret, de soulagement : enfin, des vacances… Que c’est beau, le soleil, que c’est beau le nocturne avec le soleil inventé… Il y a des rêves dont je me délaisse. Ce matin, j’en commençais un qui me paraissait si compliqué, si « gros budget » que je me réveillais, c’était plus simple…

J’aime écrire sur Legrand parce que ça n’intéresse personne, le ressassement. On me fiche la paix, de cette manière. Jour après jour, on me fiche la paix. Pour moi, ça a du sens, mais pour personne d’autre

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Monday, July 14, 2025

Chaque jour, si je commence au réveil par lire « Le Monde », je sens que je cherche, que j’espère dans quelle branche je pourrais trouver l’urgence — le sens — de militer…
La poésie ne vous suffit pas ? Non, la poésie ne me suffit pas parce que la poésie est très belle, je voudrais mettre les mains dans le cambouis

J’ai rêvé de toi, tu étais sublime (ça, c’est comme dans la vie), mais tu éjaculais (abondamment) toutes les 5 mn (ça, j’imagine que c’est exagéré)
Ah, cette canicule !

J’étais meurtrie, furieuse de ne pas être à la mer avec mon seigneur pendant la canicule. Ma vie, c’est se faufiler, j’aurais dû me faufiler jusqu’à la mer avec mon haut seigneur
Ces r-v à annuler (si peu)
Et puis j’avais peur de trop avec mon seigneur, peur pour lui, de trop le déranger
Mais, ce mois de juillet, je voulais le vivre à Paris pour une fois, pourquoi voyager ? (quand Paris est doux), rester sans projet (de voyage) puisque mon seigneur n’en avait pas…

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Sunday, July 13, 2025

C’est une ville comme brûlée, comme passée au four et la chaleur se confond avec le temps et la destruction. Une ville comme incendiée, couleur pain grillé, roussie, carbonisée, comme africaine, fauve, savane, marginale, sanglante, bronzée, café au lait, cramoisie, vieil or, or vieilli, or bruni, sable, flamme, or noir, vermeil, argent noirci, blond, blond vénitien, marbre chaud, croûte de soleil, croûte de pain, torche, bois marqueté… J’ai eu une expérience à Naples, j’en ai eu quelques-unes

Naples avait été un voyage inventé

Et, tout d’un coup, dans le musée, la déferlante Perramant. Dans le musée de Capodimonte, mais de loin, Bruno m’envoyait (sur IG) des séries de nouveaux tableaux et, tout d’un coup, tout le musée appartenait comme moi à la peinture fraîche de Bruno Perramant, à la lisibilité de BP, la clé baroque, le palais construit et dévasté de la mémoire, le mouvant, le sable, l’ombre, absence de contour, couleur, l’extrême couleur-douleur, le mouvement infini et indéfini du monde-la-civilisation, la fine pellicule terrestre, l'équilibre, l’épiphénomène planétaire…

Je lisais : « Il n’y a pas d’amour mais seulement « des rêves d’amour » tandis que l’amitié est tangible. » C’était dans le journal (un article sur… ?) et ça me ramenait à Legrand. Legrand me prenait pour son amie et, moi, j’avais toujours rêvé aimer mes amis, j’en tombais amoureuse


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Friday, July 11, 2025

L ’Illisibilité du monde


« Ce qu’il préfère, c’est ne rien faire. Rester des heures à regarder par la fenêtre »

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C’est extrêmement difficile d’écrire parce que c’est très facile (qqn l’a dit) parce qu’on se trompe tout le temps. Ecrire, ce serait ne pas se tromper, mais ça apparaît parfois (et pas pour des siècles) sur une phrase ou 2. Personnellement j’aime quand une phrase raconte (en très peu de mots) comme sans moi, presque en secret, peut-être illisible qqch qui m’a touché

« Il m’a dit, par ex : « On ne peut pas parler du vrai et c’est ce qui fait partie de la détresse. On ne peut pas avoir accès aux valeurs morales parce qu’il faudrait prononcer un jugement de valeur et on ne peut pas parce que prononcer un jugement de valeur, ce serait faire preuve d’une certaine réaction, d’une certaine préférence. » Et lui veut rester dans cet état de réceptivité à l’égard de la totalité de la vie. Il me disait aussi : « Même parler d’un théâtre absurde, ça ne me convient pas parce que dire que la vie est absurde, c’est encore prononcer un jugement de valeur et on ne peut pas le prononcer. » (Samuel Beckett rapporté par Charles Juliet)

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Thursday, July 10, 2025

Aujourd’hui je me suis renseignée sur le prix d’un lifting. Entre 15 et 50. Mille ? Bon, vous me verrez vieillir.
Je me suis assise sur un banc au parc Monceau. Il y avait un vieux ELLE abandonné (2018). J’ai pensé qu’il y aurait peut-être le nom de mon ancienne compagne (celle qui y travaillait) et, en effet, elle signait un « C’est mon histoire ». Le principe était simple : les lectrices écrivaient au ELLE pour raconter « leur histoire » et une personne du ELLE mettait en forme. Tout le monde au ELLE aimait faire ça parce que c’était bien payé. Parfois c’était inventé, parfois c’était vrai qu’une personne avait témoigné. Je me souviens que je me trompais presque toujours à deviner. Là, c’est vrai, là, c’est inventé.
Il y avait aussi un article sur le porno d’Erika Lust. Ça aussi, je l'ai lu en entier.
Puis, à pied toujours puisque, en ce moment il n’y a plus de vélib’ (est-ce que c’est la faillite du système ou est-ce que ça va s’arranger ?), j'ai rejoint la performance d’Olivier Saillard MODA POVERA V, LES VETEMENTS DE RENEE. Renée était sa mère, si j’ai bien compris. Il a retaillé, ré-assemblé les vêtements humbles et précieux (affectivement) de sa mère, il en a fait des citations de haute couture. C’est absolument sublime.

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