Le Cheval de la philosophie
Thierry Collet me demande d’écrire des choses gentilles — ou pas des choses méchantes — parce qu’il lit le blog. C’est le magicien de la radio. Je l’ai surchargé de gentillesse à la radio. Je l’ai fait passer pour un clone d’Alain Delon jeune ou de Robert Redford. (Ça m’amuse toujours comme on peut avoir l’air beau à la radio, il suffit d’une voix.) Eric Didry m’a raconté une anecdote qui est la troisième qui pourrait participer de ce livre autobiographique dont je parlais — rempli uniquement d’anecdotes — rapportées par d’autres — dont je n’ai pas le souvenir. Il me raconte qu’à Chaillot (sans doute pendant que j’étais à l’école), je lui ai fait un tour de magie. Il ne savait pas que la tour Eiffel s’éteignait à minuit (s’éteint-elle à minuit ? je ne le sais plus non plus) et je lui avait dit que j’allais la faire disparaître. J’avais décompter à partir de dix.
Comme c’est difficile de lire ! Je m’en aperçois. Je fustigeais toujours les gens qui lisent mal mon blog, par exemple (qui y voient de la malice), comme, par exemple, Jérôme Bel ou, récemment, la mère de Bébé (les parents terribles). Mais voilà que ça m’arrive aussi. J’ai assez dit à quel point je me sens en phase avec ce qu’écrit Pierre Courcelle sur son blog. Les lecteurs assez vieux connaissent cette passion « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Et voilà que, moi non plus, je sens que je n’y comprends plus. En relisant ce qui bute, plusieurs fois, je peux juste comprendre que je pourrais comprendre, si mon cerveau n’était pas formaté différemment, ce qu’il comprend. Sur ce qui me semble un point, une veine (la veine « Philippe Muray »), je n’entends pas la polysémie, la résonance, les oiseaux de la vie et du monde, l’émerveillement. C’est le moment d’en venir à la philosophie. Pour débrouiller tout ça. « Mon royaume pour un cheval ! » Il y a cette rose bleue qui n’en finit pas de vivre — était-elle déjà morte quand on me l’a donnée ? Elle déteint un peu simplement.
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