Monday, November 16, 2009

Un poème-café

Pierre n'écrit plus sur son blog, il prépare ailleurs. Mais, hier soir, il "s'amuse", dit-il, en écrivant un poème "tétradécasyllabique". "Cryodessication" est le mot d'origine pour "lyophilisation" (m'explique-t-il). Préparé le soir, mais à boire le matin. Je me réveille encore très tôt à cause du jet lag, c'est agréable.
Et puis, qu'est-ce qu'on va faire de sa vie ?



Cryodessication

Je ne trouve pas l'ennui plus vaste aujourd'hui qu'hier,
ni le désordre sourd, les tumultes internes plus
supportables, cependant que s'écoule chaudement
l'amer liquide dans le dégoût de mon gosier.

Mon palais n'a plus que des zones d'ombre et de refus :
des carreaux brisés que soulèvent les respirations
d'une Cour abrutie, l'indifférence d'un parquet
au craquement drôlatique - misérable refuge

où n'être que ce qu'on imagine être suffit au
sommeil. L'hiver ne passera pas sans quelque hécatombe
tapageuse ni quelque catastrophe climatique :

chiennes égarées au tournant d'un vice médiatique,
chemins de la mollesse et de la solidarité
où se pâmeront d'internationales vertus.

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Gabriella de Pascalis m'envoie ça (à propos de l'enfer)

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L'Automne à Pékin

Il est bien possible que j'ai quelque chose, mais savoir si ça ressemble à ce que tu as entendu, c'est une autre affaire. Il y a tellement de sons différents dans la forêt même en Asie, en fonction du pays, de l'humidité, de l'heure de la lumière, de la saison, de la végétation. Il suffit qu'un insecte, une grenouille, un oiseau chante ou non, pour que tout en soit changé. C'est justement pour cela que j'enregistre toujours ce que j'entends, parce que, malgré les dizaines de milliers de sons que je peux avoir provenant de disques, de sites, d'amis, ou autres, je sais que je ne retrouverais jamais ce que j'ai entendu.
Et cette chose est vraiment décuplée lorsque tu voyages. Tes sens sont tellement en éveil que lorsque tu apprécies un son, c'est souvent lié à une situation, une émotion, la personne avec laquelle tu étais ou pas, et si tu ne le capte pas, tu peux passer une vie à retrouver cette sensation.
Et c'est aussi ça qui est beau.

Je crois que ma plus belle expérience en ce domaine, c'était il y a deux ans, lorsque nous sommes allés en Equateur. Nous avions sympathisé à une escale galère à Miami avec un jeune alpiniste français qui allait rejoindre son amie qui était recteur de l'université d'une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Quito. Quelques semaines plus tard, nous les avons retrouvés chez eux et elle nous a proposé de nous envoyer dans une base de recherche au fin fond de l'Amazonie, le genre d'endroit réservé exclusivement aux chercheurs très pointus qui peuvent rester là des mois à étudier la nidification de tel oiseau ou l'évolution d'une variété de lichen. C'était l'endroit le plus lointain où l'on pouvait pénètrer à l'intérieur de l'Amazonie, totalement protégé de l'homme, et on continuait à y découvrir des espèces. Les bâtiments où nous logions étaient des sortes de petits chalets dispersés construits avec des arbres tombés dans la forêt, au confort spartiate, sobrement aménagés mais confortables. A partir de 1 mêtre de hauteur, les cloisons étaient en grillage très fin pour laisser circuler l'air. La nuit, c'était absolument impossible pour moi de dormir. Ayant le sommeil extrêmement sensible, je me réveillais vers trois heures du matin et je passais le temps à écouter les bruits de la forêt jusqu'à l'heure du lever qui était vers cinq heures trente. C'était fantastique, il y avait des bruits impossibles à décrire, du pur son, comme je pense ce que tu as pu ressentir dans ta forêt. Certains cris, tu ne pouvais pas savoir si c'était des insectes, des batraciens, des félins (il y avait des cougars qui passaient à une cinquantaine de mètres de la base) ou des oiseaux. Impossible de me rendormir, je pense que mes oreilles étaient tellement dressées qu'elles devaient en être pointues.
Le dernier jour, je me suis levé vers quatre heures et j'ai enregistré en continue le son du lever du jour, ou plus exactement, du passage de la nuit au jour, avec les animaux nocturnes qui s'estompent pour laisser place aux oiseaux du petit matin. J'étais assis là, tout seul dans la nuit près du chemin, sans un mouvement, sans un bruit, des animaux passaient par là, ne me remarquant même. J'étais entièrement immergé. Je crois que c'est un des plus beaux moment de voyage que j'ai pu connaître, et un des sons dont je suis le plus fier. Et comme tu peux l'immaginer, celui-là, je n'ai aucune chance de le trouver ailleurs.

Toi qui est particulièrement sensible au son, tu devrais peut être t'acheter un petit appareil pour ramener des choses de ce que tu croises. C'est assez discret et très simple d'emploi.
Je peux même te montrer si tu veux.

Ci-joint, un son.
Et puis un autre après.


bz !


jb'

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Belle de nuit

"La mention des déboires administratifs ("the law's delay, the insolence of office") parmi les motifs justifiant le suicide, me paraît la chose la plus profonde qu'ait dite Hamlet."

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Sur Facebook

Yves-Noël Genod On parle de la "raideur" de la justice, mais la raideur, ça veut dire exactement l'enfer, ce qui devrait être interdit, le hors-la-loi, ce qui détruit. C'est à ça que devrait s'occuper le politiquement correct plutôt que d'interdire Tintin au Congo. Dénoncer et interdire toute raideur, toute névrose surtout si elle est d'Etat, désécuriser le théâtre, libérer, puisque de toute façon on va dans l'mur, lâcher du lest.
2 hours ago · Comment · Like
Jérôme Delatour, Anne Elodie Sorlin and Anne Massiot like this.


Jérôme Delatour Le politiquement correct est une mécanique terrifiante, une vraie lèpre rampante, un virus décérébrant. J'ai lu Tintin au Congo x fois quand j'étais jeune, je n'en suis évidemment pas devenu un apôtre de la colonisation pour autant. J'ai lu Céline et je ne suis pas devenu antisémite (mais j'ai compris ce qu'était le système colonial). Bref, on forge des citoyens en laissant les individus apprendre, se faire une opinion, non en leur cachant tout comme à de grands enfants imbéciles. Névrose, oui, c'est le mot, consternante névrose d'Etat.

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Belle du soir

"Le divertissement n'est pas apolitique."

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Belle de jour

"On f'ra la guerre trente-cinq heures."

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Juste du soir

"La vie sociale détruit ce qui lui donne son arôme."

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Passé à la boutique (3)


Belle du soir

"S'il y a quelque chose de tragique dans la condition humaine, c'est bien cette coexistence que nous menons à côté d'autres êtres qui sont vivants comme nous et avec lesquels nous ne pouvons pas communiquer*. (Et l'âge du mythe, c'est celui, justement, où c'était possible.)"



* Les animaux, les plantes.

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Photo Marlène Saldana.

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La vraie vie de Kataline

Something missing...
On fait un enfant et on fait plus partie des people (vu ton blog), je veux dire on les approche plus.
Calculé vingt-quatre jours d'hosto à Paris et huit jours enfermée chez moi, avec un p'tit gars qui confond le jour et la nuit et qui braille.
Mais toutes les mamans diront que ça vaut le coup, moi comprise.
Nous allons bien. Aujourd'hui, Ernesto fait deux kilo cinq.
Mais pourquoi es-tu parti à Singapour ? Avec Boris ?
C'est drôle, tu me parles de lui dans ton dernier mail alors que quelques jours avant je lui écrivais une lettre...
Comment est-il et comment dirige-t-il le centre ?
Serge est monté à Paris pour chercher un essieu de camion. Il en a profité pour m'apporter des patates et des potimarons et des confitures... Je crois que, lui, il n'a croisé "personne".
Je t'embrasse bien.
C'est nouveau, le fait que tu appelles Pierre Pierrot ? Le papa de Benjamin on l'appelle pareil.
Kat'

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