Tuesday, August 10, 2010

Le Gorille a une voix d'fille


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La Bretagne, c'est déjà ce soir.
J'ai marché sous la pluie du Brady où j'ai vu le dernier Godard jusqu'au café Beaubourg, ma cantine de passage (de ce passage à Paris). C'était le crépuscule. Le crachin faisait aussi penser à Moscou, à la fumée des feux. J'avais les yeux lavés par la beauté du film. Le gris était comme la matière mentale, spirituelle, les yeux gris de Shakespeare ou de Duras (L'Eté 80). A l'arrivée, un verre de Sancerre rouge. Et puis du beurre Echiré avec un quignon d'pain. La Bretagne. Je sentais presque son odeur sur ma chemise de coton noir, en dépliant le papier du beurre, papier d'or pâle d'un côté et gris argent de l'autre.






(Bon, rhume le lendemain.)

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Série

Belles de nuit

"Pour les garder intact, l'espace et le temps, j'ai menti. Je néglige de les vivre."

"Si l'on considère le fait d'avoir une vie comme une fin en soi..."

"Réfléchissez bien à ce pour quoi vous vous battez parce que vous pourriez bien l'obtenir."

"Moi, je méprise la poussière dont je suis fait et qui vous parle."

"Le soleil ni la mort ne s'regardent jamais en face."

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Belle de nuit

"Il avait voulu franchir la frontière entre l'art du lecteur et celui du comédien ; il y avait réussi."

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Belle de nuit

"The way we look to a distant constellation"

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Belle de nuit

"...recherchant toujours cette sensation d'isolement dans la foule..."

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Belle de nuit

"Scène : votre propre maison. Les personnages : vous-mêmes."

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Notes

sauterelle vintage
on a parlé de Sophie...
et, en arrivant vers
la tour, une couleur
tendre, très tendre,
un gris, les yeux
de Vénus
et puis la mer
gigantesque machine
à laver
on parle de S., l'ex-copine
du grand écrivain
tour génoise
les calanques rouges et
découpées comme des
nuages (classées par l'Unesco)



dans ces paysages
sans odeur
(mais non pas sans
couleurs
de turquoise et
d'outremer, de violet)
ce qu'il écrit est
relié à sa vie



"j'entends les
carottes qui m'appellent,
moi"
"le passé est ce
qui empêche le
futur d'être
n'importe quoi"
un gris transparent
phosphorescent
le gris du lichen
d'août comme au
désert

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L'Hôtel





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Corse future

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(Avant le film)

son détail parfumé
dans des trous de Paris (la nuit) / jazz-poussière
cry me a river
la voix fait du velours, invisible
la voix invisible comme la musique et l’amour de Pierre (sirène, méfiance) / noir velouté des trous, de tous les trous, des trous de vers dans l’espace et la mort / la vie est une illusion (maniaque), une illusion maniaque
comme un vieux film neuf

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Dans ce théâtre, j'étais très excité

Hello, Hubert !



J'ai trouvé un décor pour jouer l'opérette. (Je me suis retenu d'y passer trop de temps parce que j'aurais voulu y jouer le soir même ou, au moins, en octobre.) C'est un théâtre miniature très David Lynch, de deux cents places, associé à une association caritative. Dans la rue Thubaneau. Ça m'intéresse beaucoup parce que ça relie la pièce de Nathalie au genre "opérette marseillaise" qui a connu son heure de gloire à L'Alcazar un peu plus bas (avant sa destruction). Les personnes âgées qui participent maintenant à ce théâtre de l'Œuvre ont connu L'Alcazar.
Il faudrait Jonathan Capdevielle, il faudrait aussi Thomas Gonzalez... Voilà où j'en suis. Il faudrait de l'argent ! Il faudrait pouvoir jouer une longue série dans ce théâtre, pour faire un peu revivre la splendeur passée. Bien sûr, jouer toute une saison, ce ne serait pas possible, mais, enfin, mon expérience toute récente des vingt-cinq représentations sans relâche d'Avignon m'a montré qu'il était plus "théâtral" et plus "vivant" de jouer en continu plutôt que deux fois ! (Donc déborder le festival.) Je le savais (en théorie), mais je l'ai expérimenté et j'en ai eu la preuve puisqu'on a refusé du monde tous les soirs pendant les dix-huit dernières représentations. Comme on dit : "Ça marche !". Le public en redemande.

Dans ce théâtre, j'étais très excité. La raison de jouer à Marseille qui, jusqu'à présent, me manquait un peu est soudain apparue au grand jour (la rencontre avec Jésus). Le massacre de Marseille commence par celui de L'Alcazar.

Bien à toi



Yves-Noël

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L'Espèce de charme

Gildas Goujet 11 août 2010, à 03:38
Subject : Stage prochainement ?
Bonjour,
Ayant vu votre spectacle à Avignon, j'en ai parlé avec un ami qui n'était pas au festival, mais qui m'a dit que vous alliez faire un stage prochainement. J'ai cherché sur google mais je n'ai rien trouvé à part les stages déjà finis.
Allez-vous prochainement en faire un ou mon ami s'est-il trompé ?
J'aimerais beaucoup en être.
Encore bravo pour votre spectacle, seule claque de ce festival (peut-être n'ai-je pas vu les bonnes pièces...), bravo pour le champagne à l'entrée, le faux côté blaguesque et la vraie beauté et la sensualité de la performance. On rit, mais on ne retient que l'espèce de charme dans lequel on est pendant la durée du spectacle.

A bientôt, j'espère

Gildas

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Annonce

Erik Billabert veut faire plus de bande-sons sur Paris à la rentrée (il est à Marseille). J'ai travaillé avec lui plusieurs fois, depuis l'immense Monsieur Villovitch, mon spectacle préféré, jusqu'à Chaillot. C'est un de mes plus proches amis. Je n'ai donc aucun scrupule à vous foutre l'idée dans le crâne : jetez-vous sur lui !

(billerik@yahoo.com)

Diary


Je regarde infiniment la beauté sur le blog d'Hedi Slimane... J'ai demandé à P. comment, à son avis, il faisait. Avec un reflex ou un Leica (j'ai appris la différence)... La gamme des gris. Les définitions qui sont d'une qualité supérieure à celle des blogs ordinaires (le luxe...) Et le don : les photos sont dans une définition très belle, imprimable. Encore un exemple qui rend dérisoire la rétention des images sur Internet de certains photographes. Il ne faut rien retenir, que voulez-vous retenir ? Le monde va si vite, si incroyablement vite. La beauté doit être offerte à sa naissance. Sinon il n'y a plus aucune chance. Ou très peu. (Ou seuls des très grands artistes peuvent traverser les apparences pour garder la source, l'état de l'apparition. ) Vous retenez et vous serez morts avant. Si nous allions au restaurant, Darling, my darling ?

Tristesse (2)

(Belles de jour)

"L'image a perdu cette part d'ombre (d'ignorance) sans laquelle il n'y a ni au-delà, ni art."

"Non seulement les belles images dénient ou volent le monde, mais elles le jugent : on ne punira plus que les fautes de goût. "

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Tristesse

(Belle de jour)

"La plupart des gens que nous connaissons, si nous cherchons à les dessiner, nous nous rendrons compte que nous ne possédons d'eux que cette image à deux dimensions."

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Belle de jour (l'hippopotame)

"Il y a des pessimistes qui critiquent l'univers. Ils ont le sentiment agréable que le soleil et la lune eussent gagné à être faits par eux, mais ils ont aussi le sentiment attristant qu'ils seraient entièrement incapables de faire le soleil et la lune. Un homme qui regarde un hippopotame peut être tenté parfois de considérer cet animal comme une erreur énorme, mais il est obligé de reconnaître également qu'une heureuse infériorité l'empêche personnellement de commettre ce genre d'erreur. Ce n'est ni un blasphème, ni une exagération, de dire que la même difficulté se présente lorsqu'il s'agit pour nous de juger, en littérature, un élément absolument créateur."

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Haïku

Oui, de l’eau coule,
passe sous les ponts,
les ponts de Pierre

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Belle de jour

"Do anything, but let it produce joy."

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L'Enfant de dix ans

La Corse, bon, on a pris quatre jours d'essence de bonheur. La petite fille avait écrit une pièce intitulée L'Inspiration de Rimbaud et c'était assez fin. C'était une pièce pour enchâsser trois poèmes, Les Etrennes des orphelins, Le Dormeur du val et Voyelles. Au début, Rimbaud et son inspiration étaient deux puis venait Verlaine qui donnait la clé et, au final, Rimbaud et son inspiration était un. Une très bonne pièce. Très bien vue. Pour une enfant de dix ans.

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The Tinkling of Ice in a Glass of Rosé







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Deux belles de jour

"Je vous renvoie au chapitre intitulé "Les petites cuillères d’argent" dans un recueil de textes que j’ai publié en 1995 sous le titre Le Dîner des mousquetaires (La Table Ronde) où je raconte un dîner réunissant Goethe et quelques jeunes écrivains. La conversation porte sur cette question : "Doit-on répondre à une critique dénigrante ?" Un des auteurs déclare qu’il ne répond pas et ne répondrait pas, sauf si on l’accusait d’avoir volé les petites cuillères en argent. Alors Goethe de s’exclamer : "Vous ne devez jamais répondre, même et surtout si l’on vous accuse d’avoir volé les petites cuillères d’argent ! ""



"Ce que j'ai voulu donner à voir, c'est un peu ce sourire du Bouddha : tout à coup le Bouddha esquisse un sourire parce qu'il vient de comprendre que le disciple a compris. Cet éblouissement partagé, cette joie, cette jubilation quand on tombe sur l'évidence de ce qui est beau."

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La Lâcheté

Une chose que je voulais avouer, c'est une petite lâcheté. A un moment du spectacle d'Avignon, au moment où je disais : "Le tendre printemps sur tes lèvres séduisantes trahit que tu n'es pas mûr. Et pourtant tu peux bien être goûté.", j'évoquais aussi Roman Polanski - d'une manière qui a évolué au cours du mois puisqu'il a été libéré. Je disais, par exemple, qu'il était toujours recherché par Interpol (jusqu'à sa mort...) et que c'était surtout la Suisse qui venait de se libérer de cette sale histoire (Une sale histoire, de Jean Eustache). Eh bien, c'était perçu comme une provocation. Pas par tout le monde, j'imagine, mais y avait un climat, à ce moment-là. Je n'aime pas beaucoup les climats. Et puis il y a eu même, un jour, un homme qui est sorti juste après. C'était peut-être par hasard, mais je l'ai perçu comme un message. Et puis, comme ce spectacle marchait, j'étais aussi très sensible, c'est normal, à l'influence du public. Toujours est-il que j'ai édulcoré l'affaire. J'ai juste cité le nom de Roman Polanski sans donner mon opinion, libre à chacun d'avoir la sienne. Ce qui a fait qu'une programmatrice, rencontrée ensuite dans la rue au moment du tractage, qui voudrait avoir le spectacle, m'a dit - et cela juste après une chose très intelligente sur les animaux : "Et c'est un texte contre la pédophilie !" J'étais soufflé. Je me suis débattu (abattu). Mais je sais ce que j'aurais dû dire. J'aurais dû acquiescer : "Oui, c'est un texte contre la pédophilie. Et pour ! Les deux : contre et pour." S. me raconte qu'on lui avait enseigné que, pour qu'un texte soit réussi (dans un journal, etc.), il faut qu'il y ait un paradoxe, qu'une fois qu'on a le paradoxe, le texte est fait. Et, comme exemple, il dit : "Il faut protéger les pédophiles des enfants." Délicieux S. qui dîne avec Gabriel Matzneff, Bernard Faucon, héros d'une autre époque, "pestiférés" à présent...

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Thierry Harcourt

11:57am Thierry
Ton blog est mon rayon de soleil provocateur et brillant du matin, merci et bravo.
11:58am Me
Ah, ben c'est gentil, ça !
11:59am Thierry
Je m'en veux de ne pas t'avoir vu en Avignon
12:01pm Me
Oui, c'est dommage, c'était chouette. Vraiment. Et pour une fois que je jouais vingt-cinq fois ! Ça a été bonheur... Je sais pas du tout ce qu'il va se passer maintenant : faut tout inventer... (La vie d'artiste.)
12:01pm Thierry
Tu inventes, il me semble, avec une liberté que j'envie. C la + grande richesse de l'artiste, créer la liberté.
12:02pm Me
Faudrait qu'on s'croise un de ces 4...

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