Friday, July 29, 2022

Merci ! 

Je dois dire que je n’ai pas été emballé par la visite de la Maison du Soleil Levant — une pénombre et un silence « de mort » tandis qu’au Bon Repos, dans le même temps, ça dansait et ça chantait (y compris ma mère), entraîné par ce merveilleux artiste à l’accordéon. Le jour et la nuit donc. Alors, si je peux donner mon avis, ça me paraît prématuré de mettre ma mère déjà dans cette structure — d’autant qu’elle vient d’arriver au Bon Repos ; je sais, bien sûr, que sa maladie est irréversible et ne fera qu’empirer, mais ça me paraît un peu tôt. Quant à son angoisse dont vous m’avez parlé, je vous réaffirme que ce n’est pas soignable, c’est une femme qui a été angoissée toute sa vie. A mes yeux, elle l’est même beaucoup moins qu’avant. Elle oublie souvent qu’elle est angoissée. Quand elle était valide, elle ne l’oubliait jamais. C’est terrible à dire, mais c’est comme ça. Donc ne vous en faites pas pour cette « angoisse », elle ne peut pas faire autrement (j’ai bien entendu ce que vous m’avez dit, que la nouvelle structure, le nouvel accompagnement seraient plus «  contenants »). La nuit, ma mère se déplace dans les autres chambres. Je pense que la solution est simplement de l’enfermer pour la nuit. A la maison, elle nous réveillait dans nos chambres de l’étage nous aussi toutes les nuits (ou presque) entre trois et cinq heures du matin jusqu’à ce que j’ai trouvé la solution de boucher l’escalier pour l’empêcher de monter. Mon avis : la garder au Bon Repos au moins jusqu’au déménagement à Seillon. 

Mais mon frère aura sans doute, mardi, une autre impression…

Bien à vous, 

Yves-Noël

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Bonjour ! 

Je ne lis votre mail qu’aujourd’hui en Sicile, mais je n’étais déjà plus à Paris le 7. Merci en tout cas de me l’avoir envoyé. It sounds good ! J’aime particulièrement la phrase : « À mesure du déroulement de cette chevauchée conquérante, deviendront toujours plus poreuses les frontières entre puissance et faiblesse ; soin et destruction ; santé et maladie ; ruines et prospérité, avec l’occasion peut-être de toucher à quelque chose que la modernité capitaliste met sous silence : la mort est la nourriture de la vie ; nous vivons depuis les ruines. » Je suis moi-même dans le chantier d’une ruine qu’un ami maçon rebâtit sur les flancs de l’Etna et, oui, puissance et faiblesse sont d’une frontière poreuse !

Bel été ! 

Yves-Noël Genod

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Titre : Ce que l’on perd


« visage d’eau avec les algues lentes »  


« Je sais pourquoi là-bas le volcan s’est rouvert…

C’est qu’hier tu l’avais touché d’un pied agile,

Et de cendres soudain l’horizon s’est couvert. »


« Une représentation si longue devenait pour le spectateur assidu une vie artificielle qui faisait oublier l’autre, ou pouvait lui faire douter souvent de quel côté était le rêve. » Michelet la folie de charles vi


« La mort de Pan signifie celle de la nature »


« La vie d’un poëte est celle de tous. Il est inutile d’en définir toutes les phases »


« Rebâtissons, ami, ce château périssable 

Que le souffle du monde a jeté sur le sable. 

Replaçons le sofa sous les tableaux flamands 

Et pour un jour encor relisons nos romans. »

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A u réveil à Settevoci









 

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L e Soleil


« Vous savez, c’était la phrase de… C’était Rimbaud qui avait dit… Il était sur son lit de mort et sa sœur s’occupait de lui, le veillait : il passait son temps à l’insulter, alors, à la fin, elle lui a demandé pourquoi et il lui a dit (je crois) : « Moi, je vais mourir et, toi, tu marcheras dans le soleil ». Bon, c’était bien l’horrible nostalgie. Le soleil est une image pour l’être humain ; c’est la lumière, la chaleur — C’est l’anti-mort, alors ? — C’est l’anti-mort, oui, sans doute, puisque la mort c’est l’ombre, la nuit, le froid, l’inconnu, le voilé. — Mais le domaine de l’écrivain, n’est-ce pas l’inconnu, le voilé, l’ombre… ? — Si, mais justement quand on essaie de traîner au soleil… On essaye de ramener tout ça au soleil et de l’exposer, d’en faire une espèce de plage où les gens puissent aborder après une longue nage difficile, enfin, c’est une image un peu poussée, là…  »


« En fait, écrire, c’est de découvrir ce qu’on savait déjà, d’une certaine manière » 

« C’est retrouver une vérité qu’on ne s’était pas formulée, c’est tout »


« il n’y a que des cas particuliers »


« Le fait d’être connu ou d’avoir une image de marque dans les journaux conduit beaucoup de gens à une conduite extravagante parce que — ou ils veulent s’appliquer à cette image, ils veulent lui ressembler, ou ils veulent s’en dissocier, ils n’agissent plus du tout en fonction d’eux-mêmes »


« Alors qu’en fait, le propre de l’intelligence, c’est d’être par moments […] du ridicule et par moment en contradiction et par moment en carafe »


« Aimer ou croire aimer, c’est pareil »


« cette remarque de Novalis que Bailly aime tant à citer : « Le monde est un roman colossal (en grand et en petit) » »

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« j e n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre » (Samuel Beckett, lettre à Michel Polac, janvier 1952)


« Vous me demandez mes idées sur En attendant Godot, dont vous me faites l'honneur de donner des extraits au Club d'essai, et en même temps mes idées sur le théâtre.

Je n'ai pas d'idées sur le théâtre. Je n'y connais rien. Je n'y vais pas. C'est admissible.

Ce qui l'est sans doute moins, c'est d'abord, dans ces conditions, d'écrire une pièce, et ensuite, l'ayant fait, de ne pas avoir d'idées sur elle non plus.

C'est malheureusement mon cas.

Il n'est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s'ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce.

Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention.

Je ne sais pas dans quel esprit je l'ai écrite.

Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu'ils disent, ce qu'ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j'ai dû indiquer le peu que j'ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple.

Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s'il existe. Et je ne sais pas s'ils y croient ou non, les deux qui l'attendent.

Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie.

Tout ce que j'ai pu savoir, je l'ai montré. Ce n'est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins.

Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d'en voir l'intérêt. Mais ce doit être possible.

Je n'y suis plus et je n'y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n'ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu'ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes ».


« cette monotone centralité de ce que chacun veut, pense, fait, souffre, de ce que chacun est »


« splendeur d’un monde déchu à travers les vitrines d’un musée »


« On est à la fois désespérément innocent et désespérément coupable pour ce genre de chose. On ne peut rien faire, on est impuissant. »


« L’intelligence ne peut pas être satisfaite d’elle-même ou alors elle est morte. »

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