En sortant, nous étions
devant le théâtre du Rond-Point avec Philippe et Benoît et Philippe et Benoît
et moi nous parlions, mais tout en parlant je voyais en face de moi
littéralement émerveillé, emporté les lumières de la fête foraine, du marché de
Noël et je voyais des lettres, c’était des lettres, s’éclairer et changer de
couleur et ces lettres avaient l’air de former un mot et ce mot, ce mot, ça
pouvait être — mais ces lettres étaient si belles sur le fond des ténèbres, si
joyeuses, si heureuses —, ça pouvait être, ce mot, est-ce que ça n’était pas ?
je demandais à Philippe, est-ce que ça n’était pas le mot « pomme » ? Et Philippe me confirmait (en se tournant vers la merveille) :
« Mais, oui, c’est le mot « pomme » et, plus loin, il y a :
« d’amour »… » Et c’est là que j’ai compris que le spectacle allait
être sublime, qu’il nous faisait l’effet d’une drogue. Nous avions passé la
soirée dans le noir (enfin se sortir des problèmes techniques, commencer à
travailler !) et c’était sublime, notre train fantôme, notre musée des horreurs
et des atrocités et, en sortant, le mot « pomme » et peut-être même,
qui sait ? caché dans les arbres, plus loin, le mot « d’amour ».
Ensuite, je traînais encore au rond-point des Champs-Elysées, il y avait, pour un tournage de Noël, à minuit, 2 superbes chevaux si heureux, si tristes, si
intelligents, si sensibles, des Percherons gris avec qui je communiquais un peu...
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