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Sunday, April 17, 2011
« L’ego, chez vous, il prend la forme de la douceur et de la gentillesse. Il prend la forme du jeune homme qui est talentueux, un peu ébouriffé et qui s’occupe de rien que de son talent à lui et qui aime tout le monde. »
Aigle noir
Eh bien, pourquoi ne pas t'en occuper, c'est vrai, chère Marina... Ce serait super... La difficulté, c'est de trouver le contexte, la raison de le faire... (Je n'ai pas du tout envie de faire le tour des MJC comme un programmateur l'a annoncé...) Il y a une demande en juillet 2012 de Laurent Barré (directeur de la Biennale Rayon Frais, à Tours) qui a été bien formulée puisqu'il m'a rappelé que Tours était la ville du dernier concert de Barbara. Je lui ai dit que j'étais sensible à l'argument... Il y a une demande de Laurent Goumarre pour tout de suite, à Gennevilliers, aux TJCC, un peu plus complexe à contextualiser... A part que Laurent Goumarre est très, très gentil avec moi. Il m'a dit : « Je n'ai pas pu le voir, j'étais à Mayotte. Alors, est-ce que tu voudrais pas me le refaire ? » Mais il n'y a peut-être pas de budget, j'ai un doute parce que c'est dans un mois...
Sinon il y a aussi le rêve de le faire avec un piano. J'ai écrit un mot dans ce sens à José Alfarroba (théâtre de Vanves) parce qu'il a un piano que j'utilise chaque fois que j'y passe... Pour le reste, il faut voir... L'idée que je me baladerais de par le monde en chantant Barbara est tentante si tu étais mon manager, je dois dire... (J'ai une demande à la Réunion (département français) !) L'idée d'une tournée qui s'arrêterait à Tours en juillet 2012 aussi, dernier concert. Voilà, rêvons un peu, ça fait pas d'mal...
Bises
YN
Non, le piano, ce serait très bien évidemment (j'ai écrit à José Alfarroba, à Vanves, parce qu'ils en ont un...) Mais c'est sur ton budget que j'ai un doute (puisque c'est dans un mois, il doit pas rester grand chose...) Il faut trouver le moyen d'en faire un événement peut-être humble, mais exceptionnel, luxueux (le rien, mais avec splendeur...) comme toujours. Les trucs récents (et qui continuent de marcher) ont été les centaines de fleurs (bon, une seule centaine peut-être) et les flûtes de champagne offertes. Ça aide à faire passer la pilule. Surtout quand y a pas d'pilule. Il me faut trouver un contexte aussi. Je chantais Barbara à cause du centre Barbara (évidemment). L'idée de le faire pour toi comme un poète de cour pour son protecteur pourrait suffire à toute une histoire... Mais cela va-t-il intéresser mon cher public ? Oui, oui, cela intéressera mon cher public... Il faut que je revois la salle aussi, comprendre la lumière, les éventuels échafaudages. Sans doute mettre tout le monde sur scène, à mes pieds... Je frémis à l'idée que tout ça n'aurait jamais eu lieu si je n'avais pas encore ce smoking en sequins « aigle noir » qu'Hedi Slimane vendait à l'époque chez Dior (où s'habiller maintenant ?)
Bisous
YN
J'attends une réponse demain de Gennevilliers pour le budget (qui doit être court, en effet, je le crains). Te tiens dès demain au courant, avec idée des spectateurs à tes pieds, ce qui me parait littéralement exact.
Où s'habiller ? Certainement pas chez Lanvin.
Kiss
Sinon il y a aussi le rêve de le faire avec un piano. J'ai écrit un mot dans ce sens à José Alfarroba (théâtre de Vanves) parce qu'il a un piano que j'utilise chaque fois que j'y passe... Pour le reste, il faut voir... L'idée que je me baladerais de par le monde en chantant Barbara est tentante si tu étais mon manager, je dois dire... (J'ai une demande à la Réunion (département français) !) L'idée d'une tournée qui s'arrêterait à Tours en juillet 2012 aussi, dernier concert. Voilà, rêvons un peu, ça fait pas d'mal...
Bises
YN
Non, le piano, ce serait très bien évidemment (j'ai écrit à José Alfarroba, à Vanves, parce qu'ils en ont un...) Mais c'est sur ton budget que j'ai un doute (puisque c'est dans un mois, il doit pas rester grand chose...) Il faut trouver le moyen d'en faire un événement peut-être humble, mais exceptionnel, luxueux (le rien, mais avec splendeur...) comme toujours. Les trucs récents (et qui continuent de marcher) ont été les centaines de fleurs (bon, une seule centaine peut-être) et les flûtes de champagne offertes. Ça aide à faire passer la pilule. Surtout quand y a pas d'pilule. Il me faut trouver un contexte aussi. Je chantais Barbara à cause du centre Barbara (évidemment). L'idée de le faire pour toi comme un poète de cour pour son protecteur pourrait suffire à toute une histoire... Mais cela va-t-il intéresser mon cher public ? Oui, oui, cela intéressera mon cher public... Il faut que je revois la salle aussi, comprendre la lumière, les éventuels échafaudages. Sans doute mettre tout le monde sur scène, à mes pieds... Je frémis à l'idée que tout ça n'aurait jamais eu lieu si je n'avais pas encore ce smoking en sequins « aigle noir » qu'Hedi Slimane vendait à l'époque chez Dior (où s'habiller maintenant ?)
Bisous
YN
J'attends une réponse demain de Gennevilliers pour le budget (qui doit être court, en effet, je le crains). Te tiens dès demain au courant, avec idée des spectateurs à tes pieds, ce qui me parait littéralement exact.
Où s'habiller ? Certainement pas chez Lanvin.
Kiss
Labels: correspondance barbara
Serra Bernhardt
Bonjour Yves-Noël,
Juste un mot car j'ai vu l'information concernant le stage et je pense y participer si cela est possible. Merci pour l'info.
A bientôt, peut être.
Saluti
Alessandra
Yves-Noël Genod
Oui, tu verras, c'est un endroit très chouette et on y travaille bien !
Serra Bernhardt
J'imagine.. J'ai tout de suite « senti » le truc :-)
J'ai découvert ton travail, un peu plus, avec un ami qui a joué avec toi, Yvonnick Muller, un fou, je l'aime beaucoup. J'ai performé à Ardanthé avec lui. J'aime bien ton parcours parce que tu es « hors sentier », fou et construit, si je peux m exprimer comme ça !
A vite, j'espère, alors
A.
Bonjour Yves-Noël,
Juste un mot car j'ai vu l'information concernant le stage et je pense y participer si cela est possible. Merci pour l'info.
A bientôt, peut être.
Saluti
Alessandra
Yves-Noël Genod
Oui, tu verras, c'est un endroit très chouette et on y travaille bien !
Serra Bernhardt
J'imagine.. J'ai tout de suite « senti » le truc :-)
J'ai découvert ton travail, un peu plus, avec un ami qui a joué avec toi, Yvonnick Muller, un fou, je l'aime beaucoup. J'ai performé à Ardanthé avec lui. J'aime bien ton parcours parce que tu es « hors sentier », fou et construit, si je peux m exprimer comme ça !
A vite, j'espère, alors
A.
Labels: correspondance pontempeyrat
Mademoiselle Moran
Kate Moran – comment font ces filles pour être toujours plus belles, toujours plus rayonnantes ? – me parle de l’opéra qu’elle vient de jouer au Lincoln Center, uptown, à New York. Il y avait, le jour de la première (le théâtre était plein, plus de cinq mille places), il y avait Lou Reed et Laurie Anderson, Yoko Ono et son fils, Matthew Barney, Jim Jarmush… N’en jetez plus (j’en oublie). Jim Jarmush, au milieu du parterre, s’est levé en hurlant bravo à peine le rideau baissé, entraînant tout le monde autour de lui, bref, un beau succès. (Je n’ai pas retenu le nom du metteur en scène, mais vous pouvez le trouver sur la toile, il s’agissait de trois opéras en un acte de différents compositeurs, en fait). Elle me montre aussi des photos de son costume – parfait – copié sur celui d’Uma Thurman dans Pulp Fiction. Je lui dis d’envoyer les photos à Jean Biche, qu’il sera très impressionné et je regrette qu’elle ne l’ait pas volé pour venir jouer le troisième acte de 1er avril avec nous. On parle affaire, d’amour des autres, elle ne dit rien sur elle-même. (Ce n’est plus le moment.) Elle revient toujours sur cet opéra – et c’est de plus en plus impressionnant. Elle imite les compliments de Yoko Ono, de son fils, de Lou Reed, de Laurie Anderson… (J’en oublie.) Elle dit que, pour la première fois de sa vie, on lui a livré des fleurs. C’était sa mère. Quelqu’un a passé la tête et a dit : « Mademoiselle Moran, il y a des fleurs pour vous. » Mais, quand elle raconte ça, quand elle imite le garçon, elle dit pourtant d’une manière totalement inattendue – je n’ai jamais entendu personne prononcer comme ça – elle le dit à la française, « mademoiselle Moran », en prononçant « an ». Elle est repartie avec son tapis de yoga roulé sous le bras sans que j’ai osé la prendre en photo. La plus belle femme de Paris est de passage.
Labels: paris
Touche pas à mon Py
La profession dans son ensemble s’est ridiculisée dans une campagne « Touche pas à mon Py ». J’ai avancé la nomination d’Olivier Py à Avignon deux jours avant que cela paraisse, pas parce que je suis dans le secret des cabinets, mais par déduction logique. Les portraits hâtivement bâtis d’Olivier Py et de Luc Bondy, les récits tissés de fantasmes avec hyperboles étaient tellement tocs, « théâtre de texte », affreusement politique-boulevard… Je suis désolé, j’ai une idée de la profession qui n’est pas cela. La profession aurait tout à gagner à s’engager dans des combats autrement plus radicaux que la défense de ses champions. L’actualité en chasse une autre. Un jour, on a, dans les journaux, des choses capitales (et terrifiantes, bien souvent), un autre jour, on a, aux mêmes emplacements, des tragi-comédies de marionnettes. Le pouvoir, ça existe. Un directeur de théâtre, ce n'est pas seulement un artiste, c’est un homme de pouvoir. Le jeu du pouvoir, ça s’appelle la politique. Quand l’artiste a à voir ou croit avoir à voir avec ça, ça s’appelle l’art pompier. Que toute une profession se mette à défendre son art pompier comme les extrémistes catholiques défendent leurs croyances est un signe bien plus tragique de l’état des choses qu’un jeu de chaises musicales…
Labels: paris
Officiellement
Demain, je commence un enseignement de six semaines à l’école du TNB, à Rennes (puis en hors les murs à Berlin). Mais le stage ouvert à tous a lieu ensuite, du 30 mai au 18 juin, à Pontempeyrat. Il s’appelle : Jouer Dieu. Officiellement. Mais entre nous il peut s’appeler : Comment devenir star en quelques leçons (avec ou sans ironie, c’est au choix…) Cliquer sur le titre pour les renseignements.
Labels: pontempeyrat
Sylvie,
Les photos de Marc Domage sont sublimes (toutes...) et on voit infiniment la lumière. J'en envoie aux acteurs, mais, toi, ça n'a pas de sens de t'en choisir, il te les faut toutes. Comme je disais, il faut que je retourne voir la salle à Nyon, je ne sais pas quand... Je ne sais pas si j'aurai le temps dans les prochaines semaines. Je ne crois pas. Il faudra néanmoins décider d'une heure pour jouer... L'idée, comme je disais, c'est de mélanger les lumières (du jour (fenêtres de chaque côté si je me souviens bien), électriques intrinsèques à la salle et électrique ajoutées). Qu'en dis-tu ? 19h ou 19h30 ou (crépuscule) 20h... Il faut que je récupère un plan de la salle. Il y a un budget prévu pour la location de matériel (dans ce budget général qu'on n'arrive pas à boucler), de 2000 euros. Mais Benoît proposait de charger un camion de matériel de Charleroi-danse (qui sera sans activité à cette époque) et de descendre avec, du son et de la lumière, ce qui économiserait... Pourquoi pas ? (Mais le matériel le plus intéressant, dans 1er avril, avait été loué, non ?) J'aime beaucoup cette salle. Il est possible qu'on trouve des solutions d'éclairage minimales. Peut-être faire venir les rampes, quand même... Ce sera utile... Et... ? Il n'est pas sûr qu'on puisse accrocher quoi que ce soit (sauf, bien sûr, sur la petite scène). Sans doute non. Tu passes pas par la région Suisse, par hasard ? (Dans les semaines qui viennent...)
Je t'envoie des baisers de France-Paris, bientôt (demain) Rennes...
YN
Les photos de Marc Domage sont sublimes (toutes...) et on voit infiniment la lumière. J'en envoie aux acteurs, mais, toi, ça n'a pas de sens de t'en choisir, il te les faut toutes. Comme je disais, il faut que je retourne voir la salle à Nyon, je ne sais pas quand... Je ne sais pas si j'aurai le temps dans les prochaines semaines. Je ne crois pas. Il faudra néanmoins décider d'une heure pour jouer... L'idée, comme je disais, c'est de mélanger les lumières (du jour (fenêtres de chaque côté si je me souviens bien), électriques intrinsèques à la salle et électrique ajoutées). Qu'en dis-tu ? 19h ou 19h30 ou (crépuscule) 20h... Il faut que je récupère un plan de la salle. Il y a un budget prévu pour la location de matériel (dans ce budget général qu'on n'arrive pas à boucler), de 2000 euros. Mais Benoît proposait de charger un camion de matériel de Charleroi-danse (qui sera sans activité à cette époque) et de descendre avec, du son et de la lumière, ce qui économiserait... Pourquoi pas ? (Mais le matériel le plus intéressant, dans 1er avril, avait été loué, non ?) J'aime beaucoup cette salle. Il est possible qu'on trouve des solutions d'éclairage minimales. Peut-être faire venir les rampes, quand même... Ce sera utile... Et... ? Il n'est pas sûr qu'on puisse accrocher quoi que ce soit (sauf, bien sûr, sur la petite scène). Sans doute non. Tu passes pas par la région Suisse, par hasard ? (Dans les semaines qui viennent...)
Je t'envoie des baisers de France-Paris, bientôt (demain) Rennes...
YN
Labels: correspondance
Catherine Deneuve
Dans la rue,
un homme me demandait cinquante centimes. Je lui donnais un euro. « Dieu te rende service. – A vous aussi. » Je regrettais de ne pas lui avoir donné plus. Ce n’était pas cher payé pour : « Dieu te rende service. » (Ce n’était qu’un début.) Plus loin, en avançant sur le marché, j’entendais : « J’ai rêvé d’la literie du chat, cette nuit. » J’étais prêt pour les signes. Guerrier d’amour. Au café, Rémy n’était pas là, mais, près des fleurs, j’avais encore le Gatsby magnifique. A côté, un homme fatigué (et fumeur) feuilletait Car l’adieu, c’est la nuit, d’Emily Dickinson. Je faisais tourner la tasse encore chaude dans ma main – et l’horrible orgue décoratif s’était tu (du verbe « se taire »). Je remarquais les clochards – ici, du Maghreb – et, encore une fois, je me demandais pourquoi ils avaient l’air de princes – « Quelle est notre erreur ? », disait Pina Bausch. Et Nietzsche disait : « Toute vérité est une erreur en sursis. » Il y avait une chienne énorme et belle qui voulait à tout prix manger un reste de nourriture infiltré dans le pavé. Elle léchait, léchait le sol poussiéreux avec une passion sans ombrage. Plus tard, elle faisait sa gueule de bulldozer, de bouledogue avec une passion sans ombrage. Et je pensais à Pierre. L’infini Pierre, le petit frère, rencontre dans l’univers. Pierrot. C’est alors que Rémy apparu. J’étais si heureux, je disais : « J’apprenais à aimer ma solitude… » Il avait des vêtements dans les teintes un peu rousses, un peu saumon qui lui vont si bien. A peine était-il tout à moi que d’autres garçons le rejoignaient, Rachid, Nicolas. Je connaissais Nicolas Couturier, mais Rachid disait : « Enfin je mets un visage sur ton nom… » J’imaginais, je ne sais pas pourquoi, que ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas dit ça à Catherine Deneuve : « Enfin je mets un visage sur votre nom… » On parlait de tout, je regrettais de parler trop. J’aurais voulu disparaître et laisser Rachid et Nicolas briller, leurs beaux visages, leurs corps pleins de santé de garçon.
un homme me demandait cinquante centimes. Je lui donnais un euro. « Dieu te rende service. – A vous aussi. » Je regrettais de ne pas lui avoir donné plus. Ce n’était pas cher payé pour : « Dieu te rende service. » (Ce n’était qu’un début.) Plus loin, en avançant sur le marché, j’entendais : « J’ai rêvé d’la literie du chat, cette nuit. » J’étais prêt pour les signes. Guerrier d’amour. Au café, Rémy n’était pas là, mais, près des fleurs, j’avais encore le Gatsby magnifique. A côté, un homme fatigué (et fumeur) feuilletait Car l’adieu, c’est la nuit, d’Emily Dickinson. Je faisais tourner la tasse encore chaude dans ma main – et l’horrible orgue décoratif s’était tu (du verbe « se taire »). Je remarquais les clochards – ici, du Maghreb – et, encore une fois, je me demandais pourquoi ils avaient l’air de princes – « Quelle est notre erreur ? », disait Pina Bausch. Et Nietzsche disait : « Toute vérité est une erreur en sursis. » Il y avait une chienne énorme et belle qui voulait à tout prix manger un reste de nourriture infiltré dans le pavé. Elle léchait, léchait le sol poussiéreux avec une passion sans ombrage. Plus tard, elle faisait sa gueule de bulldozer, de bouledogue avec une passion sans ombrage. Et je pensais à Pierre. L’infini Pierre, le petit frère, rencontre dans l’univers. Pierrot. C’est alors que Rémy apparu. J’étais si heureux, je disais : « J’apprenais à aimer ma solitude… » Il avait des vêtements dans les teintes un peu rousses, un peu saumon qui lui vont si bien. A peine était-il tout à moi que d’autres garçons le rejoignaient, Rachid, Nicolas. Je connaissais Nicolas Couturier, mais Rachid disait : « Enfin je mets un visage sur ton nom… » J’imaginais, je ne sais pas pourquoi, que ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas dit ça à Catherine Deneuve : « Enfin je mets un visage sur votre nom… » On parlait de tout, je regrettais de parler trop. J’aurais voulu disparaître et laisser Rachid et Nicolas briller, leurs beaux visages, leurs corps pleins de santé de garçon.
Labels: paris
Le Charcutier philosophe
C’était encore à réécrire.
Qu’est-ce qu’il s’était passé dans la semaine ? Olivier Steiner avait écrit un livre. Il avait senti le mouvement : il m’avait demandé de ne pas faire circuler le livre (le pdf). Mon mouvement naturel aurait été d'en être le distributeur, distributeur de ce livre. Ça allait se vendre (se répandre) comme des p’tits pains. C’était l’amitié : un livre avait été écrit, il fallait le lire. (Mais il faut aussi le vendre à un éditeur.)
Ensuite, il s’était passé encore plus – sur ce grand bateau de ce livre – ce grand bateau vivre – l’amour. Il y avait ce couple, ce couple d’amour qui continuait de vivre, ce couple d’amour dont il ne fallait pas donner les noms, amours clandestines.
Et puis, les rêveries, le travail. Le travail se rêvait, c’était ça.
Et puis, Paris, ça avait été une semaine à Paris, ça avait été une semaine où je m’étais plaint de ne pas avoir de vacances, d’amour, d’amour de vacances, au moins de vacances, pour l’amour, je sais, ce n’était pas si grave, c’était un arrangement.
Mais ç’avait été une semaine de vacances, en fait. Je l’avais ressenti comme ça. Paris avait été ouvert sur la nature, sur le vent, sur le soleil, sur l’embrun, je l’avais ressenti comme ça. Il y avait eu une foule de rendez-vous, de choses à faire et j’avais traversé Paris en tout sens – en tout sens – à Vélib’, à l’air libre, dans le soleil et les embruns, presque pas habillé. Il y avait ce couple d’amour qui naviguait dans les embruns. Dont il ne faut pas dire les noms, ce couple frère. Là aussi, je répandais, il ne fallait pas répandre, je l’aurais répandu si j’avais pu, un couple existe, l’amour existe, dans un sens ou dans un autre.
Paris m’apparaissait. Comme j’allais loin, je voyageais, je me perdais, je visitais. Je découvrais Paris que je ne connaissais pas. Paris infinie comme une ville étrangère, ses zones qui appartiennent aux étrangers ou, au contraire, ses zones qui appartiennent aux villages – tant de villages, tant de niches sociales… Bergère ô tour Eiffel… Paris, le tout-monde. La Seine, c’était la marée haute… Le couple ami disait : « Je n’ai jamais été aussi heureuse – je n’ai jamais été aussi heureux. » « Unspeakable happy », disait the adult child.
Paris avait été ouvert sur le sommeil, en fait, sur la nuit blanche, aussi. Arnaud Guy était venu me chercher à quatre heures du matin pour m’emmener où il voulait, je crois que nul autre que lui n’est capable de ça. Avec lui, j’avais seulement demandé : « Ok, mais pas de drogue. S’il y a de la drogue, je ne viens pas. » Bien sûr, il y avait eu de la drogue, mais très tard dans la matinée, j’étais parti (mais j’aurais pu en prendre, à ce moment). Je m’étais demandé pourquoi la drogue était apparue si tard et pourquoi alors il fallait en prendre tous les quarts d’heure. Arnaud m’avait raccompagné en scooter jusqu’à Paris, j’avais les mains sur son sexe, il ne bandait pas, il voulait encore dire qu’il n’allait pas bander, que ça ne l’excitait pas. Je l’avais arrêté : c’était comme ça que je supportais le sexe des garçons : au repos. Je voulais juste la tendresse, la fraternité avec les garçons, je ne voulais rien. J’attendais une fille. Avec elle, il serait temps de faire jouer les organes. Tant que la fille ne venait pas, ça allait comme ça, ce n’était pas la peine de faire des histoires. Vincent Dissez m’avait proposé de se marier. Ça aussi, c’était possible. J’avais posé comme condition : pas de sexe, tu as tes amants, tu vis ta vie (sexuelle) (Vincent Dissez est homosexuel), mais la tendresse, bordel. Se marier avec un garçon ? Non, pas d’histoires… Le couple ami naviguait sur les histoires.
Luigia Riva m’avait raconté quelque chose. On avait ri. Elle m’avait fait promettre de ne rien raconter de ce qu’elle voulait me dire, elle m’avait dit, mais elle me disait encore : « Je vais te faire signer un papier où tu t’engageras à ne rien dire. – Mais à qui, Luigia ? A qui ? Je n’ai pas d’amis, Luigia, et qui cela peut-il intéresser ? » On avait ri. En fait, c’était inintéressant, ce secret dont elle voulait me parler pour me demander mon avis.
Je l’avais raconté à la première venue, c’est-à-dire à Mathilde Monnier. Je l’avais raconté en lui faisant promettre, pareil, signer un papier, de ne rien raconter. Je lui avais raconté le secret inintéressant. Je l’avais fait parce qu’elle s’en fichait mais qu’elle était néanmoins obligée de m’écouter (en posture d’être obligée de m’écouter) et aussi, peut-être, parce que je l’imaginais, elle, comme une boîte à secrets, une boîte crânienne à secrets, à secrets de ce genre : inintéressants.
Mais, le secret, c’était de traverser Paris et de se perdre dans le soleil et les vacances et l’air frais vivant venant de la mer.
« I feel the energy of this love and it's a very powerful spring », j’avais écrit à l’ami enfant. (Je viens de le faire, en fait.) Le temps réel, ce n’était pas le secret, mais, le secret, c’était le TEMPS REEL. The weather, le monde rond, la famine, la vie. Et j’avais rajouté en légende d’une photo de Jeanne Balibar : « C’est comme si votre âme s’était enfermée dans le voile de la beauté. » Ça allait bien avec la photo.
Et quelqu’un m’avait parlé, il m’avait dit : « Voilà, c’est révéler la beauté de tous les êtres plutôt que d’affirmer la beauté du monde sur soi. – Oui. – Vous êtes, dans cette expérience humaine, invité à ce retournement-là. – « Révéler la beauté de tous les êtres plutôt qu’d’affirmer la beauté du monde sur soi », oui, oui, bien sûr, ouais, ouais. – Voilà. – Ça, c’est l’retournement, le seul intérêt, c’est ça… – Ouais, ouais. – …quand, tout d’un coup, on s’aperçoit que… – que votre beauté n’est que l’expression de la beauté du monde qui se contemple. – C’est ça. – Vers le monde, pas vers vous. Et à c’moment-là, voilà, vous nourrirez au lieu d’chercher à être nourri. Et, en nourrissant, vous s’rez nourri. – Mm… Qu’est-ce qu’il a besoin d’se contempler, le monde ? – Il a b’soin d’se connaître. »
Et j’écoutais les tourterelles. J’écoutais encore les tourterelles.
Qu’est-ce qu’il s’était passé dans la semaine ? Olivier Steiner avait écrit un livre. Il avait senti le mouvement : il m’avait demandé de ne pas faire circuler le livre (le pdf). Mon mouvement naturel aurait été d'en être le distributeur, distributeur de ce livre. Ça allait se vendre (se répandre) comme des p’tits pains. C’était l’amitié : un livre avait été écrit, il fallait le lire. (Mais il faut aussi le vendre à un éditeur.)
Ensuite, il s’était passé encore plus – sur ce grand bateau de ce livre – ce grand bateau vivre – l’amour. Il y avait ce couple, ce couple d’amour qui continuait de vivre, ce couple d’amour dont il ne fallait pas donner les noms, amours clandestines.
Et puis, les rêveries, le travail. Le travail se rêvait, c’était ça.
Et puis, Paris, ça avait été une semaine à Paris, ça avait été une semaine où je m’étais plaint de ne pas avoir de vacances, d’amour, d’amour de vacances, au moins de vacances, pour l’amour, je sais, ce n’était pas si grave, c’était un arrangement.
Mais ç’avait été une semaine de vacances, en fait. Je l’avais ressenti comme ça. Paris avait été ouvert sur la nature, sur le vent, sur le soleil, sur l’embrun, je l’avais ressenti comme ça. Il y avait eu une foule de rendez-vous, de choses à faire et j’avais traversé Paris en tout sens – en tout sens – à Vélib’, à l’air libre, dans le soleil et les embruns, presque pas habillé. Il y avait ce couple d’amour qui naviguait dans les embruns. Dont il ne faut pas dire les noms, ce couple frère. Là aussi, je répandais, il ne fallait pas répandre, je l’aurais répandu si j’avais pu, un couple existe, l’amour existe, dans un sens ou dans un autre.
Paris m’apparaissait. Comme j’allais loin, je voyageais, je me perdais, je visitais. Je découvrais Paris que je ne connaissais pas. Paris infinie comme une ville étrangère, ses zones qui appartiennent aux étrangers ou, au contraire, ses zones qui appartiennent aux villages – tant de villages, tant de niches sociales… Bergère ô tour Eiffel… Paris, le tout-monde. La Seine, c’était la marée haute… Le couple ami disait : « Je n’ai jamais été aussi heureuse – je n’ai jamais été aussi heureux. » « Unspeakable happy », disait the adult child.
Paris avait été ouvert sur le sommeil, en fait, sur la nuit blanche, aussi. Arnaud Guy était venu me chercher à quatre heures du matin pour m’emmener où il voulait, je crois que nul autre que lui n’est capable de ça. Avec lui, j’avais seulement demandé : « Ok, mais pas de drogue. S’il y a de la drogue, je ne viens pas. » Bien sûr, il y avait eu de la drogue, mais très tard dans la matinée, j’étais parti (mais j’aurais pu en prendre, à ce moment). Je m’étais demandé pourquoi la drogue était apparue si tard et pourquoi alors il fallait en prendre tous les quarts d’heure. Arnaud m’avait raccompagné en scooter jusqu’à Paris, j’avais les mains sur son sexe, il ne bandait pas, il voulait encore dire qu’il n’allait pas bander, que ça ne l’excitait pas. Je l’avais arrêté : c’était comme ça que je supportais le sexe des garçons : au repos. Je voulais juste la tendresse, la fraternité avec les garçons, je ne voulais rien. J’attendais une fille. Avec elle, il serait temps de faire jouer les organes. Tant que la fille ne venait pas, ça allait comme ça, ce n’était pas la peine de faire des histoires. Vincent Dissez m’avait proposé de se marier. Ça aussi, c’était possible. J’avais posé comme condition : pas de sexe, tu as tes amants, tu vis ta vie (sexuelle) (Vincent Dissez est homosexuel), mais la tendresse, bordel. Se marier avec un garçon ? Non, pas d’histoires… Le couple ami naviguait sur les histoires.
Luigia Riva m’avait raconté quelque chose. On avait ri. Elle m’avait fait promettre de ne rien raconter de ce qu’elle voulait me dire, elle m’avait dit, mais elle me disait encore : « Je vais te faire signer un papier où tu t’engageras à ne rien dire. – Mais à qui, Luigia ? A qui ? Je n’ai pas d’amis, Luigia, et qui cela peut-il intéresser ? » On avait ri. En fait, c’était inintéressant, ce secret dont elle voulait me parler pour me demander mon avis.
Je l’avais raconté à la première venue, c’est-à-dire à Mathilde Monnier. Je l’avais raconté en lui faisant promettre, pareil, signer un papier, de ne rien raconter. Je lui avais raconté le secret inintéressant. Je l’avais fait parce qu’elle s’en fichait mais qu’elle était néanmoins obligée de m’écouter (en posture d’être obligée de m’écouter) et aussi, peut-être, parce que je l’imaginais, elle, comme une boîte à secrets, une boîte crânienne à secrets, à secrets de ce genre : inintéressants.
Mais, le secret, c’était de traverser Paris et de se perdre dans le soleil et les vacances et l’air frais vivant venant de la mer.
« I feel the energy of this love and it's a very powerful spring », j’avais écrit à l’ami enfant. (Je viens de le faire, en fait.) Le temps réel, ce n’était pas le secret, mais, le secret, c’était le TEMPS REEL. The weather, le monde rond, la famine, la vie. Et j’avais rajouté en légende d’une photo de Jeanne Balibar : « C’est comme si votre âme s’était enfermée dans le voile de la beauté. » Ça allait bien avec la photo.
Et quelqu’un m’avait parlé, il m’avait dit : « Voilà, c’est révéler la beauté de tous les êtres plutôt que d’affirmer la beauté du monde sur soi. – Oui. – Vous êtes, dans cette expérience humaine, invité à ce retournement-là. – « Révéler la beauté de tous les êtres plutôt qu’d’affirmer la beauté du monde sur soi », oui, oui, bien sûr, ouais, ouais. – Voilà. – Ça, c’est l’retournement, le seul intérêt, c’est ça… – Ouais, ouais. – …quand, tout d’un coup, on s’aperçoit que… – que votre beauté n’est que l’expression de la beauté du monde qui se contemple. – C’est ça. – Vers le monde, pas vers vous. Et à c’moment-là, voilà, vous nourrirez au lieu d’chercher à être nourri. Et, en nourrissant, vous s’rez nourri. – Mm… Qu’est-ce qu’il a besoin d’se contempler, le monde ? – Il a b’soin d’se connaître. »
Et j’écoutais les tourterelles. J’écoutais encore les tourterelles.