J ean-Marc Adolphe (fondateur de la revue « Mouvement »)
« Au début, on croit
reconnaître la voix de Barbara, mais non, c'est Jeanne (Jeanne Balibar) qui
chante, « Naviguer c'est précis, vivre c'est pas précis » (forcément,
il y a là un zeste de Pessoa) et cette voix-là, petite musique de nuit, va vous
bercer toute la nuit encore, et celles à venir, même en plein jour.
Au début, on croit
reconnaître la voix de Jankélévitch, mais non, c'est Yves-Noël Genod (en lui
chantent toutes les voix de la philosophie, plus celles de la poésie), et cette
musique-là vous embarque dans un voyage aux confins.
Au début, vous croyez
reconnaître des vers de Baudelaire, et c'est bien Baudelaire, mais comme
traversé par Artaud, Georges Bataille, René Crével (entre autres), et Léo
Ferré, Serge Gainsbourg, Damien Saez (entre autres).
Au début, vous vous dites :
ça va être long, deux heures et demie dans le noir, à la fin vous vous dites :
c'est donc si court, deux heures et demie ?
Au début, on vous dit que
tout le spectacle sera dans le noir, et qu'il n'y aura donc, à proprement parler,
rien à voir. C'est absolument faux. Il y a des éclairements qui se font en
vous, des étoiles dont vous aviez oublié l'existence et qui se réveillent, des
pages qui deviennent lucioles, et une momie phosphorescente.
« Mais les ténèbres sont
elles-mêmes des toiles
Où vivent, jaillissent de mon
œil par milliers,
Des êtres disparus aux
regards familiers. »
Rester vivant, de Yves-Noël Genod est, de très loin, l'expérience
la plus lumineuse (et ténébreuse, tout autant) qu'il m'ait été donné de vivre
dans une salle de « spectacle »... »
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