« Les querelles sémantiques peuvent sembler hors-sujet lorsque l'on atteint des pics d'horreur comme dans le cas du massacre en Nouvelle Zélande.
Et pourtant.
Comme le montre tous les jours l'instrumentalisation politique des crimes par les extrêmes (de gauche comme de droite), la mise en concurrence des différentes formes de haine atteint désormais un degré inacceptable. Non seulement elle censure la parole critique rationnelle, non seulement elle consolide des monopoles idéologiques hémiplégiques, mais elle enterre la dignité humaine, en la faisant régresser dans un sinistre jeu de renvoi de balle, de comptage ethnique et identitaire des cadavres, qui profite aux assassins.
Ceux qui entretiennent ce jeu de ping-pong mortifère ne méritent que du mépris, et notre révolte. Ce sont des généraux d’armées constituées de cadavres, et qui recrutent dans les cimetières pour renforcer leur misérable fonds de commerce.
Notre incapacité à nommer d'un bloc ces différentes haines se fait jour à travers l'ABSENCE DE TERME COMMUN, pour désigner les crimes de masse.
Or, s'il n'y a pas de mot commun, c'est PRECISEMENT parce que la stratégie des assoiffés de sang consiste à perpétuer et intensifier les divisions et les haines parcellaires, celles du tous contre tous, bref le processus d'atomisation et de massification qui alimente, de concert, plusieurs extrêmes. Cette atomisation est très avancée, y compris dans la société française.
Or, ce mot commun existe: qu'il s'agisse de la tuerie à Orlando, des attentats islamistes, des abominations antisémites, du massacre de musulmans.
Le terme juste, celui qui doit nous révolter en bloc, n'est ni « islamophobie » , ni « antisémitisme » , ni même terrorisme – qui renvoie à une forme organisée de la terreur.
C'est EPURATION.
Ce sont des crimes d'épuration, ethnique, religieuse, sexuelle, culturelle — menés sur plusieurs fronts identitaires mais tendant au même but.
Au-delà des captations par les lobbys identitaires et politiques capitalisant sur la segmentation des « phobies », des slogans en « je suis » et en « not in my name », il serait temps de reconnaître une nomination commune à ces massacres qui nourrissent entre eux un mimétisme tant historique, qu’idéologique et empirique, si nous voulons conserver l'espoir d'éradiquer cette spirale mondiale de la violence et de la haine.
Il n’y aura pas d’humanité commune sans cette nomination commune. »
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