Tuesday, August 31, 2010

Le Plaisir de jouer

A la fin du concours, après avoir délibéré, le jury tente d'"optimiser" les formules de ce qui est demandé aux candidats (pour les autres années) : "Le jury sera sensible à la qualité de présence, etc." Je fais enlever "diction et pose de la voix" qui datent du dix-neuvième siècle. Je voudrais qu'on trouve qqch pour dire :"le jury ne sera pas sensible au "par-cœur"" ou à la "récitation". C'est vrai, on dirait qu'ils ne savent faire que ça : apprendre des textes par cœur, mais, à vingt ans, où est le challenge ? (De vrais petits perroquets.) Enfin, ça m'amuse assez parce que ça m'évoque ce que P. fait au ministère de l'éducation : trouver des formules, les faire évoluer selon l'air du temps, paraître classique, mais pas ringard, correction politique, etc. (Par exemple, récemment, il a changé "les académies d'Ile-de-France et celles de province" en "les académies d'Ile-de-France et les autres".) Il y a une formule de Pascal Rambert que j'aime beaucoup (et que je soutiens), c'est : "plasticité de l'écoute et intelligence de l'espace". A moins que ce soit : "plasticité de l'écoute et gestion du temps." Mais le jury, dans son ensemble, trouve que "plasticité" est trop complexe et préfère la formule que j'avais avancée (sans doute avec conviction), mais qui maintenant me fait honte, de "vraie" écoute. Pascal propose même qu'on souligne "vraie". Trop la tehon. Enfin, tout le monde ne peut pas écrire (ni travailler au ministère) comme P. Enfin, bon, c'est très amusant. Après avoir demandé des choses et des choses dans l'ordre actif, on s'aperçoit qu'on n'a pas parlé d'abandon, d'inconscient (ce qui est quand même l'esssentiel) : on rajoute "lâcher-prise". Puis, à l'heure où tout le monde veut se disperser, fumer un clope ou boire du prosecco sur la terrasse ensoleillée en attendant son train, je dis :"Attendez, attendez, on a oublié l'essentiel (encore), c'est le PLAISIR DE JOUER." Mais tout le monde hurle. Oh, non, on ne va pas mettre ça, c'est évident, non ?, qu'est-ce qu'on en a à foutre ?, tout le monde le sait, c'est un moyen, pas le but. Pascal pense que si on écrit ces trois mots, les candidats vont se mettre à surjouer le plaisir (probablement, c'est vrai) (ce qu'il font déjà). Mais, enfin, je vais être clair (encore une fois). Je ne suis quand même pas le dernier des connards or j'ai bâti toute ma carrière, trente-cinq spectacles, des performances, des stages sur cette seule exigence - et Dieu sait si les acteurs m'aiment - et Dieu sait si les spectateurs m'aiment - or je n'ai demandé aux acteurs (et par conséquence également au public) qu'une seule chose : ayez du plaisir à jouer et tout le reste est permis. Faites ce que vous voulez, je ne vous demande qu'une chose (sur laquelle je ne transigerai pas) : le plaisir de jouer. Tout le reste ne compte pas. C'est la seule et unique exigence de ce métier. C'est de ça dont parle La Callas quand elle dit : "Je ne triche jamais." C'est de ça dont le spectacle Le Gros, la vache et le mainate a été la démonstration virtuose et pour ça que c'est le plus beau que j'ai vu de ma vie : parce que le plaisir (de jouer) y a été pharamineux, inoui. Que c'est le théâtre dans sa gloire, dans sa splendeur, dans son danger même : qui explose le réel pour en faire entendre l'essence tragique ou gaie qui est une essence de plaisir. Imaginez, à la case "critères d'appréciation", la phrase : "Le jury ne sera sensible qu'au plaisir de jouer et à rien d'autre." Là, ça aurait un sens. C'est, en tout cas, exactement le sens de ce que je fais, de ce que je propose et c'est la seule compétition possible. Michel Denisot a dit dans le "Paris Match" un peu défraîchi (celui sur Johnny) que j'ai lu hier soir au centre thermal : "J'aime la compétition. Ce qui compte, c'est d'être le premier." Le premier dans le plaisir. (Sinon la phrase est incompréhensible.)

S'aimer

S'aimer



S'aimer

Belle de nuit

"Le Valais a beaucoup tiré sur le loup. Les écologistes ont beaucoup tirés sur le Valais. Mais de ces feux n'ont sailli que peu de propositions renversantes, concrètes, politiquement rassembleuses. Que préconisent les organisations qui peuvent compter sur des relais au parlement ?"

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Gustaedt

Frédéric
Salut, Yves-No. Comment tu vas ?
7:01pm
Me
Ça va ! La Suisse. Je fais passer des auditions pour le concours Migros !
7:01pm
Frédéric
C'est quoi ?
7:02pm
Me
Un concours. Une bourse d'étude.
Et toi ?
7:06pm
Frédéric
Oui, ça va. J'écris, j'essaie de faire un peu d'images... Suis en contact avec un casting... On verra ce que ça donne ; et le Guyotat, je sais pas. Des projets et encore des projets et toujours des projets.
7:07pm
Me
On m'a dit (je ne sais plus qui, des amis à toi) que le Guyotat, c'était sublime - j'étais bien content !
7:09pm
Frédéric
Oui, c'était très beau. Mais pas dans l'air du temps. Des gens qui te disent : "C'est très beau, mais c'est pas pour mon public." Des envies de crimes.
7:10pm
Me
On connaît ! On connaît ! (Tuons-les - j'en suis !)
7:11pm
Frédéric
Et toi Vénus et Adonis, tu le reprends ?
7:12pm
Me
Mystère et boule de gomme... Pour le moment, cette année, je n'ai rien de prévu - on va voir... Mais, ça, c'était un triomphe (c'est moi qui payait...)
Faudrait trouver de l'argent quelque part (de quelqu'un) et on ferait ce qu'on veut - la sensation à Avignon, c'était le pied : personne ne m'a fait chier !
7:13pm
Frédéric
Oui. Je t'ai vu à la télé. Ça avait l'air magnifique...
Oui, tu avais l'air libre !
7:14pm
Me
Et puis, le problème, c'est que, comme il ont vu que je pouvais aussi faire des trucs seuls, ils vont me proposer ça (c'est moins cher) - or - moi - je vous veux !
7:15pm
Frédéric
Quand tu veux... Moi, je suis partant !
7:16pm
Me
T cool ! Love (J'te quitte.)
7:16pm
Frédéric
Bisou

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Philippe Wicht

Yves-Noël Genod August 31 at 10:59pm
Eh, c'était chouette de te voir jouer tout à l'heure ! (Et merci pour avoir fait de moi une petite vedette au sein du jury...) Au (très grand) plaisir

Philippe Wicht August 31 at 11:36pm
Hey ! Salut, Yves-Noël ! Alors, quand je t'ai mis sur un piédestal, j'me suis dit : oh merde, ils vont croire que je fais de la lèche ;-) ! En tout cas, j'ai vraiment pris du plaisir même si la proposition d'impro était bien vache. C'était super de t'avoir dans le jury. A très, très bientôt, j'espère ! Bye.
P.S. Tu viens aux Urbaines, alors?

Yves-Noël Genod August 31 at 11:45pm
Je passe demain les voir, on verra... Tiens-moi au courant de ce que tu fais et fais du lobbying pour que je vienne enseigner à la Manufacture, hein ?

Philippe Wicht September 1 at 12:00am
C'est clair !! J'irai tracter à l'école ton nouveau flyer "Yves-Noël s'helvétise", ça les séduira sûrement. Mais, sérieusement, ça serait génial.

Yves-Noël Genod September 1 at 12:03am
Au plaisir, then !

Yves-Noël Genod September 1 at 12:15am
Ah, oui, et aussi, on m'a dit ce que ça voulait dire, Wicht, c'est joli... Quelque chose comme lutin, c'est ça ?

Philippe Wicht September 1 at 12:38am
Oui, mais un lutin gredin. A la base, c'est un personnage de conte allemand Der böse Wicht, le méchant lutin. Il emploie des mineurs et, s'il n'est pas content de leur travail, il fait s'effondrer la mine. Sur ce très intéressant cours d'histoire allemande, je te souhaite une bonne nuit.

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Encore une fois dans l’hôtel de luxe en ayant bu beaucoup d’eau

Le lac, près, la montagne, qui regarde – de toutes ses formes juste familières
Les milles coussins, les Suisses dans l’eau
Dans les bains, leurs têtes, celles des jeunes, celles des vieilles, des jeunes couples
Et, toi, tu mets longtemps à te poser dans ta solitude, c’est-à-dire à quitter, oui, un état pour un autre

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Belle de nuit

"celluy temps délicieux / Ou toute rien d’aymer s’esjoye"

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Vues du lac




Le docteur Frankenstein ne lui a pas greffé de cœur

Parfois il me faut lentement longtemps pour être heureux
Et, même, parfois il me faut lentement de la pensée pour être heureux
Et, même, encore une fois il me faut des heures pour être heureux

C'est soubassement, c'est intercaler, mettre à la place, mettre soubassement à la place de bassesse, laisser mourir, et rire, et lac, et larme, et rêve et crève

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