Dans le roman, on trouve un personnage qui a avec le narrateur une affinité secrète : c’est Pip. Il s’agit d’un Noir qui a fait l’épreuve de l’abandon. Il est tombé à l’eau, mais on ne l’a pas secouru. Bien que le
Péquod le sauve par hasard, il sait, lui, que les êtres humains l’ont rejeté hors de toute communauté. Il n’a plus alors qu’un seul pair, un seul compagnon – le soleil, « cet autre abandonné solitaire malgré sa hauteur et son éclat ». Et pas d’autre ressource que de devenir fou. « La sagesse, cette sirène avare, lui révélait ses trésors entassés. » En effet, pour Melville, « la démesure de l’homme est la sagesse du ciel », et pas moyen d’atteindre la « pensée divine » sans naufrager en soi la « pensée humaine ». Ce naufrage aplanissant les voies d’une délivrance.
Prélude à la délivrance, page 178
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