Saturday, April 05, 2014

V acances dans la réalité


Aujourd’hui, j’ai lu ce poème aux acteurs. Je l’ai lu et j’ai dit : voyez, le poète, il arrive en quelques lignes à faire ce que nous voulons…



Femme au soleil

Il y a seulement que cette chaleur, ce mouvement sont comme
La chaleur et le mouvement d’une femme.

Ce n’est pas qu’il y ait la moindre image dans l’air
Ni l’ébauche ni la fin d’une forme :

C’est vide. Mais vêtue d’or sans fil, une femme
Nous brûle des attouchements de sa robe

Et d’une plénitude désintéressée de l’être
Plus précise pour ce qu’elle est —

Car elle est désincarnée,
Apportant les senteurs des champs de l’été

Confessant le taciturne et pourtant indifférent,
L’invisiblement clair, l’unique amour.



The Woman in Sunshine

It is only that this warmth and movement are like
The warmth and movement of a woman.

It is not that there is any image in the air
Nor the beginning nor end of a form:

It is empty. But a woman in threadless gold
Burns us with brushings of her dress

And a dissociated abundance of being,
More definite for what she is—

Because she is disembodied,
Bearing the odors of the summer fields,

Confessing the taciturn and yet indifferent,
Invisibly clear, the only love.

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F ellini/Roma


Photo Marc Domage. Boris Grzeszczak et Damien Côme Bernard Chapelle, lumière Philippe Gladieux, dans  1er Avril

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E t je ferai beaucoup de publicité. Je veux emmener tout le monde voir ça


Muriel Ferraro
Bonsoir cher Monsieur Genod, je suis la tourneuse de page du spectacle d'avant vous..... Je suis venue vous voir ce soir, que ne suis-je venue plus tôt, Là j'ai filé mais je voulais vous dire avant mardi que triple wow je crois que c'est ce que j'ai vu de mieux depuis un sacré bon moment et ça fait du bien. À chaud je suis un peu à court de mots pour dire mon sentiment car il est copieux et multiple, quant à ma petite pensée troublée, elle n'a pas fini de mouliner. Quel luxe et quelle chance pour moi je reviendrai la semaine prochaine et je ferai beaucoup de publicité. Je veux emmener tout le monde voir ça. Merci. Bien à vous. Muriel

Oh, merci infiniment ! A toute de suite ! Très heureux de partager les Bouffes avec vous et votre très beau spectacle que j'ai aussi beaucoup aimé... Merci ! Et merci pour la pub, oui !



Mathieu Quintin
Ce soir, je suis allé au théâtre.
Je suis allé au théâtre pour la première fois.
Je veux dire, pour la première fois tout seul.
Pour la première fois aux Bouffes du Nord.
Pour la première fois à un de vos spectacles.
Il faut se rappeler le lieu tout d’abord.
Un théâtre à l’italienne, post-apocalyptique, d’une beauté rare, qui ouvre les possibles, écrase et enrichit ses acteurs, plongés alors entre les murs ocres et décrépis.
Bouleversant.
Et puis le passeur, vous, nous invite à embarquer.
Une belle et étirée rivière, souvent sublimée, qui nous empêche d’y être insensible.
Et puis les passants, corps échoués, nous guidant dans ce labyrinthe bucolique.
Baroque.
Tout est beau, magnifié, aimé.
Il y a du Pasolini, Kubrick, du Fellini.
Les tableaux nous jettent aux yeux.
Une expérience intense, forte et précieuse.
Alors rien que pour cela merci.

Merci de vos mots délicieux !!! Juste un regret : ne pas avoir rencontré ta chair et tes os...



Olivier Charasson
1er Avril, son-et-lumière, aux Bouffes du Nord, de Yves-Noël Genod : Cette farce mystique avant laquelle on se souvient ne pas avoir existé, durant laquelle on s'émerveille d'être là, grâce à laquelle certains de nos souvenirs nous survivront encore longtemps.

Merci !

C'est moi qui vous remercie, Yves-Noël , c'était splendide! Nous sommes tous des éphémères, votre spectacle nous en console et nous réjouit.



Moni Grego
Oui prenez un bain de rêve et de réel. Si la vraie vie existait, je resterais dans ce théâtre nuit et jour et je serais avec ce que YNG en fait, éblouie et paisible. Hier soir encore le miracle de ce qui tient debout en risquant la chute à chaque pas a irradié ce théâtre et aussi les spectateurs et encore tout l'arrondissement puis Paris et le monde cosmique qui nous tient, car aucune action n'est vaine et leurs répercussions, même si elles nous échappent la plupart du temps créent des enchaînements de lumières dans nos temps si obscurs pour le théâtre. Rimbaud disait « Je est un autre », il me semble que, pour YNG, ce sont les autres qui sont lui. Il les porte avec une élégance de torero, une douceur de loukoum, une curiosité féline, une violence de heavy métal, une candeur d'enfant, une science fine de l'espace, du temps, de la musicalité de chaque son de chaque lumière, de chaque être. Oui, chaque geste, chaque mot — words, words, words, paroles, paroles, paroles !... — est joué rigoureusement dans une orchestration très construite et qui pourtant a l'air de s'inventer sur le moment. Chacune, chacun des interprètes tient sa partition avec un talent fou, chacune, chacun si simple, humain, et si intouchable, qu'être en face d'eux crée un frisson vivifiant, un état amoureux, de respect, de fraternité avec ce travail considérable. Et les Bouffes du Nord deviennent une cathédrale en dentelles qui flotte et se donne comme un cadeau.

Moni, vous êtes invitées à vie !



José Luis Castrillo
C'est drôle (mais est-ce vraiment le hasard ?), pendant le passage avec le gardien des anges rebelles, j'ai pensé à la scène du cabaret de La Dolce Vita où un clown trompettiste joue avec des ballons... et quelques instants plus tard... quelques notes de Nino Rota et une scène tout droit issue des nuits felliniennes... et un garçon m'offre un verre de champagne... Les Bouffes n'ont jamais été aussi beaux...



Emilie Lamoine
Mais, oui, il faut absolument aller voir 1er Avril dYves-Noël Genod aux Bouffes du Nord jusqu'au 12 avril !
Pour le sublime et le grotesque, pour l'ouverture magnifique (jamais vu de plus belle), pour les voix lyriques, l'extraordinaire danseuse Ana Pi, la foule fellinienne, inégale, oui, mais percée d'éclats, parce que c'est le beau théâtre de Paris, qu'il est magnifiquement éclairé, et pour sa grâce et son intelligence à lui, à YNG, le désespoir de Cioran sauvé par la joie de Clément Rosset !
Surtout, il faut y aller avant que ce soit terminé…



Marie Payen
Je crois que vous devriez vraiment aller voir 1er Avril, d'Yves-Noël Genod, aux Bouffes du Nord



Delphine Bargeton
Le spectacle est somptueux, merci pour cette grâce, cette intelligence, ces lumières, cette douceur, ces chants, cette beauté, cette tendresse et cet accord avec la folie



Michel Touseau
Le grand Cioran vivait dans un appartement minuscule, sous les toits de Paris, quel hommage que son esprit résonne dans un lieu magique comme les Bouffes du Nord !



Antony Veron

Dans notre société des écrans, la majorité d'entre eux surveillent, nivellent et isolent. L'écran d'YNG , son « livre des visages », est comme le feu mêlé d'aromates, il crépite, parfume et réchauffe... 1er Avril aux Bouffes du Nord agit comme un baume... Laissez-vous caresser, la seule marque qu'il laisse est un rêve de soie... Enjoy !



Cécile Peyrachon
Moment magique... Splendide étreinte chorégraphiée. Ce spectacle est réellement un poème à fleur de peau !

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C 'est toi que je mange, mon Rémy


Photo Rémy Artiges (pour le portrait des « Inrocks »)

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D ans Calcutta désert


Eh, bien, voilà, à partir de ce soir, on se retrouve entre nous. Y a plus personne. Le grand public, pour rencontrer ce travail, ce sera encore pour plus tard — quand ? —, l’époque est tellement, tellement à l’envers — à l’envers de ce travail… Pour que la Société du Spectacle y trouve son intérêt… Sinon, pour nous, ce spectacle, c’est pas très grave. C’est même mieux. Plus le théâtre est vide, plus c’est émouvant. Un peu comme cette pièce de Mathilde Monnier et La Ribot qui se jouait devant personne dans cette salle désuète de La Coupole, au TCI. Mathilde se désolait, mais comme La Ribot est très intelligente, elle lui disait : « Mais, tu ne comprends pas, Mathilde, c’est encore mieux pour la pièce ! Si cette pièce [Gustavia] ne se jouait plus que devant une personne, elle serait encore plus belle ! » Car c’était (c’est encore, je ne sais pas si elles la jouent toujours) une pièce de fantômes, comme nous aussi, la nôtre, ce printemps, ce son-et-lumière : c’est les murs de ce théâtre en ruine, théâtre-grotte sublime, et un peuplement de fantômes, de songes et d’esprits ailés… Comme aussi les films de Marguerite Duras dans les cinémas vides de mon enfance. Les cinémas qu’on appelait à l’époque « d’art et d’essai ». Son nom de Venise

Le 5, le 8, le 9, le 10, le 11, le 12. Tarif préférentiel à 12 € en appelant la billetterie (01 46 07 34 50) et en prononçant le mot de passe « poiSon d’avril » (ou le soir même dans la limite des places dispo).

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Photo César Vayssié, lumière Philippe Gladieux, 1er Avril

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