(Nad lam)

« Sinon, ce lundi, au taf, mes collègues osaient enfin dire qu'elles étaient soulagées que ce ne soit pas un deuxième tour Fillon/Le Pen. 

C'était bien sympa, on s'est toutes félicitées à la pause, sauf la collègue grillée FN qui n'a pas pipé. Les autres collègues pas issues de l'immigration ont bien tenu à préciser qu'elles étaient contentes aussi. 

Certaines avaient voté, d'autres s'étaient abstenues dont une jeune de Clichy sous Bois qui a dit qu'elle irait voter pour la première fois de sa vie dans quinze jours parce qu'il y avait Le Pen. 

Je suis bien désolée de vous dire que je n'ai tancé personne et surtout pas elle, en mode « je vais t'apprendre ma fille que Macron ne va pas augmenter ton salaire », figurez-vous, chères avant-gardes, que personne ne pensait que c'était le cas. Elle avait simplement envie de montrer son antifascisme, et je trouve ça politique, et en tout cas bien moins sale que les gens de mon camp que je vois raconter que Macron et Le Pen, c'est la même chose. Ben voyons. On a parfaitement le droit de ne pas voter, on n'a pas le droit de dire que le fascisme, c'est pareil que pas le fascisme. Et quant t'ajoutes finance dans ton équation avec égal, ben c'est que t'es un fasciste. 

Enfin bref, ce matin on a parlé politique, comme on en avait pas parlé avant, ensemble. Une collègue m'a dit qu'elle n'aimait pas les extrêmes, je lui ai dit que moi j'étais une « extrême », elle m'a dit « Mais non, je parle de Mélenchon, toi ça n'a rien à voir, toi, ton problème, c'est que tu crois que les gens sont tous gentils ». J'ai pensé à contester, et après je me suis dit que j'allais retenir « T'es pas pareille que Mélenchon », c'était un bon début. 

Donc voilà, peut-être bien que je suis dans ma bulle Bisounours, mais je repensais aux affiches de Macron « Une chance pour tous », et je me disais bêtement « Tu crois pas si bien dire ». Je me disais qu'on avait peut-être bien une chance de construire, une brèche, un répit devant les fascistes, et pourquoi pas des luttes plus merveilleuses que tout ce qu'on avait connu. 

Et, bon, après, j'ai vu le pessimisme ambiant dans le camp qui fut le mien, j'ai vu aussi plein de choses moches avec Rotschild dedans traîner, j'ai eu un instant honte d'espérer, et puis non. 

Je vais connement espérer et construire avec les cons dans mon genre qui voudront bien. »