En larmes à la page 107 de
Syllogismes de l'amertume (collection Folio). Tout d'un coup gros chagrin. Il m'a eu ! La beauté, l'émotion comme ça peut arriver chez mon psy, le
fond, le fond de la compréhension.
Bien sûr je n'avais pas dormi de la nuit. A cause du
jet lag. Et l'aube était venue. Et j'avais ouvert les voilages au maximum pour la voir et la faire entrer au maximum. Et tout était silencieux parce que j'avais encore les bouchons auriculaires. Mais je voyais les mainates passer dans l'air immense et peupler de leur enthousiasme la folie - ou ce que nous prenons pour la folie - de l'univers des hommes - et veiller.
De toute leur âme.
Une femme a sonné - mais il est huit heures - à travers mes bouchons auriculaires. J'ai cherché si ça venait du mur - ou du téléphone. Puis, muni d'une serviette, j'ai tenté la porte. Un personnage de David Lynch. Une jeune femme assez jolie, munie d'un nécessaire portatif, a prononcé d'une voix éteinte :"I'll come back later." D'une voix laiteuse.
Les minutes passaient rapidement et je songeais encore en regardant le ciel,
les cils du ciel frémir sous les caresses, je songeais encore, je me demandais si j'allais passer à la piscine de l'hôtel avant le travail. Ou si j'allais prendre un petit-déjeuner avant le travail. Mais le clavier de mon ordinateur s'éteignait et se rallumait alternativement car ce n'était encore ni le jour ni la nuit.
Et dans cette chambre réfrigérée, aux fenêtres fermées, je voyais par les fenêtres les sensations d'un pays que je ne connaissais pas. Le jour, la nuit, le feu, le froid, tout cela, je ne le
sentais pas.
Lorsque je me suis baigné, il y avait un homme-grenouille qui réparait les joints des carreaux au fond de la piscine.
J'aurais voulu prendre une photo pour vous le montrer, mais quand je suis revenu d'avoir fait le long voyage en peignoir jusqu'à ma chambre pour aller chercher l'appareil, il était sorti et, en dehors de l'eau, je n'osais pas le prendre.
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