Viridiana
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde. »
« Ce sont des crétins finis. S'ils ont envie de dormir tous avec Poutine, qu'ils se mettent dans son lit et puis l'affaire est réglée. »
Je pensais à l’homme qui ne reconnaissait pas les visages en regardant le film que je ne comprenais pas. J’avais mis un peu de temps avant de comprendre que la bonne sœur que l’on voyait au couvent était aussi la jeune femme que l’on voyait près d’une calèche puis dans une chambre... Bien sûr, les films n’étaient pas faits pour ne pas être compris, a priori, et on y parlait beaucoup. Néanmoins mon soutien au cinéma était incomparable dans une langue étrangère et sans sous-titres. Mon imagination était reine, mon amour était vierge. Je naviguais enfin dans la vraie sensation, comme dans la peinture. Le cinéma était l’art de la vie, de la lumière, pas de la parole. Je veux dire : pas de la parole circonstancielle, compréhensible. Que les êtres humains parlent, sont « pris dans le logos », disions-nous avec François Tanguy, je ne le sais que trop ! Laissez parler les gens sans les comprendre, c’est ce qui est beau car c’est de la lumière, de l’art, du cinéma ! J’aimais le cinéma à l’étranger. Je ne comprenais pas qu’il n’y ait pas une salle à Paris pour montrer les films sans sous-titres, dans leur eau d’origine, perdus dans une capitale étrangère ou dans une pampa, perdus au milieu de tout, de toute la perdition qui est l’amour et le fleuve et le temps — et le suspens. Et puis un acteur joue beaucoup mieux quand on ne le comprend pas parce qu’il est alors pris dans la réalité. Comme Depardieu. Depardieu est un homme qui existe dans la réalité. Ça ne l’empêche pas d’être « un crétin fini », comme dit Daniel Cohn-Bendit. Cette femme en blanche que l’on amenait sur la musique sacrée dans des couloirs et des maisons qui me rappelaient l’Espagne et le Mexique (le Mexique étant la réalité de l’Espagne). Ce qui était insultant, c’était la délicatesse. Il fallait lire en transparence, il fallait vivre en transparence. L’amitié, l’amitié entre les peuples. Ce que je comprends de Viridiana, c’est qu’elle vit, c’est qu’elle n’est pas finie, c’est qu’elle n’est pas datée. C’est que je vais vers elle. Ce que je n’ai pas compris du film est bien supérieur à ce que j’en ai compris. Elle me parlait de ces soirées d’hiver à la campagne où il faisait nuit à cinq heures, où toutes ces heures qui venaient étaient pour la lecture. Comme elle aimait l'hiver pour ce temps disponible !
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