Tuesday, June 28, 2011

La Photo manquante

« Moi, j’me dis, les gens qui m’ont vu en gros trave sur Facebook, est-ce qu’après, ils veulent voir Les Justes, spectacle où j’excelle ? »






Vincent est un très mauvais imitateur. J’ai fini par m’y faire. On rit quand même. Ça avait commencé par les histoires de Cecilia Bengolea que j’aime toujours raconter, le public aime, et, en effet, Vincent a adoré, tant et si bien qu’il n’a pas cessé, pendant trois jours, d’imiter à son tour Cecilia Bengolea. Mais très mal, n’importe quoi, je n’en pouvais plus. Je le suppliais d’arrêter, sur l’oreiller. Il imitait si mal que je n’arrivais plus à retrouver l’originale. Et puis il a imité d’autres gens. C’était la même voix (la même bouche). J’ai oublié Cecilia, du coup. Parce qu’il imitait monsieur Huong, l’homme qui fait ses travaux au noir dans son nouvel appartement. Monsieur Huong vit depuis seize ans en France, n’a pas de papiers, mais travaille extrêmement bien, très vite, son nom circule dans le milieu du théâtre. Seulement, monsieur Huong est très, très drôle. Vincent qui passe ses journées avec lui, qui fait les courses avec lui, à Leroy Merlin, à Belleville, etc. revient, le soir, les yeux brillants de rire et d’avoir encore à rire. Là, je dois dire que, moi aussi, ça me fait rire. Je ne saurais pas vous l’imiter ni imiter les situations, il faut l’ensemble. Monsieur Huong s’est inventé une langue uniquement compréhensible par relation d’empathie (et encore), Vincent n’en revient pas qu’on puisse vivre si longtemps dans un pays, y travailler, sans avoir un vocabulaire de beaucoup plus de seize mots (un mot par année passée ici). Vincent rit aussi beaucoup des vendeurs chez Leroy Merlin, des voisins (qui menacent pourtant de dénoncer monsieur Huong), de toutes les personnes françaises qui se retrouvent en contact avec monsieur Huong et de lui-même chargé, du coup, de faire l’interprète, l’ami, l’amant, le cousin, enfin, le plus souvent, de sortir monsieur Huong d’une mauvaise passe. Et Vincent rit, rit comme la vache qui rit. Monsieur Huong était furieux, l’autre soir, parce que Vincent qui était allé chercher des matériaux avec la voiture de monsieur Huong n’avait pas mis de l’essence dedans : monsieur Huong ne pouvait plus rentré chez lui. « « L’huile ! L’huile ! » J'avais cru qu'il me demandait de regarder l’huile... » (La voiture n’a sans doute plus de jauge d’essence, je ne sais pas.)

Vincent dit qu'en ce moment, il partage sa vie entre deux fous, moi et monsieur Huong.

L’autre jour, à « la fête », Vincent a défilé en escarpins et en robe sur un char ou dans la rue, je n’y étais pas, mais il m’a dit au téléphone que tout le monde le prenait en photo, tellement son trave était réussi, et qu’il craignait d’apparaître sur Facebook. Par malice (et peut-être par gentillesse), j’ai demandé aux gens autour de moi (j’étais à la Cité) d’envoyer des sms à Vincent qui disaient, genre : « Oh, pas mal, ta photo en trave sur Fessebouc » ou : « Je t’ai vu sur Facebook, tu déchires grave, tu m’fais kiffer… » avec les smileys correspondants. Vincent a cherché les photos sur Facebook, mais, à ce jour, ne les a pas trouvées. Mais Vincent rêve toujours de les voir apparaître (sinon il ne lui resterait de l’affaire que des ampoules qui, elles aussi, vont disparaître). Si quelqu’un qui possède des photos de Vincent travesti pouvait me les envoyer ou directement les mettre sur Facebook, ça lui ferait tellement plaisir. Appel à témoin. (Vincent ne lit pas le blog, nous ne risquons rien à en parler ici : nous sommes entre nous.) Vincent à qui je demandais, ce matin, pourquoi, après tout, il s’inquiétait tant que ça d’avoir des photos sur Facebook, m’a dit cette phrase merveilleuse que j’ai immédiatement notée (ça, il m’a vu le faire) : « Moi, j’me dis, les gens qui m’ont vu en gros trave sur Facebook, est-ce qu’après, ils veulent voir Les Justes, spectacle où j’excelle ? » Il m'a expliqué qu'au début, il était à découvert, très fier, mais qu'ensuite, quand il a eu pensé cette phrase, il a rabattu sa capeline et penchait la tête pour qu'on ait un doute. Je ne donne pas ici le nom de Vincent, par discrétion, mais il y a assez d’indications pour que les gens au courant le reconnaissent. Il a donc joué dans Les Justes, au théâtre de la Colline et un peu partout en tournée (mise en scène de Stanislas Nordey), et il a – je rajoute cette précision qui devrait suffire – eu un « accident de bouche ». C’est l’expression exacte qu’il a employée : « Et puis j’ai eu cet accident de bouche… » qui décrit une particularité qui en fait une actrice reconnaissable, je veux dire, identifiable par tous, je veux dire il n’est pas que ça, mais, disons, il a une fois transgressé la règle de beauté number one énoncée par... je ne sais plus qui... cette actrice anglaise qui a fait carrière à Hollywood, là, pas Michelle Pfeiffer, pas Elisabeth Hurley... ça finit par Jones... en trois mots, je crois... Catherine Zeta-Jones !... dans un des derniers épisodes d’Absolutely Fabulous, oui, c'est ça : « A mouth shouldn’t be bigger than a face. »

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L'Ombre blonde

Aymar Crosnier

J’étais saoul, mais comme on ne s’en rend pas compte. Je sortais de chez Jean-Marc et Alice, on n’avait bu que des vins merveilleux – comme à l’habitude. Ce qui était nouveau, c’est que Jean-Marc – avec Stéphane – voulait écrire une pièce pour moi – sur le vin. C’est une très bonne idée ! (Pour le Rond-Point – et ça permettrait peut-être de se faire sponsoriser.) Sylvie et Stéphane m’avaient pris presque de force dans leur taxi qui les déposait rue Beaubourg. Je voulais continuer en Vélib’, j’allais chez Vincent. Mais Sylvie insistait tant que je pensais à un ou deux amis qui, bourrés, étaient tombés d'vélo (à Berlin). Je n’en étais pas là, pensais-je… Elle me fourrait vingt euros dans la main (de force), puis encore dix (de force). A l’arrivée, le billet de vingt euros suffisait, je disais de garder la monnaie (mais je demandais un reçu), je descendais, je glissais l’autre billet dans ma poche, le billet a dû tomber quand j’ai retiré mon téléphone pour prendre ces photos (je ne l’avais plus le lendemain pour payer les pains au chocolat). J’attendais Vincent au carrefour, dans la chaleur noire et ma veste Yves Saint Laurent des années soixante-dix couleur crème, assis sur la balustrade marron où je l'avais vu accrocher son vélo, la première nuit. J'avais de ses nouvelles : Edith traînait... Elle avait des hémorroïdes. Sophie Desmarets, mais alors Pierre Fresnay, Charles Trenet (aussi) et Christophe Susset (très bien, ça m'a été confirmé l'autre soir par Aymar). Je ne m’ennuyais pas, je m’ennuyais un peu, j'ai pris ces photos pour passer le temps – problème de DSK... Je me souviens que des photos similaires avaient été publiées, dans « L'Autre Journal », pour ceux qui connaissent, et que Claude Régy avait été émerveillé, il avait dit : « Oh, je veux faire du théâtre comme ça ! » Moi aussi, pas d'problème. Je reprends l'flambeau (David Lynch).




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Les Femmes ont des qualités inimitables

Philippe Tlokinski 10:16
Salut toi
10:16
J'ai vu qq rushes
10:16
C'est bien de les voir
10:16
Ça fait plaisir
Yves-Noël Genod 10:16
Salut, salut...
10:17
Je vais à Nyon demain et jeudi revoir la salle et préparer votre venue
Philippe Tlokinski 10:18
Je viens tout juste de rentrer à Genève
10:18
Hier soir
10:18
From Poland
Yves-Noël Genod 10:18
T'es à Genève ? Oh, ben, viens alors avec moi voir la salle (et se baigner dans le lac)
Philippe Tlokinski 10:19
Tu y vas de quelle heure à quelle heure ?
Yves-Noël Genod 10:19
C'est jeudi finalement. Demain, je vais à Lausanne voir un spectacle
10:19
L'après-midi et le soir pour voir la lumière réelle (lieu très éclairé)
Philippe Tlokinski 10:19
Ok, je vois ça dans mon planning et je t'envoie un mail pour te dire
Yves-Noël Genod 10:20
Ce serait super : ça aiderait de te voir dans l'espace, chéri... (et je t'aime, en plus...)
Philippe Tlokinski 10:20
Lol
10:21
Même Constance me faisait pas de déclaration comme ça
Yves-Noël Genod 10:21
Tu vois...
Philippe Tlokinski 10:22
Elle était plus subtile...
10:22
La douce et belle Constance
10:22
Nostalgie, mélancolie, etc.
Yves-Noël Genod 10:22
Ah, oui, c'est vrai, les femmes ont des qualités inimitables...
Philippe Tlokinski 10:23
Ecoute, tu sais que 1er avril a eu des échos en Pologne ?
Yves-Noël Genod 10:23
Ah ?
Philippe Tlokinski 10:23
Les photos ont fait fureur là-bas
10:23
Via Facebook
Yves-Noël Genod 10:24
Ah ah...
Philippe Tlokinski 10:24
Auprès d'acteurs très bons
Yves-Noël Genod 10:24
Ah ah ah
Philippe Tlokinski 10:24
Genre ceux de Lupa ou Warlikowski
Yves-Noël Genod 10:24
Que la Pologne s'ouvre à nous !
Philippe Tlokinski 10:25
Bref, quand ils me présentent, ils arrêtent pas de dire que je fais du théâtre ultra engagé, contemporain, poétique, fort, etc. Sans même avoir vu le spectacle
10:25
Mais il y en a plein qui veulent voir ça !!!
Yves-Noël Genod 10:26
Ils ont raison ! Tu es fort, poétique, contemporain, engagé, ultra (et je t'aime en plus...)
Que la Pologne s'ouvre à nous comme une femme !
Philippe Tlokinski 10:26
;-)
10:27
Ah, oui, je confirme pour les femmes...
Yves-Noël Genod 10:27
Allez, viens à Nyon qu'on se baise un peu en vrai
Philippe Tlokinski 10:27
La Pologne s'ouvre à nous
10:27
Non, YN, ça va trop loin, là : notre amour est platonique...
Yves-Noël Genod 10:27
Faut faire plus fort plus engagé plus poétique plus contemporain – pour plaire à l'Est (je connais l’genre...)
Philippe Tlokinski 10:28
Qu'il en soit ainsi : tu seras mon Iseult, et je serai l'autre con-là, lui et son honneur...
Yves-Noël Genod 10:28
Très bien
Philippe Tlokinski 10:28
Lol
10:29
Non, mais je serai jamais gay, c'est pas possible
Yves-Noël Genod 10:29
Bon, j'te quitte, hein, j'suis à la bourre
Philippe Tlokinski 10:29
Oui, mais la bourre pas trop quand même...
Yves-Noël Genod 10:29
(Je m'en fous que tu sois gay, je préfère pas d'ailleurs)
10:30
J'aime baiser avec des vrais hommes pas des tapettes
Philippe Tlokinski 10:30
Allez, allez, Iseult la blondasse, bonne journée...
Yves-Noël Genod 10:30
Oui, casse-toi

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