Thursday, August 17, 2017

M on frère féminin


« Qu’est-ce qui est le plus difficile : retenir un cheval ou le laisser courir et, puisque c’est nous, le cheval que nous retenons — des deux le plus pénible : être retenu ou laisser jouer notre force ? Respirer ou ne pas respirer. »

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L 'Adultère



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D avid Bobée


Salut Antoine ! 
Voici pour rester en contact. 
Lou m’a dit que tu avais raté l’audition, ou plutôt que tu n’avais pas été pris à cause peut-être d’un manque de puissance physique, en tout cas je l’ai compris comme ça (il y a peut-être d’autres raisons que je n’ai pas retenues) et c’est vrai que c’est un problème, l’apparence, que, par exemple, David Bobée a très bien résolu en faisant jouer les princes shakespeariens (la bande des Capulets et des Montaigus) ou les guerriers antiques par, tout simplement, des circassiens, ce qui fait qu’on croit tout à fait que ces garçons aiment se battre. Tu pourrais toi aussi jouer des combattants dominants si tu pénétrais à l’intérieur même de la profondeur du texte, comme tu l’as vu faire chez Régy, par exemple. Alors, si on va à l’intérieur de l’écriture même (mais c’est très dur), à l’intérieur de son propre « livre intérieur », la faiblesse ou la force physique importent peu…
A bientôt, en tout cas !
Yves-Noël

Bonjour !
Je te remercie pour ton mail ; en effet, je ne suis pas retenu pour des raisons de corpulence (c'est en tous cas ce qu'on m'a dit).
Je vais regarder ce que je peux voir de Bobée sur Internet. 
Quant à pénétrer l'intérieur du texte, il s'agit de puiser la force des mots en leur donnant tous les sens, voir même à les retourner en séduction, si je comprends bien? Dans ce cas, s’il s'agit de jouer Alexandre, Achille ou Rodrigue, comment faire sortir ce qu'il y a de divin en eux à travers douze syllabes (puisqu'il s'agit autant des sens des phrases et des mots que celui des sons, si j'ai bien compris Régy) ?
Je suppose que le travail du comédien consiste à trouver cela...
En tous cas, je te remercie pour l'aide que tu m'as apportée ! 
À bientôt,
Antoine 

Tu en parles bien, en tout cas ! 
Il ne s’agit pas de seulement douze syllabes, il s’agit de ta vie entière. C’est aussi simple que ça et c’est pour ça que les poètes — capables de jouer leur vie à chaque touche — sont extrêmement rares. Mais, comédien, c’est quand même plus facile, rassure-toi. (Malheureusement peut-être.) Tu peux tricher jusqu’au moment où tu ressens profondément, comme une évidence, que, non, toi tu ne vas pas tricher. Et alors, là, il est trop tard, tu es une star et/ou ta vie est foutue…
A bientôt, 

Yvno

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L e Secret d'Etienne


Mathieu Amalric m'envoyait un message succinct : « perdu », mais mon téléphone, pourtant contre ma cuisse, ne sonnait ni ne vibrait (Mathieu allait finir par se guider au son de la musique), mais peut-être ne ressentais-je aucune vibration parce que j'étais fasciné par Etienne Daho qui dépliait, à partir de sa relation avec Jeanne Moreau dans Le Condamné à mort, de Jean Genet, seul disque dont je pouvais lui parler, que j'avais trouvé magnifique, la manière intime dont il envisageait sa vie. « Je suis un obsédé sexuel », disait-il. Je le lui faisais répéter. Il expliquait que cela le mettait en branle, en mouvement, pour tout, le fait de « bander » (il insistait sur le mot comme Genet insistait), qu'il ne pouvait envisager la vie autrement, qu'il avait peur, dans certains moments d'angoisse, que cela lui soit retiré un jour. Alors plus rien n’aurait de sens. Jeanne était pareille, une séductrice, même après quatre-vingts ans, elle fonctionnait comme ça, elle n’existait que comme ça ou elle mourait. Il savait qu’elle était morte de ne plus travailler, des projets qui s'étaient défaits. C'est pareil, sexe, travail. Lui avait besoin de « vouloir », « avoir », « prendre ». Sylvie lui faisait remarquer que cette attitude était sans doute facilitée par la vie qu'il menait, mais il assurait que bien avant la célébrité, il était déjà comme ça. J'étais sûr qu'il disait la vérité : bien entendu qu'on est déjà ce qu’on est avant. Bien entendu que pour les gens très sexuels (lui, Jeanne Moreau, Marguerite Duras, Colby Keller…), toute la vie est depuis l'enfance plongée dans la tourmente sexuelle, la « sensualité », ce que l'on nomme aussi L’Amour (titre d'un livre de Marguerite Duras), que c’est le moteur, la libido, de tous les livres, de tous les films et toutes les chansons — cette chose que, moi, je n'avais jamais vraiment comprise, atteinte, cette chose qui faisait dire à Marguerite que la vie était « une sorte d'épiphénomène planétaire » et qu'il n'y avait « que l'amour qui peut vous donner le sentiment d'exister » (de mémoire) et qui avait fait Claude Régy me demander, un jour d’ennui en Charente-Maritime :  « Qu'est-ce que tu préfères, le sexe ou le travail ? », ce qui m'avait hautement choqué (j'étais si jeune) et m'avait fait répliquer : « Tout le reste ! ». Mais pour ces gens-là (Claude, Marguerite, Jeanne, Etienne...), ces « sensuels » (comme l’avait dit Duras à Régy : « Toi et moi, on est les mêmes, on est des sensuels », en lui mettant la main sur la cuisse dans sa voiture à l’arrêt un soir qu’il l’avait raccompagné), tout formait un tout et c'était simple. Par exemple, Sylvie inquiétait Etienne en lui disant — croyant abonder dans son sens — qu'elle-même faisait plus « confiance » à son « corps » qu'à sa « tête » et Etienne disait qu’il ne voyait pas bien ce qu'elle voulait dire, que, lui, il ne pouvait rien dissocier. Il se désignait « prédateur », qu'il aimait ça comme ça et que les autres (ses proies donc) ressentaient ça et aimaient ça, parce qu’au fond tout le monde aime être aimé. Je le voyais dans le mouvement même de la vie, l'écoulement, le déversement du désir, peut-être la fuite. J’avais hâte d’écouter ses chansons que je connaissais peu et tout d'un coup je le rêvai en Dom Juan (pour les Bouffes du Nord, please — y retournerai-je un jour ? mes orangers…) Je lui en fis la remarque, ce qui le laissa rêveur. Il était en Corse (et dans cette fête) avec Fañch, un conducteur de bus rencontré à Rennes (qui fait aussi de l'escalade et du surf pendant la semaine de libre qu'il a chaque mois) et ce chauffeur, même à Stéphane, sans doute le plus hétéro de notre bande passablement hétéro, nous paraissait à tous d’une exceptionnelle beauté, quelque chose d'inoubliable (peut-être un peu l'acteur qui joue dans Paterson et qui, lui-même, s'appelle Driver en plus de Adam.)

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A mour des 2



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L ’Erotisme


2 cigarettes in the dark. L’érotisme est un secret. Toujours, on se faufile. La famille est là, elle ne voit rien. L’érotisme est caché à lui-même. Il s’appelle : ce-qui-se-fait-toujours. S’appelle : se-baigner-à-dix-heures-et-demie-du-soir-en-été. (En Norvège, bien sûr.) Si tu y vas, j’y vais. Qui y va ? Tu y vas. « Un groupe de 2 », il dit voulant dire « groupe de 1 ». Puis se baigner. L’eau est bonne. Lune, soir. L’eau tout à nous. On est 2. « L’un veille sur l’autre », a dit la grand-mère. Rien de plus sensuel. Ce liquide qui nous relie. A tout. Après : « Une cigarette ? » J’accepte sans une hésitation. Je n’ai pas fumé depuis dix ans : allergie. Difficulté à l’allumage. Vent. Il ajoute : « Mes parents ne sont pas au courant de cet intérêt nouveau dans ma vie… » Je suis de la génération de ses parents, mes cousins. (Ses parents sont médecins.) Donc quelque chose que je ne dirai pas. Un secret. (Un secret suffit.) Voilà : Two cigarettes in the dark : je lui cite le titre du spectacle de Pina Bausch. Je dis encore : « vers luisants orange » puisque nous avons parlé de vers luisants en début de promenade (avec les autres). Les vers luisants ont toujours été là et continuent, je ne les vois qu’ici et je dois dire mon étonnement intact. L’autre soir, il pleuvait et elle émettait une lumière si forte, une lumière d’espérance... Nous ne nous parlons pas... 


« Les épisodes amoureux sont platoniques, sans une parole, un mot : un voyeurisme extrême qui génère un amour fou. »

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D es gamines affirmatif de quel âge ooh ooh ooh


Photo Alice Bourelle

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L ‘Ecrivain


« J'aimerais, le temps d'une journée, voir le monde comme je l'aurais vu si je n'avais jamais lu un livre ; un peu comme on enlève un filtre sur Instagram. »

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