Sunday, July 10, 2011

L'Honnêteté

« Je cherche une bande pour haïr le monde.
Une bande de solitaires.
Une bande de blessés.
Une bande qui ne partage ni le vin ni le pain.
Une bande de criminels honnêtes.
Les rues sont pleines d'innocents malhonnêtes. »

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Ah, les voyages...

C’est dans les voyages que je me suis aperçu que je n’aimais pas la femme que j’aimais. Je pense que c’était réciproque. Ça n’allait pas, ce n’était pas le bon film, le casting n’était pas le bon dans ces paysages de rêve. On se retrouve à Stromboli. A Stromboli, il n’y a rien d’autre à faire que de baiser : c’était ennuyeux. On se retrouve sur la côte amalfitaine, là où Greta Garbo venait d’Hollywood retrouver son amant – combien d’heures de vol, à l’époque ? – et l’on se traîne. Rien ne lui fait plaisir, rien n’est assez beau – ou tout est trop beau. Ce n’est pas ajusté. J’ai été heureux avec une femme dans des maisons. Dans la Sarthe, Annabelle aimait beaucoup la maison. A Ouessant, Anne, Hélèna étaient ravies. Mais, en voyage, dans les hôtels de luxe, Hélèna était distante, elle faisait la gueule, furieuse même. Ça n’allait jamais, les lits à baldaquin. Les hôtels (sans doute en morte-saison pour que nous les abordions), quant au luxe – comment dire ? n’étaient jamais assez comme dans les films ou, au contraire, assez réels. Jamais assez comme un vêtement, jamais assez comme un portrait. Les femmes comprennent cela. On n’est pas duchesse à cent mètres de son carrosse. Elle n’était pas duchesse. Je pense qu’il y a beaucoup ce phénomène dans la mode : on se retrouve au bout du monde dans des lieux de rêve avec quelqu’un qu’on n’aime pas. On n’est pas à la hauteur, on est malheureux. Il faut être né dans le luxe pour s’en faire un manteau. Un manteau de soie, ça va de soi, car, en général, c’est l’été éternel dans ces paradis. Je me souviens de l’île Maurice avec Annabelle : temple de la mélancolie. Honney moon faible. Je me souviens de la Sardaigne avec Hélèna, l’hôtel absolu, sorte de château plat étalé sur la plage où Héléna campait, boudeuse, dans l’immense chambre, avec des livres et des papiers, un mal de crâne, peut-être, tandis que j’arpentais la plage – seul – pour le plus inénarrable des couchers de soleil : nous n’étions pas amoureux.

La Vie d'artiste

« lundi, 27 juin 2011

La vie d'artiste


Il y aurait tant à raconter, mais je n’écris plus que de la musique. Oublié le roman, ou dans un coin de l’avenir. Je n’ai jamais tant fait de musique, depuis, je ne sais plus, deux ou trois mois, presque tous les jours. Et ma technique est encore si imparfaite. David écoute et commente en musicien, quelques mots, des remarques précises.

Et cette idée soudaine de partir, dès septembre, aller vivre ailleurs, trois ans, six ans, dégager.

J’écoute les Métamorphoses de Strauss, après La Vie d’artiste dans un vieil enregistrement de l’orchestre de la radio de Vienne.

Walid continue de rêver ses personnages, son roman, des photos du quartier de la Défense où il travaille, et Ronnie, personnage qui a fait irruption dans l’appartement le temps d’une séance de photos au micro, devant le clavier, devant le poster au grand ciel gris où plane un oiseau.

Camille, avant son départ, laisse une phrase, une pensée à chacun de ses amis, celle-ci par exemple: « Maintenant je vais te leur faire le boniment sur la vie. Ils savent. Maintenant je vais te leur affirmer que chaque être vit et respire et que c’est déjà beaucoup. Ils savent. Maintenant je vais te leur parler de la vacuité de vivre, de respirer. Ils savent. Maintenant je vais te leur affirmer que c’est déjà beaucoup. Imbécile que je suis. Ils savent. Demeuré. Ils savent aussi. » »

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