Saturday, May 07, 2011

La Balançoire

Laurent Chétouane présente un spectacle de danse à Berlin : Horizon(s). Encore une fois, il se présente (à moi) comme l’artiste vivant le plus important. Avec Chétouane, j’ai l’impression – bienheureuse – que je n’ai pas commencé ma vie. Tout est devant, rien d’absent. J’ai tout à commencer, à savoir, je le savais, je le pressentais. C’est curieux, me fait beaucoup penser à Bresson. Pour Bresson aussi, le cinéma n’était qu’à ses débuts. Rien n’avait été fait. Un nouvel ordre des choses déjà là, déjà dans l’enfance, mais tout frais. Ça m’amuse de penser à la laideur de la danse (en général) comparée à celle de Chétouane. Mais j’ai peur d’être mal compris si j’en parle. Ce n’est pas pour être méchant. La danse est absolument laide comparée à celle de Chétouane. C’est même drôle. Laurent Chétouane est un génie, c’est tout, ça existe. Les autres sont loin derrière, mais rien de tout cela n’est triste. Il redistribue.



Les choses se sont arrangées avec la musique : au moins elle est forte. Et les jeunes déploient leur énergie. (C’est mieux que de les sentir glander.) C’est le rire de Sarah qui a lancé l’énergie. Ambre, la femme enceinte s’est acheté des escarpins rouges, comment tu les décrirais ? « peau de serpent rouge en daim avec talons en or massif comme un serpent, c’est de la peau d’serpent et un serpent comme un arbre, une coupe, une coupe d’or » à faire mourir Marlène. Ils ont construit une balançoire avec les deux anneaux de culture physique qui pendent au centre du loft. Ambre a mis sa robe de mariée pour en faire.

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Les Années belles



« Ne nous reprochez pas le manque de clarté puisque nous en faisons profession. »

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« …Je marchais dans la forêt / Y avait des capotes par terre… »

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Le Prof de théâtre

Fossé des générations. Je squatte chez les jeunes pendant que Felix fume dans son appartement (il me le prête, mais il est de passage). La musique est atroce, y a que ça qui m'déplaît. Mais alors rien à sauver. C’est pas possible d’écouter des choses si laides. Mais je n’peux pas intervenir, je suis prof de théâtre. Mais quand même… On a rigolé, l’autre soir. Comme Jeanne m’avait dit qu’elle n’aimait pas les déguisements, les masques et que « même Marlène, faut qu’elle fasse gaffe », ce que je n’avais rien compris, ça m’a influencé, j’dois dire, ça m’a travaillé, comme j’ai dit – et quand, le soir du premier jour, les jeunes se sont mis à enfiler leurs costumes, je leur ai dit : « Mais qu’est-ce que c’est qu'ces déguisements ? Ça a l’air de déguisement, c’est du faux-semblant, nous, c’qu’on veut, ici, surtout ici, c’est du réel, c’est toucher le réel, pas du masque, pas de la dissimulation, il serait temps que vous commenciez à accepter de ne pas vous dérober et, vous savez, les périodes de carnaval correspondent aux époques les plus répressives de l’histoire… » Enfin, bref, j’ai ressorti (sans m’en apercevoir et sans même l’avoir assimilé) tout le discours de Balibar. La très fine Marina a bien attendu que j’en ai fini avec le ridicule pour dire : « Mais je n’ai rien d’autre, tu nous as dit… » Et, en effet, je leur ai fait bourrer leurs valises de choses très lourdes et de perruques prises au costumier du TNB en leur disant que les habits normaux, y en aurait pas besoin, de toute façon, il allait faire très beau et qu’à Berlin on s’habillait n’importe comment, on était pauvre, mais sexy, qu’ils pourraient sortir dans la rue harnachés comme des comédiens français, on ne le remarquerait même pas… J’ai réalisé l’absurdité de mon enseignement en une pincée de seconde. Halte au déguisement ! C’est d’autant plus drôle que, dans le loft, il y a un immense dressing qu’ils ont rempli, la veille de mon arrivée, de toutes les horreurs que je leur ai fait trimballer, ils m’ont fait visiter, c’est très bien fait, on se croirait dans une loge d’un grand théâtre… Sarah Bernhardt… J’aurais voulu que Marina raconte ça, ça aurait été plus drôle que ce que je fais, mais elle n’a pas l’temps, elle écoute d’la musique de jeune.

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