Oui, c’est vrai, c’est beau, cette citation ! J’ai peut-être lu les Lettres, sans doute, mais franchement, non. Je ne sais pas trop pourquoi, j’ai mis de côté Rilke avec dédain (jusqu’à quand ?) Peut-être parce que tous les auteurs disent une seule et même chose et qu’on peut donc choisir, sans craindre d’en manquer, un style ou un autre pour la dire. Mais je suis entouré d’amis qui adorent Rilke (Dominique Issermann, par exemple).
Alors, moi, je n’ai plus trop d’amis à Berlin, mais j’en ai quand même deux. Laurent Chétouane, pour le coup vraiment « chtarbé » comme tu dis, et avec qui j’ai malheureusement manqué de travailler (nous n’avons que co-dirigé un stage chorégraphique ensemble) et il est mon idole. (Je vous en ai parlé déjà.) Français, il vit à Berlin depuis longtemps et aura sûrement pistes, indications, directions, aides à te soumettre. Laurent, je m'adresse à toi maintenant : prends soin de ce petit Valentin avec qui je viens de travailler à l’école du TNB, à Rennes, et qui est une merveille sur plusieurs plans, mais surtout sur celui d’une très bonne volonté (that means : cœur). (« Une certaine formidable bonne foi », dit à l’instant à la radio Georges-Arthur Goldschmidt à propos de Peter Handke.)
J’ai aussi Felix Ott, comme ami, à Berlin — alors, là, rien à voir avec Laurent (dont il ne comprend pas du tout le travail — j’ai des amis souvent très séparés). J’ai beaucoup travaillé avec lui et j’imagine qu’il a toujours encore ton âge — mais, en fait, non, parce qu’il paraît que le temps passe. Je te donne son email (lui aussi en copie), mais il faudra plus facilement lui parler anglais (ou allemand ? tu le parles ?), je crois qu’il lit seulement le français, il m’a toujours fait croire qu’il me comprenait, mais c’était, en fait, avec, là aussi, le cœur. Je me souviens lui avoir fait prononcer dans le premier spectacle pour lequel nous nous sommes rencontrés, à Berlin — lui encore à l’école —, des paragraphes de Rimbaud auquel il ne comprenait pas une syllabe et qu’il criait avec enthousiasme et assez de fautes de prononciation pour les rendre incompréhensibles, mais en réussissant quand même à rendre compte d’une énergie pure qui aurait pu être Rimbaud, j’étais impressionné — et que sait-on de Rimbaud, n’est-ce pas l’inaudible, l'iraisonnable qui le prononcerait le mieux ? Je te salue, Felix (miss u), et, si tu comprends ce que je dis : aide le jeune Valentin prêt à construire et à bouleverser le monde...
Voilà, Felix m’amène à Jeanne Balibar (avec qui il a vécu). Peut-être elle aussi qui travaille (ou a travaillé) avec Frank Castorf depuis toutes ces années pourrait te donner des pistes d’atterissage… Je ne sais pas si elle aura le temps… Peut-être aussi joignable par Insta, dis-moi et je lui envoie un mot...
Felix vient de jouer un spectacle avec son chat (qui s’appelle Corbusier) qu’il a appelé (en français) Les Imprédictibles.
Je vous embrasse tous les trois avec infiniment de tendresse,
Yves-Noël
J’y pense, j’ai connu aussi Falk Richter, très sympathique (mon assistant, Arnaud Bourgoin, était son amant). Il était déjà directeur de la Schaubühne, mais comme je n’ai pas suivi sa carrière depuis quelques années, je ne sais pas trop si ma voix porterait ni comment le joindre facilement...
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