Tuesday, October 01, 2013

S tage

  
J’aime le bluff, j’aime le jeu, je chéris le hasard. Les gens qui me connaissent me connaissent… Je tente une chose inédite avec le stage de Vitry, une chose expérimentale (encore plus). Au lieu de choisir 10 personnes comme je l’avais annoncé — et à cause du nombre exceptionnellement élevé de demandes (183), j’en ai choisi une soixantaine. C’est énorme. J’ai pas pu faire mieux (sur les 183) (désolé...) Avec cette soixantaine, on va constituer un groupe, un groupe qui sera à la fois de 60 personnes et de 10, mais de 10 fluctuant, évolutif… Bon, pour le moment, c’est un peu en contradiction avec le fait de représenter qqch à la fin comme je l’avais annoncé, mais on va voir… C’est sûr qu’il va falloir aller très vite. C’est mettre la barre plus haut et pour moi et pour vous. Mais c’est excitant. On n’apprendra rien, on veut juste, comme dit Franz Kafka « invoquer » la beauté. « C’est là l’essence de la magie, qui ne crée pas, mais invoque. » * Pour cela, on prendra les raccourcis de science-fiction (ou d’astrophysique) (ou de poésie), les wormholes **, les trous de ver du trouvère et du troubadour… C’est un coup de bluff et on espère que les cartes soient avec nous...




* « Il est parfaitement concevable que la splendeur de la vie se tienne prête à côté de chaque être et toujours dans sa plénitude, mais qu’elle soit voilée, enfouie dans les profondeurs, invisible, lointaine. Elle est pourtant là, ni hostile ni malveillante, ni sourde ; qu’on l’invoque par le mot juste, pas son nom juste, et elle vient. C’est là l’essence de la magie qui ne crée pas, mais invoque. » Journal, Franz Kafka, Grasset, p 519.

** A hypothetical connection between widely separated regions of space-time.

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L a Lettre de motivation

    
Il y a des ouvriers qui sifflent. A mon niveau. Au sixième étage. Il y a un échafaudage, et les ouvriers, pour le moment, repeignent les boiseries des fenêtres. Ils ont démonté les volets. Le matin, ils me voient faire de l’ordinateur dans mon lit (je bureaute couché). J’essaie de ne pas me balader trop à poil, mais, bien entendu, le fantasme est là ! Ah, si j’étais François Chaignaud… Mais ma libido n’atteint pas ces extrêmes (« ces simples extrêmes », devrais-je dire…) Hier, en lisant une lettre de motivation… une fille m’a écrit : « Je sais qu’au lit vous n’êtes pas un mauvais coup, même si vous ne faites pas grand chose » ou qqch comme ça, ça m’a fait rire. Il faut que je retrouve cette lettre… mais une parmi 183… J’avais dû la mettre de côté, mais le dossier s’est effacé…

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« Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même. »

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« Les oiseaux à pleines volées entraient dedans sa gorge pensant que ce fût un colombier. »

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C orrespondance avec un jeune acteur


— Quels sont, selon toi, mes autres défauts ?

— Tes défauts, c'est que tu perds conscience souvent (mais tu pourrais progresser évidemment) du réel et c'est ce qui est bien au théâtre justement : qu'on peut y travailler réellement (je souligne réellement) avec l'imaginaire. L'imaginaire devient comme réel ! (ou vice versa). Mais tu me touches... j'ai presque envie de te prendre dans ma chambre en leçons particulières et secrètes... Tu me fais bander, tiens, (rien que de t'écrire ça)... T'as déjà eu une bite dans le cul ? Quand tu voudras en faire l'experiment, pense à moi, chéri...

— Merci pour ces retours ! :-)
La bite dans le cul, jamais encore, mais il ne faut jamais dire jamais, je ne sais pas si un jour le désir ne pointera pas le bout de son nez, on verra.
Et, si jamais, j'étudierai ta candidature ; je prends ce mail comme lettre de motivation, il me faudra encore ton cv et une photo ;-)

— Oui, mon bébé, tu m'as déjà laissé toucher tes couilles (et ça m'a touché), tu me laisseras bien explorer ton anus, quand même... (vite, pas dans 100 ans !) Tiens, pour revenir à notre affaire, je viens de lire une interview d'un type que je ne connais pas, Aurélien Bory, mais qui dit des choses intéressantes comme : « J'aime le rapport monde intérieur-monde extérieur et la scène est un lieu qui permet cela. » C'est, autrement dit, ce que je te disais. C'est là, ce rapport, que tu dois ouvrir (et maintenir ouvert). Il rappelle aussi, cet homme, la phrase de Duchamp : « C'est le regardeur qui fait l'œuvre. » Je t'aime

— Duchamp est grand
Je vais m'atteler à ouvrir ce rapport monde intérieur-extérieur

— (Par le cul, ça marche aussi...)

— :-)

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L e Poète

  
« There was no coverage of scenes from different angles; uncompromising, he went for the unique shot. And each shot had an intense clarity of line and feeling. He was a poet. »

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C onseil à un jeune cinéaste



« Never show the audience something they can imagine better than you can show it. »

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Matthias Herrmann
Je lis cette nouvelle broderie de ton âme et me rappelle alors que j'ai moi aussi ce dimanche, partagé une de tes émotions ; la jalousie. On peut être jaloux d'un homme, d'une femme, d'un film, on est jaloux de ce qu'on aime. Une vielle lecture me revient alors à l'esprit. Celle que Deleuze fait de Proust. Il écrit : « qui cherche la vérité ? C'est le jaloux. Il y a toujours la violence d'un signe qui nous force à chercher, qui nous ôte la paix. La vérité ne se trouve pas par affinité, ni bonne volonté, mais se trahit à des signes involontaires ». Comme quoi, le philosophe ou l'artiste sont condamnés à être l'éternel amant de la femme adultère. Ils savent et sentent, mais ils sont seuls. Cependant, je me dis en moi-même et avec le sourire que ces dimanches soirs peuvent se répéter à l'infini. Ils sont l'ombre de cette vérité qui m'a frappé pendant Ne m'attends pas ce soir car la nuit sera blanche et noire. Non pas un bloc, mais une pluie immatérielle, celle du rêve. Il est parfois doux d'être jaloux.

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A insi ma vie est un vol et tout je le perds et tout est du manque de mémoire, ou de l'autre

  
« Así mi vida es una fuga y todo lo pierdo y todo es del olvido, o del otro. »

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A nti-psychology


« Bill gave the script to very few people. He felt that everyone who read it became a kind of director, pulling in a different direction. Actors were given their scenes on the day. His reasons were broadly Bressonian, but also, as he used a mixture of professionals and non-actors, this approach put them on an equal footing, resulting in a consistent style. I felt that secretly actors liked his way of working. Particularly as there were hardly any lines to learn on the day. 
I was present when Helena Gloag, who played Mrs Knox, confronted Bill. “Paul [Kermack, who played her son] tells me that in the film he has an affair with the lady next door. Why didn’t you tell me, when I did that scene outside?” Bill was unmoved. “How would it have helped you?” She considered this for a while and admitted, “It wouldn’t have.”»

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L es Princesses me répondent


Coucou Yves-Noël,
je viens de rencontrer Alex,
et il m'a dit que vous allez vous voir,
j'étais très contente pour lui,
car j'aime beaucoup ton travail,
là je suis à NY et je ne pourrai pas participer à l'audition...
et, entre le 7 et 14, je suis en répétition avec Cecilia et François,
donc malheureusement je n'ai pas de chance pour ces dates,
mais je suis ravie que t'aie pensé à moi, merci beaucoup de l'invitation,
n'hésites pas pour une prochaine fois,
ça serait avec grand plaisir,
je t'embrasse, Ana.



Cher Yves-Noël, je vais bien, merci,
Je suis en Israël jusqu'à début novembre et après je suis constamment en tournée pour Didon et Enée, voyez-vous, ce qui signifie que je ne suis pas — dirons-nous — absolument pas disponible... ! Merci de vos pensées. Toutes les miennes pour vous**
Judith



Hello deary ! Hélas, non, je ne suis pas du tout libre à cette période, je pars à Berlin chez Castorf le 4 nov. et ai même malheureusement dû abandonner pour cela Stanislas... Mais ce message me donne l’occasion de t’embrasser et, ça, c’est bien, parce que je me reprochais de t’avoir laissé sans nouvelles ni baisers ! (Et aussi j’ai honte d’avoir laissé sans réponse un mail de toi au sujet de Julie, mais j’étais un peu en délicatesse avec elle et submergée de travail à ce moment-là donc pas très réactive : pardon). J’espère que tu vas bien, bien, bien et fais de belles choses ! J



Ô cher Yvno *
Et toi tu vas bien ?
Des amis m'ont raconté la beauté de toi cet été Musset en Avignon *
Je vais...
La vie... Mon papa s'en est allé...
Tu vois.
Heureuse que tu me fasses signe pour te retrouver encore et œuvrer *
Hélas... Je travaille en novembre…
Je t'embrasse fort
Fort je t'embrasse
Audrey




Cher Yves Noël, excuse moi du retard... Malheureusement je ne suis pas libre à ce moment, car je suis en tournée de Perturbation plus des jours de tournage... Mais une autre fois avec plaisir ! J’espère que tu vas bien. Est ce que tu pourrais me donner le n° de notre jardinier ? Je voudrais lui demander des conseils pour mon jardin... Je t’embrasse fort. Valérie

C omme un aéroport fantôme… (lettre d'amour)


Partout je veux me précipiter pour t’aimer ! Il est rare, le calme, ces jours-ci. Ma vie est une excitation permanente qui me laisse à bout de nerfs — « qui ne me laisse pas », devrais-je dire… La destruction de monde se poursuit à grande passion et je le sais, je le sens, je le vis : la société est malade comme une guerre. Mais un amour, un amour me sauverait ou m’endormirait… un amour ou une troupe de chevaliers… Je veux, avec toi, bâtir mon armée ! une armée de chevaliers et d’amour, de chevalières (ou d’amazones…) — car le monde s’écoule comme se répand le lait et, dans ce monde, seule la beauté éclate, invisible comme une truie — impossible et invisible. Rien ne lui appartient, au monde, et j’ai besoin de tes reins…

« Non è il mondan romore altro ch’un fiato
di vento, ch’or vien quinci e or vien quindi
e muta nome perché muta lato »

« La rumeur du monde n’est qu’un souffle
de vent, qu’il vienne d’ici ou de là
et qui change de nom en changeant de direction »

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M ais qui dispose de son temps ?

      
« Hélas ! je voudrais dérouler mes raisonnements et mes comparaisons lentement et avec beaucoup de magnificence (mais qui dispose de son temps ? ), pour que chacun comprenne davantage, sinon mon épouvante, du moins ma stupéfaction, quand, un soir d’été, comme le soleil semblait s’abaisser à l’horizon, je vis nager, sur la mer, avec de larges pattes de canard à la place des extrémités des jambes et des bras, porteur d’une nageoire dorsale, proportionnellement aussi longue et aussi effilée que celle des dauphins, un être humain, aux muscles vigoureux (…) »

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J ason Murphy


Violette parlait de transcendance. Elle disait : « C’est difficile de dire de qq’un qu’il transcende (puisque en principe il s’agit de Dieu) — mais, néanmoins, s’il ne s’agissait pas de Dieu, mais qu’il s’agissait des hommes, s’il s’agissait de nous, par ex, ici (c’était une salle de classe, principalement de filles, dans un lycée de banlieue), est-ce qu’on pourrait dire que qqch nous transcende ? Et Steven, le black le plus sexy, a répondu : « La fatigue », et une fille sur la cour a répondu : « L’écoute ».



THE ROAD

Long and boring road
Long and boring corn
Long and boring wind
Long and boring girl
Sleepin' and sleepin'
In the car
Long and dirty darkness
Long and boring job
Long and boring night
Round and boring moon
Long and boring life
Running out of gas
Running out of Roses
Long and boring road
Long and boring me

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P etit lupanar de maharaja






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E nglish for Speakers of Other Language


« Ce pays me fait vomir. A trop flirter avec l'électorat d'extrême-droite on a oublié de se munir de lois solides et incontournables pour empêcher les gens de penser que le racisme et l'antisémitisme de base sont des principes acceptables...
Désormais je vis dans un pays où si tu traites un chauffeur de taxi de « sale Paki » tu passes devant le juge et tu fais de la taule. On rigole pas avec ça ici. Il y a des jeunes femmes voilées partout, souriantes aimables, serveuses, vendeuses, y compris dans les enseignes les plus inattendues et personne ne trouve cela anormal. L'intégration, ça se travaille. Les Anglais ont mis trente ans. Mais ils ne tolèrent aucun écart.
Pour finir je te raconte juste une anecdote.
Ma fille a reçu son diplôme d'ESOL (English for Speakers of Other Language) à la fin de l'année dernière. Le maire de la ville est venu féliciter tous les étudiants de la promo pour leur courage et leur réussite. Il a aussi dit qu'il les remerciait d'avoir choisi de venir s'installer dans le pays, que leur courage et leur présence enrichissaient le pays et la ville....
Dans la classe de Soreya, il y avait des jeunes Afghans ! des Libyens, des Sri-Lankais ! des Népalais, des Indiens ! des Polonais ! des Brésiliens et j'en oublie. Beaucoup de filles et quelques homos. Au fond de la salle, pendant le discours, y avait une conne de Française en larmes... »

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