Thursday, November 24, 2022

R etours (TITANIC) (2)


Anaïs de Courson von Sothen


Cher YveNo,

Je marche en rentrant de la POP, il y a deux cygnes (je crois), et ce mot qui me fascine (comme ces choses qu’on n’est pas soi même). Désinvolture. Tu l’incarnes avec une rigueur, une délicatesse et une grâce renversantes. Ce qui nous entraîne si profond dans les graves avec une légèreté d’apesanteur. Ou dans des sauts de flaque en flaque, un truc qui éclabousse, de la boue, de l’eau, du temps, une accélération soudaine et sans raison apparente du rythme cardiaque. Le charme d’une chose précieuse et rare dont on se souvient brusquement de l’importance. Il s’est teinté ce soir (ce mot, désinvolture) de tristesse, je ne sais pas si c’est la tienne ou la mienne. Tchekhov : quel dommage quand même que la jeunesse a passé. Un genre d’effroi. Et tout de suite après ou très exactement en même temps quelque chose de l’hiver, de très joyeux en fait, d’une chose qui rirait. La découverte du phénomène de flottaison. A l’anglaise : giggling. Comme des enfants cachés dans un placard. Cet effroi-là. Tu dis l’innocence d’ailleurs il me semble ? 

Je me retrouve au premier de tes spectacles que j’ai vu, c’était je m’occupe de vous personnellement, et toi, avec un petit carnet, des citations, un peu de champagne, une lumière inouïe, une fenêtre ouverte et quelqu’un qui chante dans la rue, et le souffle d’une liberté en appel d’air. 

Le chef d’orchestre Celibidache dit à une femme qui l’interview : madame, vous me dites que c’était beau. Mais non, ce n’était pas beau, c’était vrai. Le beau, c’est l’appât. Mais la seule chose, c’est la liberté. 

Hâte et envie de te revoir bien vite.

Baisers

Anaïs




Geoffroy Rondeau 


Adieu Yves-Noël,

que c'était beau d'avoir un Yves-No sur notre Terre !

Je dirai même que c'est parce qu'il y a un eu un Yves-noël que la beauté sur terre est née, qu'elle existe et qu'elle vivra éternellement grâce à toi, du moins le temps que durera ma subjectivité,  c'est une réalité, car en ce qui concerne ma vie, c'est vrai, il y a un avant et un après Yves-Noël, c'est sans retour possible (et un peu à cause d'Oscar Wilde aussi, mais lui je ne l'ai jamais vu de mes yeux comme j'ai pu te voir si beau hier, et Oscar semble assez laid en photo). 

Tout, tout devient potentiellement beau grâce à Yves-No. (ça c'est un slogan) 

J'ai hésité à écrire car je ne suis pas Rimbaud et mon SMS « sorry, choupi m'a stressé avec le bus »  lors de cet échange de clés à la croix rousse avait fait l'objet d'un détournement pour devenir un éventuel titre de spectacle. Mais pourquoi pas. « Choupi m'a stressé », ça peut être très beau aussi et le ridicule n'a jamais tué personne. 

Faut-il distinguer l'homme de l'artiste ? avec toi évidemment non, l'homme est une œuvre et il s'expose. L'accès que tu offres aux hautes sphères de la pensée métaphysique de Sylvie Joly fait le bruit de l'esprit qui visite et emplit tous les livres silencieux,  c'est du grand art qui se déploie sous nos yeux et cependant hier, de tristesse, j'ai pleuré.

J'ai pleuré Yves-No, son corps, sa chair, son existence. 

L'homme m'a touché, il m'a terriblement manqué à son départ quand la porte s'est refermée et a claqué, je ne veux pas qu'un Yves-No disparaisse, cet homme exemplaire, ce héros, ce dieu, ce bouffon, ce poète. J'ai compris que boire ses paroles, l'admirer ne suffisait pas, c'est encore profiter aussi de son don, c'est le consommer comme un bébé, comme un vampire, et toi tu offres du champagne comme Jésus son sang. Des perles aux cochons, tu donnes ce qui t'est le plus cher à qui peut l'attraper. Tu donnes ! 

Yves-No, j'ai pleuré à tes funérailles, je refuse le départ d'Yves-Noël, et mon cœur demande pardon de n'avoir pas su ou pu aimer l'homme, pas su dire merci, pas su faire une chose pour lui car je suis si démuni et pourtant c'est du théâtre, grâce à toi c'est encore une fête, encore une leçon de plus. Quelle politesse, quelle classe ! Merci du fond du cœur. 

Tu deviens une ombre, une de celles qui dansent sur les parois de la caverne de Platon . 

A la fin du spectacle, comme une cruche que je suis, je n'ai su que mimer un cœur avec mes mains sur ma poitrine entourées de doigts pour signifier des ailes et hurler bravo le clown, bravo Jésus, bravo Mylène ! mon coeur a bien reçu, et j'ai baisé ta main, mais c'était juste.

Je souhaite à tous encore une heure, encore un soir avec toi, et avec la beauté, un adieu aussi mythique que ceux de Céline Dion, (et particulièrement ceux de Céline pour René qui est le tube des crématorium, un pognon de dingue !) , que tes adieux à la scène soient aussi longs que les siens, des années, une éternité, et que ton coeur continue de battre à jamais comme il battra toujours près du mien quand la beauté du monde se montrera à mes yeux à nouveau, car elle si elle m'est apparu c'est d'abord par ton regard.

Je te vois, je te ressens dans mes rêves toutes les nuits 

C'est ainsi que je sais que tu existes.

Malgré la distance et l'espace entre nous

Tu es venu pour montrer que tu existes.

Près, loin, qu'importe où tu es,

Je crois que ton cœur continue de battre.

Une fois de plus tu ouvres la porte

Et tu es là dans mon cœur,

Et mon cœur continuera de battre à jamais.

L'amour peut nous toucher une fois et durer toute une vie,

Et ne plus disparaître jusqu'à ce qu'on parte.

L'amour c'est l'instant vrai quand je t'ai aimé, 

Cet instant auquel je m'accroche

Et dans ma vie nous existerons toujours.

Tu es là, et je n'ai plus peur de rien

car je sais que mon cœur continuera de battre.

Nous continuerons comme ça pour toujours,

Tu es en sécurité dans mon cœur,

Et mon cœur continuera de battre à jamais.

Adieu Yves-No 




Alex aux fleurs


Je disais que nous avions assisté à des adieux mémorables, que je n'espère pas du tout définitifs !!!!!
Même si je comprends parfaitement vos motivations ...
L'article de Libé est excellent.
Je voulais vous dire merci  car vous êtes un être que l'on oublie pas de sitôt...
Et n'ouvrez pas de boucherie dans les Cévennes ! La profession a manifesté aujourd'hui pour protester contre le coup de l'énergie devant l'assemblée ...
Non vraiment, il va falloir trouver autre chose .....



Adeline Belloc

Minimaliste et puissant !! Merci Yves Noel pour ces tranches de vie et cette pudeur mise à nu dans la pénombre 🤩🙏



Corentin Le Bras

Je suis navré, j'ai du filer en vitesse pour faire du babysitting.
Bravo pour ce soir, vous êtes quelqu'un de très radieux et d'une très belle humanité. 
Il y a quelque chose chez vous qui me fait penser à François Gremaud, quelque chose de la joie ou de la malice, je ne sais pas




Guillaume Lasserre


Très cher Yves-Noël, l’enterrement était tout à fait remarquable. Tes mots et ceux empruntés aux autres, fantômes ou vivants, étaient si justes, à la fois dans leur pertinence de sens mais aussi dans leur agencement entre eux. Je suis en train d’écrire. Crois-tu pouvoir m’adresser le texte? Je souhaiterais citer quelques courts passages et, sans doute emporté par l’émotion, je suis bien incapable de relire mes notes ! Sache aussi que tu est le premier homme à me faire pleurer sur Jeanne Manson (dont mon grand-père était secrètement amoureux) et sur Sylvie Vartan au cours d’une même soirée ! Bravo !




Maxime Fleuriot


Yves-Noël, 

Moment magique hier… merci pastedGraphic.png

J’ai bien cru que tu allais tous nous enfermer pour notre dernier voyage. Cela aurait été assez bienvenu de tous sombrer ensemble à cette heure. Le fantasme du Titanic… Je t’embrasse




Thomas Dewynter 

Merci beaucoup pour Titanic, je suis déçu en bien pastedGraphic_1.png car j espère que ce ne sera pas le dernier !

Labels: