« L'homme ne devrait
ni discutailler ni affirmer mais murmurer à son voisin des résultats, et ainsi
chacun pourrait s'élever, et « nous tous », au lieu d'être une lande
sauvage de ronces et d'ajoncs, çà et là plantée d'un chêne ou d'un sapin isolé,
deviendrait une démocratie splendide d'arbres forestiers. Les esprits ont beau
se quitter pour prendre des directions opposées, leurs routes s'entrecroisent
en d'innombrables points, et il faut qu'enfin, ils se congratulent au terme de
leurs voyages. Ainsi le vieillard et l'enfant se parleraient enfin et l'homme
qui a fini sa route serait confirmé en son chemin, tandis que celui qui le
commence demeurerait là pensif, à méditer. » John Keats, 19 fév 1818 (un peu
remanié par moi). Et Jacques Rancière de commenter (Le Fil perdu, dont je termine la lecture et où je trouve la
citation de Keats) : « Le vieillard ne témoigne ni ne moralise, il est
confirmé en son chemin, l'enfant n'est ni secouru ni éduqué, il est laissé à
cette pensivité qui est refus de conclure, et que la littérature, depuis Hugo
et Flaubert, affirme comme sa puissance suprême : ne pas conclure, ne pas
affirmer, mais « murmurer », comme le vent dans les feuilles, comme
naissante la formation d'une démocratie sensible effective. » (je cite à
ma manière, je réécris). »
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