Wednesday, May 16, 2012

Cannes ? Non, le Rond-Point


Photo François Stemmer.

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Au théâtre ce soir



« Ce soir, je vais au théâtre ! », je clame au portier du théâtre du Rond-Point ; il me répond : « Ça change ! » Oui car, ce soir, j’ai donné congé aux acteurs etc. – qui me fatiguaient sec – et je vais voir Bedos. Ça fait drôle, je suis annoncé dans le programme du spectacle de Guy Bedos… Si j’aurais pensé ça à Bourg-en-Bresse. (Je crois la dernière fois que je l’ai vu.) La salle est calme. Le grand public. Plutôt de gauche. Mais qui a l’air de droite. Guy Bedos dit, dans le programme, la phrase de Françoise Giroud : « En politique, il faut savoir choisir entre deux inconvénients. » (...) A propos, Bedos ? Merveilleux. Luchini est mieux, quand même. (De droite.) Je me tassais dans mon fauteuil de peur de gêner ceux qui étaient derrière. Je ne le fais jamais. Je suis dans mes petits souliers, au Rond-Point.

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Paris, le 15 mai 2012.


Bonjour Messieurs les ayant droits, 



Je soussigné, Yves-Noël Genod, metteur en scène, sollicite votre accord pour l'utilisation du dernier livre d'Hélène Bessette, Si, publié par Laure Limongi que je viens d'avoir au téléphone et qui pourra vous expliquer mon projet. Je travaille le plus possible avec le hasard. C'est pourquoi le spectacle annoncé au théâtre du Rond-Point, à Paris, n'est pas celui qui se prépare en ce moment. J'ai rencontré, lors d'une émission de radio, il y a dix jours, Valérie Dréville qui m'a appris que la production d’un projet qu’elle avait venait de se casser la gueule. Je lui ai proposé de me rejoindre illico et je lui ai demandé sur quoi elle pouvait alors avoir envie de travailler. Valérie Dréville est à mes yeux (et à ceux de beaucoup) la plus grande actrice française de théâtre et cela depuis vingt ans. Je lui avais écrit une lettre à l'époque de la publication du Bonheur de la nuit (qui m'a permis de découvrir Hélène Bessette), que je ne voyais qu'elle pour jouer un texte pareil, si proche de ce qu’Arthur Rimbaud disait : littéral et dans tous les sens. Cette lettre était alors restée sans réponse, mais Valérie m'a fait part, il y a donc quelques jours à la radio, de son désir de commencer un travail sur Si qu’elle découvrait. Je vous raconte ça parce que je ne sais pas parler de mon travail, surtout lorsqu'il est en cours. Ce que je peux dire, c'est que c'est un travail sur le vivant et sur son apparition, « l'état de l'apparition », comme disait Marguerite Duras, et que la première répétition – dans le lieu, dans la lumière – est déjà, en fait, le spectacle achevé. Tout consiste ensuite – et c'est très difficile – à trouver les moyens de ne pas perdre, de recueillir cet état d'inachèvement et de commencement éternel, éternel écoulement vivant. Je suis, en ce moment, bouleversé que Valérie Dréville arrive déjà, immédiatement comme je le pressentais, à faire revivre le fleuve tumultueux, vivant, dingue, complètement singulier et qui semble pourtant concerner tout le monde, d'Hélène Bessette. Valérie Dréville et moi-même travaillons beaucoup sur la résonance (c'est l'art du théâtre). Avec Hélène Bessette, écrivain majeur du siècle, c'est immense (et facile). Le choix des extraits n'est actuellement pas arrêté et il est fort possible – comme c'est le commencement d'un travail – qu'il ne soit même jamais fixe et de durées très variables. (C'est pourquoi je crois qu'il serait préférable, pour les droits, d'établir un forfait.) Les livres d'Hélène Bessette seront bien sûr en vente à la librairie du théâtre et les références inscrites dans le programme. Voici le projet étrange – mais simple – pour lequel je sollicite votre accord de dernière minute. En effet, merci de me répondre au plus vite, la première du spectacle étant programmée le 31 mai. (Nous jouons jusqu'au 24 juin.) Le titre du spectacle, choisi l'année dernière ne correspond en rien au projet Bessette et n'a pas pu être changé bien entendu sur les supports et les affiches (il le sera probablement dans la feuille de salle), mais il n'est pas non plus anti-bessettien, je pense : il s'agit d'une phrase d'un garçon de café parisien : Je m'occupe de vous personnellement. Je vous assure, en tout cas, que je m'occupe moi-même personnellement et avec tout mon cœur de la résonance et de l'impact que pourrait produire, en ce mois de juin 2012, à Paris, l'écriture d'Hélène Bessette, particulièrement de son roman Si

Je joins une critique de mon dernier spectacle présenté à Paris (en mars), Chic By Accident.

http://blogs.rue89.com/balagan/2012/03/12/chic-accident-de-genod-un-serpent-une-sandale-des-acteurs-nus-226890

Dans l’espérance de votre réponse, je vous assure, Messieurs les ayant droits, de l'assurance de mes sentiments les meilleurs

Yves-Noël Genod

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