Thursday, January 29, 2009

Même si j’l’ai dit, j’l’ai pas pensé

Alain Farah est un auteur québécois qui vient de publier un livre à la couverture bleue dans lequel j’apparais (comme personnage) à un moment (on s’est rencontré au festival La poésie / nuit dont je faisais la présentation d’une des soirées et on a extrêmement sympathisé – au point que j’ai cru qu’on allait passé la nuit ensemble, mais non, il était simplement québécois). Il vient d’avoir une petite fille qu’ils ont appelé Bénédicte, ce qui est plutôt un prénom de garçon au Canada (en anglais). Il fait une thèse sur Nathalie Quintane. Il est extrêmement sympathique. Je n’ai pas lu le livre en entier, je l’ai pourtant sous les yeux, mais il me reste mystérieux, ça a l’air calé, un peu comme les livres de Nathalie Quintane me sont encore hermétiques (pas la pièce que j’ai montée, Blektre, et pas celle que je lui ai commandée, en tout cas !) J’en recopie les phrases où mon nom apparaît, le jeu que je vous propose, c’est d’écrire un texte (sans avoir lu le livre d’Alain Farah) où ces phrases apparaîtraient, dans l’ordre ou dans le désordre.






« C’est ce que j’essaie d’expliquer à Yves-Noël Genod, un artiste parisien dont j’admire le travail. »

« Seule consolation : j’ai réussi à m’incruster près de Genod. »

« Tu vois, Yves-Noël, je vais te donner un exemple simple : la sole. »

« J’explique à Yves-Noël que cette histoire de sole est très importante pour un livre que je suis sur le point de terminer, un livre où je consigne les expériences « spéciales » vécues entre mes vingt-cinq et mes vingt-neuf ans. »

« Et toi, Yves-Noël, comment crois-tu qu’on puisse penser le renouvellement des formes à l’extérieur du cadre de l’avant-garde ? »

« Yves-Noël, cherchant sans doute à clore la conversation, me répond avec nonchalance : « Si tu es si malin, parle-moi un peu de Hamlet. » »

« Yves-Noël commente : « C’est vrai que vous parlez vachement bien anglais au Canada. » »

« L’important, Yves-Noël, c’est que le rapport de Joyce à l’héritage culturel et littéraire de l’Occident s’exprime par un double mouvement. »

« Yves-Noël se fout de ma gueule : « Tu as mémorisé les citations, dis donc, c’est très costaud. » »






Je propose cet exercice surtout pour mon dramaturge Florent Delval, qui s’escrime à me réécrire La Folle de Chaillot pour Chaillot justement, mais qui (selon ses dire) y perd carrément son temps. Là aussi (certainement ça va lui faire perdre son temps), mais ça l’changera.






Alain Farah, Matamore n° 29 (sous titré : Mœurs de province), roman, aux éditions Le Quartanier.

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Belle de jour

« Un chef-d'œuvre toujours se meut à la manière d'un fantôme. »

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Le soleil est magnifique aujourd'hui

Hier soirée un peu chaude à l’Odéon. Un ami homosexuel présent sur place nous avait placés dans la loge présidentielle. Nous étions seuls. J’étais allé chercher Pierre au ministère, rue de Grenelle, on est passés par les quartiers historiques (Saint-Sulpice...) On ne peut pas dire que la pièce nous ait passionné. On la regardait par intermittence, on fermait le plus souvent les yeux. Quelle soirée ! L’impression d’avoir été dans une grotte, toute la nuit. L’impression que la nuit était une grotte…

Pierre m'écrit. Je me demande s'il ne reçoit pas (au ministère...) un avertissement dès que je mets quelque chose en ligne, ou alors c'est de la télépathie. Ou alors il est constamment sur mon blog (comme moi je suis sur le sien – mais lui a un métier, ce n'est pas possible...) Il me suggère un titre, en tout cas : « Mon amour grotesque », L'amour grotesque. Il est doué, ce p'tit gars, c'est certain. On va passer le week-end séparés, on est content de ça aussi. On va s'écrire. Lui surtout. Pour le moment il fume une cigarette sur la terrasse du sixième, rue de Grenelle, il trouve aussi que le soleil est magnifique. Il y a quelques jours, c'était encore avec Hélèna que j'admirais la lumière, la lumière de la réconciliation. Oui, le photographe est venu, très sympa, pour la photo pour « Pref ». On n'a pas décidé de ce qu'on allait faire, il hésite, il s'intéresse à me connaître, il me demande mon avis, il a photographié les papiers aux vitres parce que dans la journée ensoleillée, c'est vrai, ça, tu n'as pas encore vu, c'est assez beau. J'ai sorti tous mes vêtements.

J’offre un livre à Pierre, un album de peinture qui était en exposition sur la cheminée*. Dans mon lit nous le feuilletons, le simple fait de sentir les yeux de Pierre se poser sur les images me les fait apercevoir par transfiguration. C’est phosphorescent, le secret est traversé. Derrière le livre ôté sur la cheminée, se révèlent aussi des volumes de La Pléiade, des choses jamais lues, que j’avais oublié posséder : œuvres complètes de Rabelais, Montaigne, Pascal, un volume de Saint-Simon (que j’ai failli réacheter récemment), un volume de Balzac, romans de Simenon (celui-ci lu en partie, La Veuve Couderc, L’Affaire Saint-Fiacre...)



* (Secret Knowledge by David Hockney, sur les maîtres anciens...)

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