Friday, June 16, 2017

L e monde est réel et Mélenchon le rend stupide


(mais pas que Mélenchon)

Moi, je suis comme tout le monde, je suis dégagiste. Notre seul pouvoir, avec nos votes : on peut virer. On l’a compris — intelligence, sauvagerie, lucidité. En votant Juppé, j’ai viré Sarko et, à partir de cette première audace, plus fait que ça. Et on peut tous être fier d’avoir compris ça, on en viré un bon paquet ! Mais il y en a deux — et pas des moindres — qui ont réussi à se faufiler en se plaçant dans des circonscriptions imperdables, Valls et Mélenchon. C’est enrageant. Peux plus les voir, ça fait un moment. Me sortent par les trous de nez, ces moi-je. Stratégie pour dimanche — parce que qu’est-ce que c’était bien dimanche dernier, on a enfin pu voter pour qui on voulait, sans stratégie, y avait vingt candidats dans ma circonscription, bon, celui pour qui j’ai voté — dont j’ai oublié le nom — a fait 1%, mais ce n’est pas grave, c’était agréable… Stratégie pour dimanche, je disais : voter LREM pour que Macron n’ait pas besoin du Modem pour sa majorité et puisse nous débarrasser de Bayrou. Il faut faire la liste de ceux que l’on veut virer par ordre de priorité (et de réalisme) et agir en conséquence — à part ça, moi, je serai sur la côte… 
Bonjour Pascal ! Hier, un garçon qui s'appelle Larbi a présenté un morceau de Clôture de l’amour, ta pièce que je n'ai jamais vue ni lue et c'était très bien, j'ai adoré découvrir un morceau de cette pièce mythique. Il l'a fait parce que le thème de ce cours que je donne dans ce café associatif à Pantin (quartier « sensible »), c'est la Genèse et il a commencé à l'endroit de la fresque de Masaccio et il a continué après. Dans ce café, cette semaine, je donne aussi L'Amant, de Duras, avec une japonaise géniale, Yuika Hokama, sa mère tient un bar à hôtesse à Tokyo, je ne sais pas pourquoi je te dis ça. C'est très beau, en tout cas. T'embrasse

C'est dans des messages comme ça — ceux dont on se dit « je ne sais pourquoi je te dis ça » que réside souvent l'attachement aux êtres — et là précisément à toi. Mon attachement à toi et ton œuvre aérienne. Ces messages sont les plus beaux. Travaillez bien. T'embrasse fort

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Yves-Noël
Je suis confuse, mais je ne peux absolument pas ce soir. Je suis vraiment triste de vous rater, mais j’ai un emploi du temps « obligé » par rapport au Figaro.
On se retrouvera bientôt et pardonnez-moi
Armelle

« Le pardon est un luxe, il devrait être un mode de vie. »
Je ne sais plus de qui cette citation, mais elle convient, n’est-ce pas ?
Au plaisir, chère Armelle, 
Yves-Noël

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L a Taxe


Tu t'en es bien tiré ? 
— Je l'ai hélée. Elle va me faire payer une surtaxe à son re-passage. Depuis je me tiens à carreau. Et prépare mes arguments pour son retour. Crise de nerfs, griffes, hurlements, menaces magiques, chiens qui aboient, méfiez-vous de l'eau qui dort, gardez-vous de l'homme secret et du chien muet, les eaux calmes sont les plus profondes, l'habit ne fait pas le moine, quand les brebis enragent elles sont pires que les loups, tu vois ce que je veux dire ? 
— Ça ne peut pas être une grosse taxe...
— 38 000
Mais je vais négocier 
Je suis allé à Trouville — aux Roches Noires — pour préparer le Proust et j’y suis allé, maintenant, pour préparer le Duras

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« Le retour est le mouvement de la voie ;
la faiblesse est l’usage de la voie.
Sous-le-ciel les dix-milles êtres sont nés de l’être ; l’être est né du rien. »

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Images de César Vayssié

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« il aurait aimé mettre la terre derrière le poète. »

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Yuika évoque immanquablement Duras jeune (et je me suis souvenue d’elle disant : « Moi aussi j’ai été jeune et jolie, vous savez »), elle réalise cette histoire arrivée à Duras, il y a très longtemps, là on le voit, on le comprend. Cette rencontre qui  va la séparer de sa mère, de ses frères. On réalise l’extrême jeunesse, les petits seins, ce qu’on appelle aujourd’hui la pédophilie de celui qui tombe en amour d’elle, en amour extrême, ce qui les sépare, tous les deux, cette sorte de crime, que cet amour commet, qu’elle ressent, l’entrée en féminitude, le pouvoir absolu qu’elle découvre de sa séduction, sa cruauté, sa chair, l’ambiguité totale, de ce qu’elle appelle sa perversion à elle, inéluctable, et le choix qu’elle fait, d’y aller, d’aller vers l’inconnu, de devenir seule, de s’incarner dans le désir de cet homme, qu’elle débusque, qui en pleure. L’évocation des femmes, des autres femmes, de toutes les autres, qu’elle imagine à celui qui devient son amant, à elle aussi, elle, alors, parmi les femmes, reniant, méprisant, déniant, le statut d’exception qu’il lui aurait plutôt voué. Et alors la grande sensualité, beauté, fragilité, douceur de la peau, du sexe. La volupté et cette évocation de la mère encore. Et puis, après-coup, la découverte de ce qui se nomme à peine, le soupçon de l’amour qu’elle aurait eu pour lui, quand il s’en va. Cela est dit extraordinairement, avec grand sérieux, aplomb, ce sérieux de l’enfance, et tout le temps est pris pour dire, pour nous dire, et dans les silences, faire résonner les échos de cette histoire lointaine, qui indubitablement a eu lieu, a marqué, à jamais, celle qui l’a écrite, qui n’a plus cessé de l’écrire. Alors, la finale, la sortie, très très belle de Yuika, la perte, que l’on éprouve, d’elle, de la beauté qui vient d’avoir lieu, en allée, sans retour. On comprend une fois de plus qu’il faut à la beauté d’être perdue. Et cette perte rejoint la cruauté de la jeune fille, de l’enfant, qui saura chérir ce qui d'elle s’en va, et le gain qu’elle en retire, pour la volupté du corps d’abord, et puis l’écriture. Genèse. 
Encore une fois, merci, et à elle aussi. Grâce lui soit rendue. 
Amicalement,
Véronique Müller 

Anaïs de Courson

Je ne savais pas du tout ni la dureté de ce texte ni sa tendresse, je ne savais pas non plus ni ma propre dureté ni ma propre tendresse, j'avais oublié la surprise sidérante de chaque ligne, merci Yuika, et Yves-Noël et ce café Pas Si Loin où on voudrait toujours revenir.

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« Une maison qui rêve de la mer 
Baigne dans la lumière de son rêve »

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L es Cendres



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Titre d’un livre : 
Comme une manière de bavarder

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