Thursday, August 16, 2007
Rosita Boisseau
Quant à Yves-Noël Genod, qui se met lui-même en scène sur un texte d'Hélèna Villovitch dans La Descendance, il va cul nu sous ses fanfreluches et livre un bulletin-météo de sa vie pas piqué des hannetons. Forban moqueur et drôle, cet ancien comédien de Claude Régy mélange confidences intimes et gags sexe. Tout est vrai (sa nouvelle femme est une fausse blonde), tout semble inventé (sa nouvelle femme est une fausse blonde) et c'est déjà un talent que celui de devenir sous nos yeux le héros d'une fiction en roue libre qui s'appelle Genod.
Rosita Boisseau, « Le Monde », daté du 20/07/07.
Rosita Boisseau, « Le Monde », daté du 20/07/07.
Labels: descendance avignon rosita boisseau hélèna villovitch yves-noël genod
Le feu
Photos David TV.
Labels: descendance avignon yves-noël genod feu david tv marlène saldana marcus vigneron-coudray
"Mon père, il m'avait fait une lance. Mes cousins l'ont cassée."
« Mon père, il m’avait fait une lance. Mes cousins l’ont cassée. »
Pour Xavier Caroff
Les fleurs disparaissent rapides et lentes, le paysage prend son sens
Flaque de vent, flaque de mer, la fabrication du malheur
Le cercueil de verre, la vitre diffuse
La voile blanche ou l’oiseau vivant
Cormoran noir
Long cou fringale
Tête de mort, les enfants. C’était vivant
Voile morte au moteur régulier
Vaisseau fantôme et, là, le sexe d’une fille
Têtes de morts identiques aux coquillages. Crabe miniature et pur
« People », cela veut dire « peuple »
« Elle manque, elle manque, elle manque, elle manque de plus en plus ! »
Raviver la douleur, le feu de l’épouvantable
Tous les graviers de cette grève ont toujours semblé vivants
La beauté, l’enfance à chercher
Elle est tout un lac
Transparence des eaux purifiées par ses cendres
L’enfant rose clarté joue sur l’arbre mort
L’invisible soit dessous soit dessus
Yves-Noël Genod. Porsisquin, 15 août 2007.
Pour Xavier Caroff
Les fleurs disparaissent rapides et lentes, le paysage prend son sens
Flaque de vent, flaque de mer, la fabrication du malheur
Le cercueil de verre, la vitre diffuse
La voile blanche ou l’oiseau vivant
Cormoran noir
Long cou fringale
Tête de mort, les enfants. C’était vivant
Voile morte au moteur régulier
Vaisseau fantôme et, là, le sexe d’une fille
Têtes de morts identiques aux coquillages. Crabe miniature et pur
« People », cela veut dire « peuple »
« Elle manque, elle manque, elle manque, elle manque de plus en plus ! »
Raviver la douleur, le feu de l’épouvantable
Tous les graviers de cette grève ont toujours semblé vivants
La beauté, l’enfance à chercher
Elle est tout un lac
Transparence des eaux purifiées par ses cendres
L’enfant rose clarté joue sur l’arbre mort
L’invisible soit dessous soit dessus
Yves-Noël Genod. Porsisquin, 15 août 2007.
Le soir où David TV est venu
Stijn Celis
hello Yves-Noel, I thought your performance was very inspiring and that you have the incredible capacity of constructing and destroying in the same second. You were like a dictaror, Caligula or Bokassa or Adolphchen or even Ludwig on exit of morfine. Don't know, nothing seemed important but all elements in your piece are vital and identifiable but yet secret aswell. I fell terribly in love with your voice and the way you speak words. You made us all feel inconfortable but seduced.
Ici en Suisse, things are calm, I am in the countryside preparing my comming projects of which none will be in Switserland. I'll be in Canada, US, Sweden and the Holland. Keep me informed, and if you have any intention of using a middleaged balletdancer and if you are looking for a Bruce Willis inpersonator with the voice of Elvis (I do black woman very well too), don't forget to contact me. Big kiss and good luck for the comming months, Stijn
Ici en Suisse, things are calm, I am in the countryside preparing my comming projects of which none will be in Switserland. I'll be in Canada, US, Sweden and the Holland. Keep me informed, and if you have any intention of using a middleaged balletdancer and if you are looking for a Bruce Willis inpersonator with the voice of Elvis (I do black woman very well too), don't forget to contact me. Big kiss and good luck for the comming months, Stijn
Les zèbres
Légende : les zèbres claquent des dents après s'être baignés à Arlan, la plage la plus froide d'Ouessant, mais la plus belle, l'île la plus froide de France, la plus belle.
Photos Audrey Gaisan. Rémy Héritier, Yves-Noël Genod.
Labels: rémy héritier ouessant yves-noël genod zèbres sable ray-ban dents
L'ile au caramel
L’île au caramel
A pour nom : ENEZ AN EIN
Hélèna voulait dire, lors d’un précédent poème
Mais les soirées se ressemblent et se précisent
La Baie d’Along
« C’est une quadrichromie délavée par le soleil. »
Voyez-vous un vieil emballage d’Esquimau
De glace d’il y a longtemps
Qu’on aurait retrouvé. Le jaune et le noir disparaissent en premier ; ne restent plus que le rouge et le bleu, du magenta et du cyan
Débat :
- Moi j’vois pas mal de jaune. J’vois du blond, pour tout te dire
- Oui, mais moi j’vois… c’est une déformation professionnelle si tu veux… j’vois les choses imprimées
Ouessant les jardins
Les enfants
La Baie d’Along
Le soir-meurtre
Tout se tu
Rien ne se
Sait
Un bleu gris Britt
Miroir-lac
Les verts, le vert émeraude, bleu, soir et ces couleurs qui vont mourir, fleurs
Pelouse vers la mer
Le bonheur sourd quoi que nous fassions, nous transpirons, quoique nous fassions dans le bonheur
Hélèna ne sait pas, ne sait pas ce qu’elle sait
Barbecue dérive un peu de fumée
Le chiffre 735 est apparu dans le sommeil
Hé ho !
« Mère la mort la fenêtre ouverte de tes bras me casse les vitres de mes oreilles !… Non, j’invente un peu… »
Le vent, qu’il fasse sa vie, on le laisse pénétrer
Où il veut
Pour lire les fenêtres sont ouvertes, pour lire, pour rêver, pour
Attendre. Un petit bruit électrique, c’est le cliquetis d’un hauban
Les rideaux, les fenêtres, les arbres et leurs branches
Les plumes, les poils
Les feuilles
Volantes, attachées
Tout cela, tandis que je continue de rêver, me semble parfaitement cohérent
La jungle s’assombrit
La fumée traverse la route
Les enfants sont passés (au travers)
Les rochers du Sud
Tout reste en place, mais le temps change
Le linge, morceaux de vent, morceaux de ciel
La vue, la vie verte
Ciel couvert là où la population des herbes pousse vers le haut comme une marée
Comme une jouissance
M’a dit Hélèna
Mais j’y pensais aussi
En la branlant
Je pensais que c’était comme
Quand j’étais sur le rocher, nu, recouvert par les vagues
Au bout de la Pointe Sud
Qui doit avoir un autre nom, peut-être, que « Pointe Sud »
Des vélos passent sur la route comme un tuyau
Des côtelettes de veau nous attendent, nous
Mais un avion vrombit, fabrication humaine
Comme les boîtes de Banania
Mouettes laquées, ciel tonnerre. Des îles dans le ciel un archipel
Un chapelet…
La frange soulevée à l’Ouest
Je ne fuis pas l’angoisse de la mort dans la suractivité
La réalité les yeux tournent et voient
La vie est le théâtre et la mise en scène de ce qu’il y a de mieux chez nous
Rocky Bay, Christmas Island
People : sac de Sandrine Kiberlain (porté par Audrey) et chemise de nuit (qu’Hélèna porte en robe) de Sylvia Bataille
Noms souvent évoqués : celui d’Emmanuel Carrère, de Nicolas Sarkozy, de Lady Di
Heu…
POINTE DE ROC’H HIR
Le poète a toujours raison, Amy Winehouse, Jean-Louis Bidet
Puis, sur le tard, Catherine Deneuve (qu’Hélèna a interviewée), Vincent Gallo, Jean d’Ormesson
On a parlé de Christophe Fiat, de David Monceau, de Marguerite Duras, de Julien Gallé-Ferré
De Yann Tiersen, de Titi, de Fifi la boulange, de la bouchère de Lampaul
Et de Rémy Héritier, de Marlène Saldana, d’Audrey Gaisan, le cas a été évoqué de Carole Bodin, celui de Marcus Vigeron-Coudray
Caroline Marcilhac, Maud Le Pladec, Mickaël Phelippeau, Vincent Druguet, José Alfaroba, Marie-Thérèse Allier, Cécilia Bengoléa
Loïc Touzé, Latifa Laâbissi, David Di Nota
Patrick Poivre d’Arvor, Claire Chazal, Sandra Basch, Georges Prat (le fils d’Hélèna), Frédéric Danos, Tom Danos
Hélèna Villovitch, Yves-Noël Genod
Xavier Carroff, Joséphina Lemoniz
Olivier Py
Wayne Byars, Julie Guibert, Boris Charmatz, Édouard Levé…
Elle est là, la vie heureuse, sous l’eau, dans la force et le silence
10, 11, 12, 13, 14 août 2007.
A pour nom : ENEZ AN EIN
Hélèna voulait dire, lors d’un précédent poème
Mais les soirées se ressemblent et se précisent
La Baie d’Along
« C’est une quadrichromie délavée par le soleil. »
Voyez-vous un vieil emballage d’Esquimau
De glace d’il y a longtemps
Qu’on aurait retrouvé. Le jaune et le noir disparaissent en premier ; ne restent plus que le rouge et le bleu, du magenta et du cyan
Débat :
- Moi j’vois pas mal de jaune. J’vois du blond, pour tout te dire
- Oui, mais moi j’vois… c’est une déformation professionnelle si tu veux… j’vois les choses imprimées
Ouessant les jardins
Les enfants
La Baie d’Along
Le soir-meurtre
Tout se tu
Rien ne se
Sait
Un bleu gris Britt
Miroir-lac
Les verts, le vert émeraude, bleu, soir et ces couleurs qui vont mourir, fleurs
Pelouse vers la mer
Le bonheur sourd quoi que nous fassions, nous transpirons, quoique nous fassions dans le bonheur
Hélèna ne sait pas, ne sait pas ce qu’elle sait
Barbecue dérive un peu de fumée
Le chiffre 735 est apparu dans le sommeil
Hé ho !
« Mère la mort la fenêtre ouverte de tes bras me casse les vitres de mes oreilles !… Non, j’invente un peu… »
Le vent, qu’il fasse sa vie, on le laisse pénétrer
Où il veut
Pour lire les fenêtres sont ouvertes, pour lire, pour rêver, pour
Attendre. Un petit bruit électrique, c’est le cliquetis d’un hauban
Les rideaux, les fenêtres, les arbres et leurs branches
Les plumes, les poils
Les feuilles
Volantes, attachées
Tout cela, tandis que je continue de rêver, me semble parfaitement cohérent
La jungle s’assombrit
La fumée traverse la route
Les enfants sont passés (au travers)
Les rochers du Sud
Tout reste en place, mais le temps change
Le linge, morceaux de vent, morceaux de ciel
La vue, la vie verte
Ciel couvert là où la population des herbes pousse vers le haut comme une marée
Comme une jouissance
M’a dit Hélèna
Mais j’y pensais aussi
En la branlant
Je pensais que c’était comme
Quand j’étais sur le rocher, nu, recouvert par les vagues
Au bout de la Pointe Sud
Qui doit avoir un autre nom, peut-être, que « Pointe Sud »
Des vélos passent sur la route comme un tuyau
Des côtelettes de veau nous attendent, nous
Mais un avion vrombit, fabrication humaine
Comme les boîtes de Banania
Mouettes laquées, ciel tonnerre. Des îles dans le ciel un archipel
Un chapelet…
La frange soulevée à l’Ouest
Je ne fuis pas l’angoisse de la mort dans la suractivité
La réalité les yeux tournent et voient
La vie est le théâtre et la mise en scène de ce qu’il y a de mieux chez nous
Rocky Bay, Christmas Island
People : sac de Sandrine Kiberlain (porté par Audrey) et chemise de nuit (qu’Hélèna porte en robe) de Sylvia Bataille
Noms souvent évoqués : celui d’Emmanuel Carrère, de Nicolas Sarkozy, de Lady Di
Heu…
POINTE DE ROC’H HIR
Le poète a toujours raison, Amy Winehouse, Jean-Louis Bidet
Puis, sur le tard, Catherine Deneuve (qu’Hélèna a interviewée), Vincent Gallo, Jean d’Ormesson
On a parlé de Christophe Fiat, de David Monceau, de Marguerite Duras, de Julien Gallé-Ferré
De Yann Tiersen, de Titi, de Fifi la boulange, de la bouchère de Lampaul
Et de Rémy Héritier, de Marlène Saldana, d’Audrey Gaisan, le cas a été évoqué de Carole Bodin, celui de Marcus Vigeron-Coudray
Caroline Marcilhac, Maud Le Pladec, Mickaël Phelippeau, Vincent Druguet, José Alfaroba, Marie-Thérèse Allier, Cécilia Bengoléa
Loïc Touzé, Latifa Laâbissi, David Di Nota
Patrick Poivre d’Arvor, Claire Chazal, Sandra Basch, Georges Prat (le fils d’Hélèna), Frédéric Danos, Tom Danos
Hélèna Villovitch, Yves-Noël Genod
Xavier Carroff, Joséphina Lemoniz
Olivier Py
Wayne Byars, Julie Guibert, Boris Charmatz, Édouard Levé…
Elle est là, la vie heureuse, sous l’eau, dans la force et le silence
10, 11, 12, 13, 14 août 2007.
Labels: ouessant yves-noël genod hélèna villovitch rémy héritier audray gaisan
Vendredi 15 heures
Vendredi 15 heures
Si le temps n’avait pas été gris, si la plage n’avait pas été déserte…
Hier
La mer, le miroir éclairé par en dessous
« C’est une bichromie délavée usée par le soleil. », dit Hélèna
Beaucoup de folles au village ce matin. Toujours à moitié repéré, mais de loin. Deux, c’est beaucoup, la blonde et la brune
Forment une cage
Mourir sans le savoir
La mer, la mort, longer, la mer, la mort découpée comme un corps
Un corps marin, malin
Doux, liquide
Qui a peur ? Le lézard attrapé. Il est monté sur le genou
Il s’est enfui dans la maison
« Je » n’est plus la peine
Rémy prend en charge quelque part. « Je », son sexe devant lui
Elle, à l’intérieur, limpidité des erreurs…
Elle a rêvé des Minimoyes alors qu’elle
Avait un gorille dans le cœur
Dont elle n’a pas profité cette nuit-là. Comprenez-vous ce que vous lisez ?
Nous passons sans cesse à côté du plus proche ; la peinture…
L’île monte vers toi. Le psychiatre aurait peut-être besoin d’un psychiatre
– Tu fais quoi ?
Les recouvrements de bruyères. La phosphorescence de la chèvre
Le Phare de la Jument
N’est pas en face d’Arlan
Mais de l’autre côté, de l’autre côté de l’île, en face de ton odeur
Que faire du mépris des bêtes ?
10 août 2007 (16 heures).
Si le temps n’avait pas été gris, si la plage n’avait pas été déserte…
Hier
La mer, le miroir éclairé par en dessous
« C’est une bichromie délavée usée par le soleil. », dit Hélèna
Beaucoup de folles au village ce matin. Toujours à moitié repéré, mais de loin. Deux, c’est beaucoup, la blonde et la brune
Forment une cage
Mourir sans le savoir
La mer, la mort, longer, la mer, la mort découpée comme un corps
Un corps marin, malin
Doux, liquide
Qui a peur ? Le lézard attrapé. Il est monté sur le genou
Il s’est enfui dans la maison
« Je » n’est plus la peine
Rémy prend en charge quelque part. « Je », son sexe devant lui
Elle, à l’intérieur, limpidité des erreurs…
Elle a rêvé des Minimoyes alors qu’elle
Avait un gorille dans le cœur
Dont elle n’a pas profité cette nuit-là. Comprenez-vous ce que vous lisez ?
Nous passons sans cesse à côté du plus proche ; la peinture…
L’île monte vers toi. Le psychiatre aurait peut-être besoin d’un psychiatre
– Tu fais quoi ?
Les recouvrements de bruyères. La phosphorescence de la chèvre
Le Phare de la Jument
N’est pas en face d’Arlan
Mais de l’autre côté, de l’autre côté de l’île, en face de ton odeur
Que faire du mépris des bêtes ?
10 août 2007 (16 heures).
La mer la vague
La mer la vague
Relire Le Lion de Kessel
Elle écrit à la porte d’à côté ; séparé par la cloison, ses petites touches – de chat qui pianote – sans musique
La nuit l’ouvert, c’est en plein jour, « Dim Dam Dom », « Dim » comme « dimanche », « Dam » comme « dames » et « Dom » comme « d’hommes »
Tout le monde est cool
Marilyn Monroe a dit : « Il n’y a pas besoin d’utiliser sa voix dans un mode spécial. Si vous pensez à quelque chose de sexuel, la voix suit naturellement. »
Si vous pensez qu’il y a cette plage, cette double plage d’Arlan avec la jetée, les rochers, la marée basse ou haute, le soleil, l’ombre, la solitude ou la proximité
Vous pouvez
La rumeur infime du plus beau paysage du monde, juste là. La Terre est lourde et longue et si vaste et légère, même si les hommes sont encore dans la religion
Mais les animaux, les animaux ont raison
Et nous parlent
Ils ont leurs raisons, ils ont l’été
Les petits chats pandas
Les poules comme des gros mammifères dorés, des sculptures comme d’été, des buissons, un ensemble légèrement animés
Une forêt pour les petits tigres
Écartèlement des cils, des cieux ; rien n’est dicible anyway…
Le sang des guitares que j’aimais
Les filles en prière, le sourire d’un ange
La mer, matière contractuelle, épaisse
– Les lézards, t’en as déjà vu autant ? on dirait Zabriskie Point
Elle garde à l’écran sa voix de ville
Émouvant dimanche mouvant
Quelques petits points dans l’espace sont ces cris du zoo
La femelle a deux pattes un peu lourdes sur le plancher
Rêverie mate le cœur
À l’intérieur
Une fois puis deux fois
Métaphore, ciel, écriture, infini
Marilyn était enfin hors de vue
Une voix, une cavalcade de voix, d’une voix dans un spectacle de Christian Rizzo
Ces liserés de lumière colorée, très gracieux que forme la Terre, chaque jour, chaque « soir », quand elle se détourne de son étoile
On parle de « baie vitrée », mais il est bien évident qu’il n’y aura pas, bientôt, de « baie vitrée » ni en Californie ni ici
Ni sur Terre ni nulle part que l’amour
Et il n’y en a pas eu – en préfiguration – hier au soir –
Pique-nique au-dessus de la Baie de Lampaul
Le livre pris dans sa fiction, le livre et l’auteur et lecteur
La cime des palmiers
Par exemple au milieu de tout, du Tout il y a quelques bêlements de moutons – cela existe ?
Les autres animaux, les gens de la kermesse, le poids du homard, le poids du panier, Hemingway à genoux puis debout enfin reconnu par Hélèna ; Hélèna toujours ailleurs, tendresse à répéter les choses une fois, deux fois, trente-six milles fois, tendresse à ne pas l’écouter (elle n’écoute pas ce qu’elle dit)
Mais tendresse à lui dire : « Je t’aime. »
Un poème pour Hélèna :
Amène les ciels, emporte, emporte les portes, amène la campagne dans tes reins la campagne plate et longue, liquide et ronde, étalée, la campagne de mes pieds
La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent par terre
La brume de chaleur bave
« C’est figé et ça pourrait être aussi bien glacé. » dit Hélèna
Elle en dit peu
Le gris de la pierre dans l’air. La télé est floue
La nuit autour, grise
Cornes de brume
La pluie merveille
Éventuellement son odeur de claire chaleur
Mouille les chaises
Long rythme lent, long, sonore – toujours cette phosphorescence blanche qui fait les choses
À l’intérieur est un vaste espace de neige où toutes les choses sont là (sous la neige) (souriantes) et boivent leur propre substance. À l’extérieur…
Puisqu’il y a des mots
Pendant la nuit. Pendant le sommeil, la sieste, la gorge
Moi j’ai rencontré un noir
- Un noir ? sur l’île ? c’est dans tes rêves qu’est-ce qu’il foutait là ?
- Non, un grand beau noir en vélo il avait l’air pauvre…
- Qu’est-ce tu disais ? qu’il avait l’air pauvre et qu’il avait des chaussettes ?
- Des chaussures. Des chaussures de sport rouges toute neuves. Je crois qu’il est allé sur la petite plage et je vais aller discuter avec lui
Dit-elle en me fouillant les poils
Grand déploiement comme un rideau, du beau
Du beau temps
La mort peut frapper, marquer ; oui, c’est un événement
Marquant
De la fenêtre on voit si loin, on voit les ébats d’oiseaux lointains
On voit une voiture bleue transparente. Les couleurs, intenses ; les noirs sont noirs, les blancs permanents
Les couleurs bleues, intenses, fugaces (par exemple) montent – évidemment il y a les caches, les cadres
Les tableaux
Les vieux n’ont rien vu ni la rose, fugace, presque, dans le canevas. Les mains des mouettes dévalent avides la pente des corps des rochers
Les mouettes comme des mains courantes
La nature, qu’est-ce que tu veux ? le bord détaché
Nuit immense sans fatigue
4, 5, 6, 7, 8, 9 août 2007.
Arlan, Ouessant.
Relire Le Lion de Kessel
Elle écrit à la porte d’à côté ; séparé par la cloison, ses petites touches – de chat qui pianote – sans musique
La nuit l’ouvert, c’est en plein jour, « Dim Dam Dom », « Dim » comme « dimanche », « Dam » comme « dames » et « Dom » comme « d’hommes »
Tout le monde est cool
Marilyn Monroe a dit : « Il n’y a pas besoin d’utiliser sa voix dans un mode spécial. Si vous pensez à quelque chose de sexuel, la voix suit naturellement. »
Si vous pensez qu’il y a cette plage, cette double plage d’Arlan avec la jetée, les rochers, la marée basse ou haute, le soleil, l’ombre, la solitude ou la proximité
Vous pouvez
La rumeur infime du plus beau paysage du monde, juste là. La Terre est lourde et longue et si vaste et légère, même si les hommes sont encore dans la religion
Mais les animaux, les animaux ont raison
Et nous parlent
Ils ont leurs raisons, ils ont l’été
Les petits chats pandas
Les poules comme des gros mammifères dorés, des sculptures comme d’été, des buissons, un ensemble légèrement animés
Une forêt pour les petits tigres
Écartèlement des cils, des cieux ; rien n’est dicible anyway…
Le sang des guitares que j’aimais
Les filles en prière, le sourire d’un ange
La mer, matière contractuelle, épaisse
– Les lézards, t’en as déjà vu autant ? on dirait Zabriskie Point
Elle garde à l’écran sa voix de ville
Émouvant dimanche mouvant
Quelques petits points dans l’espace sont ces cris du zoo
La femelle a deux pattes un peu lourdes sur le plancher
Rêverie mate le cœur
À l’intérieur
Une fois puis deux fois
Métaphore, ciel, écriture, infini
Marilyn était enfin hors de vue
Une voix, une cavalcade de voix, d’une voix dans un spectacle de Christian Rizzo
Ces liserés de lumière colorée, très gracieux que forme la Terre, chaque jour, chaque « soir », quand elle se détourne de son étoile
On parle de « baie vitrée », mais il est bien évident qu’il n’y aura pas, bientôt, de « baie vitrée » ni en Californie ni ici
Ni sur Terre ni nulle part que l’amour
Et il n’y en a pas eu – en préfiguration – hier au soir –
Pique-nique au-dessus de la Baie de Lampaul
Le livre pris dans sa fiction, le livre et l’auteur et lecteur
La cime des palmiers
Par exemple au milieu de tout, du Tout il y a quelques bêlements de moutons – cela existe ?
Les autres animaux, les gens de la kermesse, le poids du homard, le poids du panier, Hemingway à genoux puis debout enfin reconnu par Hélèna ; Hélèna toujours ailleurs, tendresse à répéter les choses une fois, deux fois, trente-six milles fois, tendresse à ne pas l’écouter (elle n’écoute pas ce qu’elle dit)
Mais tendresse à lui dire : « Je t’aime. »
Un poème pour Hélèna :
Amène les ciels, emporte, emporte les portes, amène la campagne dans tes reins la campagne plate et longue, liquide et ronde, étalée, la campagne de mes pieds
La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent par terre
La brume de chaleur bave
« C’est figé et ça pourrait être aussi bien glacé. » dit Hélèna
Elle en dit peu
Le gris de la pierre dans l’air. La télé est floue
La nuit autour, grise
Cornes de brume
La pluie merveille
Éventuellement son odeur de claire chaleur
Mouille les chaises
Long rythme lent, long, sonore – toujours cette phosphorescence blanche qui fait les choses
À l’intérieur est un vaste espace de neige où toutes les choses sont là (sous la neige) (souriantes) et boivent leur propre substance. À l’extérieur…
Puisqu’il y a des mots
Pendant la nuit. Pendant le sommeil, la sieste, la gorge
Moi j’ai rencontré un noir
- Un noir ? sur l’île ? c’est dans tes rêves qu’est-ce qu’il foutait là ?
- Non, un grand beau noir en vélo il avait l’air pauvre…
- Qu’est-ce tu disais ? qu’il avait l’air pauvre et qu’il avait des chaussettes ?
- Des chaussures. Des chaussures de sport rouges toute neuves. Je crois qu’il est allé sur la petite plage et je vais aller discuter avec lui
Dit-elle en me fouillant les poils
Grand déploiement comme un rideau, du beau
Du beau temps
La mort peut frapper, marquer ; oui, c’est un événement
Marquant
De la fenêtre on voit si loin, on voit les ébats d’oiseaux lointains
On voit une voiture bleue transparente. Les couleurs, intenses ; les noirs sont noirs, les blancs permanents
Les couleurs bleues, intenses, fugaces (par exemple) montent – évidemment il y a les caches, les cadres
Les tableaux
Les vieux n’ont rien vu ni la rose, fugace, presque, dans le canevas. Les mains des mouettes dévalent avides la pente des corps des rochers
Les mouettes comme des mains courantes
La nature, qu’est-ce que tu veux ? le bord détaché
Nuit immense sans fatigue
4, 5, 6, 7, 8, 9 août 2007.
Arlan, Ouessant.
À Ouessant en Bretagne
À Ouessant en Bretagne
Cris toujours de toute la vie avec des formulations, des détails, les animaux, leurs peaux, leurs ongles, les détails chéris, l’œil
Et ce que l’on supprime si on ne lit pas
si on ne –
ce que l’on supprime de la vie
Chacun ajoute, ajoute acajou Ou retient, retraite, altère ; un vaste paysage dilué, sans nous, des particules, tout ce dont on ne sait rien, la Terre est ronde, on le sait On arrive, maintenant, à le savoir, le savoir, le savoir
Les mouches et les femmes, les chevelures d’araignées
Antonioni décrypte ; on écrit, le bruit de la machine, les touches, le fouillis à l’intérieur du buisson des ifs à la gendarmerie par dessus le mur Le silence est instable, je veux dire, le dedans, le dehors Ce qui bouge en silence sans un mot, sans un bruit, sans un violon et cette ventilation à l’intérieur comme un bruit de chasse d’eau Mademoiselle Le Gwen est très belle, on a souhaité se revoir. Il est déjà le soir. L’heure est indifférente : il a fait un temps plat, mou, léger Un temps de lecture, de page, d’indifférence, un taxi mauve Chaque jour demain annoncera un recommencement
Et la science, ici, j’aimerais l’oublier, comme ces cris de femmes, etc.
Comme j’écris ces lignes, quatre larmes muettes ont coulé sur mes joues Là où tu jouis, je joue Les hommes veulent atteindre la lune mais personne ne s’intéresse au cœur humain Les gens heureux ne sont pas encore nés C’est la lettre de Marilyn
Et Hélèna m’attend pour un pique-nique. Un courrier sous ma porte. Un bout de papier déchiré et au feutre rouge : « on va (pique-) niquer ? » Elle veut emmener le crabe et l’araignée au bord de la mer. Elle comprendra que j’emploie « emmener » bien que ces choses soient mortes
Tu n’as que moi au monde. Jour et nuit dans la voiture. La femme imparfaite, Marilyn Hélèna rit, rit beaucoup avec moi. On rigole et on développe les sketches de la télé, Jacques Higelin qui fait le jeune Le crabe et sa femelle, l’araignée. Elle me demande comment je l’appellerai, le crabe, si j’en avais un à moi. Quelle drôle d’idée, je l’appellerai : « Cancer »
Hélèna jour et nuit, l’île, la nuit La chambre et la nuit J’ai supprimé la ventilation, j’ai réussi, le fusible. Maintenant le seul souffle agressif, c’est celui de l’ordinateur. L’or dîne à teur, ; le sar dîne à l’huile Des rideaux qui fermaient l’accès au jour, tendre sur les baies de son appartement
J’ai opéré les étoiles et je leur ai dit (aux autres) : « Regardez-les, elles sont si brillantes et si solitaires. » Notre monde… Ces rochers du pique-nique de la préhistoire Hélèna a demandé s’ils en mangeaient, si je le croyais, ces hommes et ces femmes de la préhistoire. J’ai inventé que premièrement les crabes étaient beaucoup plus gros premièrement Et que deuxièmement ils avaient peut-être assez à manger avec les ours et les lions où il y a plus à manger et moins de coquille même si les crabes étaient certainement plus gros – et je ne trouvais pas le mot « mammouth » Mamie écrase les prouts
Elle n’aimait plus les voitures, ne voulait plus en avoir une à elle Le tapis du ciel, de la nature et de ma nature
Terre, océan… Le corps, la peur en dégât noir Lourds rideaux bleus en triple épaisseurs, les yeux, les paupières. Un monsieur aime une bête Monsieur Seguin. Sur l’île, il y a des bêtes dispersées, étonnées, aimantes Elle se laissait glisser dans le passé, towards zero Mon petit panda Puis elle se tut longtemps, baissant les yeux, torride et tordant ses doigts Une seule pensée inconsciente, un seul amour, mais de soi La main de l’île Tout à l’heure le dentiste, à 16h30, l’appeler dans son cabinet de l’île (il me trouvera un rendez-vous). Les animaux, les enfants ; les animaux laissent les enfants crier L’air précise, précise Précise, précise Les bras d’hommes, quand ils vous contiennent sans vous emprisonner ; la force des arbres Les trois visages d’Eve Tu me donnes une idée : Les deux visages d’Ellen
La venue de la nuit brûle comme la venue de la nuit Elle ne savait pas à quoi servait la nuit À attendre Demain, c’est quoi ?
Le tapis du ciel, disé-je. L’avion, l’aérodrome. La peur plate de l’après-midi
Suite à un naufrage, une femme se retrouve sur une île tropicale avec un bel homme Ma femme belle, ma bel homme My favorite wife Elle pleure. Toujours ce voile de verre L’île tient au ciel par les petites pinces, les petites griffes, les pinces à linge des maisons ; l’île n’est qu’un linge, un voile Charmante dorure, ce bleu du ciel dégagé parcimonieusement
Y a pas de problèmes ! Bon ben, bonne continuation. L’étalement qui dit toujours que l’invisible, ici, est de nature Au diable les fenêtres, les glaces ! Sept ans ont passé et je suis toujours dévasté Ici plutôt que là
Ses poèmes sont ses délégués Georges Balanchine, Tennessee Williams Elle sillonnait la ville en taxi Le récit des chambres bleues, les apaisements ; la femme dort… Le linge. Deux personnes oranges courent dans l’image. Le linge, petits carrés suspendus, petits carrés de papier découpés, déchirés, ajustés Le bleu, profonde sagesse noyée ; une chambre à café Toujours nue, allant de son lit à sa baignoire, toujours nue, allant de la cuisine au jardin
L’épreuve de l’eau. L’eau, il suffisait de dire : « Elle brûle. » Nous étions fait pour ne pas nous rencontrer comme le tigre et la baleine L’homme qui devient sa femme Magie, image
L’épreuve de l’eau, celle qui chaque jour devait devenir et paraître ma femme, Hélèna, celle – , l’a réussie. De lourds galets séparaient la plage – séparation radicale inattendue – en deux parties Formant une marche L’indécision pour y choisir le lieu, un instant. La jetée, elle la verrait demain ou plus tard. Elle ne voulait pas repasser là où je lui décrivais une scène Déjà jouée. Et je lui dis : « Nous avons pris cinquante ans alors que nous cherchons plutôt à en avoir vingt de moins. » Une petite fille dansait sur le parvis de bois de la mairie. Ça aussi, c’était une image d’autrefois
Cris comme dans la journée dans la nuit La lune déçoit, lanterne, mais belle La lune rattache, attache toutes les menaces autour de l’île, l’eau, l’amour ou l’amour, l’eau
Et le grand silence, marcher, les bruyères, s’extasier Les inventions liquides, régulières Les mots à lui apprendre : « embruns », « bruyères » et elle m’apprend : « aloès », le répétant gentiment plusieurs fois : « aloès » Les blancs indécis et les noirs sans fond… Il fait super beau ! C’est beau, les mouettes par en dessous. Appartenir – à rien. Frisson de cette journée glacée comme au bord d’un lac de soleil La mer est une nature Invisible, inconnue Mais nue
Les décisions sous la terre Aller chercher cette force dans l’ombre. Le vent frais Au sommet de l’île. Midi, midi trente
Une femme déplacée, déplacée dans le village. On s’intéresse à elle : personne Comme moi
Le mur, la mer. Plat, horizontal, merveilleux. Hélèna demande : « Pourquoi ça a l’air d’un lac ? » « – Parce que c’est plat, horizontal, merveilleux. » L’eau de serpent. L’eau de joie Le bastringue de la psychanalyse Voilà où j’aurais pu être, quelque part en haut, tout en haut, derrière les poutres, près du plafond. Mais je suis là, au centre Le jeu de la star cassée Donner plus d’apparence à ses nuits blanches. Une divagation prétentieuse. Manie crépusculaire Magnifique, Marilyn, magnifique
Elle dit : « Je traîne Marilyn Monroe partout comme un albatros. » Quelque chose de très bas attire vers l’autre Le lendemain soir, tandis que la brume rose… Autour de la joie ou du bien
Absolument seul Les maisons sans livres, la honte devant l’immensité, le sexe apparent …Et leur branches blanches, rares et hautes…
On entend ce mot : « femme » Black magic of love. Écran noir À sa merci, indéfiniment prisonnier, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur l’île, prisonnier sur parole Ulysse resté, de Joyce Il lui faisait écouter La Bohème, renversée sur le tapis de beauté Je lis, je lis, fenêtre ouverte, île ouverte, elle ouverte, île et elle ouvertes et invisibles, séparées par des murs, des cloisons de cinéma, des façades
On s’émerveille… C’est le décollement de la première fois Un avion dans le Golfe du Lion
Et on peut regarder la musique tous les deux, en dansant dans le noir
Le petit avion vibre autour de l’île. Nuages, belle journée hantée Et ces oiseaux dont les cris, petit peuplement… Comme ma poupée dans sa poussette Passait par-dessus les fissures
Il savait mieux que personne qu’on n’écoute pas ceux qu’on couche
Commencer l’été, commencement Les teintes de la réalité : un gris reconnu par les yeux comme de la couleur Une couleur si belle et si visible dont le mot pour la définir au mieux est : « gris » Une couleur « gris »
Les pieds qu’elle trouve beaux. Dit-elle ce qui lui passe par la tête ou parle-t-elle ? Le bleu bave, il y faut cette couleur de l’air. Le couvre-lit chenille L’eau fragile, l’ombre dessinée, vivante, quelques rochers, quelques murs de la même pierre de toujours, superposés L’imaginaire rouge Marilyn, c’est une rencontre. Les poiriers s’appuient au mur, mais s’accrochent au ciel (ou le contraire) Que nos vies aient l’air d’un film parfait Le fond derrière le muret ; un peu de musique et passe une « femme » La mer gracieuse et puissante
« Aussi longtemps qu’on vit et qu’on désire, disait Freud, on ne fait que troquer une prise contre l’autre, changer d’emprise. » « Tu sais à quel animal tu ressembles ? À une sardine. J’en ai vu une belle, c’était une star dîne (sylo). » L’accoutumance à l’imaginaire
Silhouette lourde Pilules en forme de cœur
1, 2, 3 août 2007.
La lecture dont il est question est celle de Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.
Hélèna Villovitch le 14 août 2007 à Ouessant.
Cris toujours de toute la vie avec des formulations, des détails, les animaux, leurs peaux, leurs ongles, les détails chéris, l’œil
Et ce que l’on supprime si on ne lit pas
si on ne –
ce que l’on supprime de la vie
Chacun ajoute, ajoute acajou Ou retient, retraite, altère ; un vaste paysage dilué, sans nous, des particules, tout ce dont on ne sait rien, la Terre est ronde, on le sait On arrive, maintenant, à le savoir, le savoir, le savoir
Les mouches et les femmes, les chevelures d’araignées
Antonioni décrypte ; on écrit, le bruit de la machine, les touches, le fouillis à l’intérieur du buisson des ifs à la gendarmerie par dessus le mur Le silence est instable, je veux dire, le dedans, le dehors Ce qui bouge en silence sans un mot, sans un bruit, sans un violon et cette ventilation à l’intérieur comme un bruit de chasse d’eau Mademoiselle Le Gwen est très belle, on a souhaité se revoir. Il est déjà le soir. L’heure est indifférente : il a fait un temps plat, mou, léger Un temps de lecture, de page, d’indifférence, un taxi mauve Chaque jour demain annoncera un recommencement
Et la science, ici, j’aimerais l’oublier, comme ces cris de femmes, etc.
Comme j’écris ces lignes, quatre larmes muettes ont coulé sur mes joues Là où tu jouis, je joue Les hommes veulent atteindre la lune mais personne ne s’intéresse au cœur humain Les gens heureux ne sont pas encore nés C’est la lettre de Marilyn
Et Hélèna m’attend pour un pique-nique. Un courrier sous ma porte. Un bout de papier déchiré et au feutre rouge : « on va (pique-) niquer ? » Elle veut emmener le crabe et l’araignée au bord de la mer. Elle comprendra que j’emploie « emmener » bien que ces choses soient mortes
Tu n’as que moi au monde. Jour et nuit dans la voiture. La femme imparfaite, Marilyn Hélèna rit, rit beaucoup avec moi. On rigole et on développe les sketches de la télé, Jacques Higelin qui fait le jeune Le crabe et sa femelle, l’araignée. Elle me demande comment je l’appellerai, le crabe, si j’en avais un à moi. Quelle drôle d’idée, je l’appellerai : « Cancer »
Hélèna jour et nuit, l’île, la nuit La chambre et la nuit J’ai supprimé la ventilation, j’ai réussi, le fusible. Maintenant le seul souffle agressif, c’est celui de l’ordinateur. L’or dîne à teur, ; le sar dîne à l’huile Des rideaux qui fermaient l’accès au jour, tendre sur les baies de son appartement
J’ai opéré les étoiles et je leur ai dit (aux autres) : « Regardez-les, elles sont si brillantes et si solitaires. » Notre monde… Ces rochers du pique-nique de la préhistoire Hélèna a demandé s’ils en mangeaient, si je le croyais, ces hommes et ces femmes de la préhistoire. J’ai inventé que premièrement les crabes étaient beaucoup plus gros premièrement Et que deuxièmement ils avaient peut-être assez à manger avec les ours et les lions où il y a plus à manger et moins de coquille même si les crabes étaient certainement plus gros – et je ne trouvais pas le mot « mammouth » Mamie écrase les prouts
Elle n’aimait plus les voitures, ne voulait plus en avoir une à elle Le tapis du ciel, de la nature et de ma nature
Terre, océan… Le corps, la peur en dégât noir Lourds rideaux bleus en triple épaisseurs, les yeux, les paupières. Un monsieur aime une bête Monsieur Seguin. Sur l’île, il y a des bêtes dispersées, étonnées, aimantes Elle se laissait glisser dans le passé, towards zero Mon petit panda Puis elle se tut longtemps, baissant les yeux, torride et tordant ses doigts Une seule pensée inconsciente, un seul amour, mais de soi La main de l’île Tout à l’heure le dentiste, à 16h30, l’appeler dans son cabinet de l’île (il me trouvera un rendez-vous). Les animaux, les enfants ; les animaux laissent les enfants crier L’air précise, précise Précise, précise Les bras d’hommes, quand ils vous contiennent sans vous emprisonner ; la force des arbres Les trois visages d’Eve Tu me donnes une idée : Les deux visages d’Ellen
La venue de la nuit brûle comme la venue de la nuit Elle ne savait pas à quoi servait la nuit À attendre Demain, c’est quoi ?
Le tapis du ciel, disé-je. L’avion, l’aérodrome. La peur plate de l’après-midi
Suite à un naufrage, une femme se retrouve sur une île tropicale avec un bel homme Ma femme belle, ma bel homme My favorite wife Elle pleure. Toujours ce voile de verre L’île tient au ciel par les petites pinces, les petites griffes, les pinces à linge des maisons ; l’île n’est qu’un linge, un voile Charmante dorure, ce bleu du ciel dégagé parcimonieusement
Y a pas de problèmes ! Bon ben, bonne continuation. L’étalement qui dit toujours que l’invisible, ici, est de nature Au diable les fenêtres, les glaces ! Sept ans ont passé et je suis toujours dévasté Ici plutôt que là
Ses poèmes sont ses délégués Georges Balanchine, Tennessee Williams Elle sillonnait la ville en taxi Le récit des chambres bleues, les apaisements ; la femme dort… Le linge. Deux personnes oranges courent dans l’image. Le linge, petits carrés suspendus, petits carrés de papier découpés, déchirés, ajustés Le bleu, profonde sagesse noyée ; une chambre à café Toujours nue, allant de son lit à sa baignoire, toujours nue, allant de la cuisine au jardin
L’épreuve de l’eau. L’eau, il suffisait de dire : « Elle brûle. » Nous étions fait pour ne pas nous rencontrer comme le tigre et la baleine L’homme qui devient sa femme Magie, image
L’épreuve de l’eau, celle qui chaque jour devait devenir et paraître ma femme, Hélèna, celle – , l’a réussie. De lourds galets séparaient la plage – séparation radicale inattendue – en deux parties Formant une marche L’indécision pour y choisir le lieu, un instant. La jetée, elle la verrait demain ou plus tard. Elle ne voulait pas repasser là où je lui décrivais une scène Déjà jouée. Et je lui dis : « Nous avons pris cinquante ans alors que nous cherchons plutôt à en avoir vingt de moins. » Une petite fille dansait sur le parvis de bois de la mairie. Ça aussi, c’était une image d’autrefois
Cris comme dans la journée dans la nuit La lune déçoit, lanterne, mais belle La lune rattache, attache toutes les menaces autour de l’île, l’eau, l’amour ou l’amour, l’eau
Et le grand silence, marcher, les bruyères, s’extasier Les inventions liquides, régulières Les mots à lui apprendre : « embruns », « bruyères » et elle m’apprend : « aloès », le répétant gentiment plusieurs fois : « aloès » Les blancs indécis et les noirs sans fond… Il fait super beau ! C’est beau, les mouettes par en dessous. Appartenir – à rien. Frisson de cette journée glacée comme au bord d’un lac de soleil La mer est une nature Invisible, inconnue Mais nue
Les décisions sous la terre Aller chercher cette force dans l’ombre. Le vent frais Au sommet de l’île. Midi, midi trente
Une femme déplacée, déplacée dans le village. On s’intéresse à elle : personne Comme moi
Le mur, la mer. Plat, horizontal, merveilleux. Hélèna demande : « Pourquoi ça a l’air d’un lac ? » « – Parce que c’est plat, horizontal, merveilleux. » L’eau de serpent. L’eau de joie Le bastringue de la psychanalyse Voilà où j’aurais pu être, quelque part en haut, tout en haut, derrière les poutres, près du plafond. Mais je suis là, au centre Le jeu de la star cassée Donner plus d’apparence à ses nuits blanches. Une divagation prétentieuse. Manie crépusculaire Magnifique, Marilyn, magnifique
Elle dit : « Je traîne Marilyn Monroe partout comme un albatros. » Quelque chose de très bas attire vers l’autre Le lendemain soir, tandis que la brume rose… Autour de la joie ou du bien
Absolument seul Les maisons sans livres, la honte devant l’immensité, le sexe apparent …Et leur branches blanches, rares et hautes…
On entend ce mot : « femme » Black magic of love. Écran noir À sa merci, indéfiniment prisonnier, sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur l’île, prisonnier sur parole Ulysse resté, de Joyce Il lui faisait écouter La Bohème, renversée sur le tapis de beauté Je lis, je lis, fenêtre ouverte, île ouverte, elle ouverte, île et elle ouvertes et invisibles, séparées par des murs, des cloisons de cinéma, des façades
On s’émerveille… C’est le décollement de la première fois Un avion dans le Golfe du Lion
Et on peut regarder la musique tous les deux, en dansant dans le noir
Le petit avion vibre autour de l’île. Nuages, belle journée hantée Et ces oiseaux dont les cris, petit peuplement… Comme ma poupée dans sa poussette Passait par-dessus les fissures
Il savait mieux que personne qu’on n’écoute pas ceux qu’on couche
Commencer l’été, commencement Les teintes de la réalité : un gris reconnu par les yeux comme de la couleur Une couleur si belle et si visible dont le mot pour la définir au mieux est : « gris » Une couleur « gris »
Les pieds qu’elle trouve beaux. Dit-elle ce qui lui passe par la tête ou parle-t-elle ? Le bleu bave, il y faut cette couleur de l’air. Le couvre-lit chenille L’eau fragile, l’ombre dessinée, vivante, quelques rochers, quelques murs de la même pierre de toujours, superposés L’imaginaire rouge Marilyn, c’est une rencontre. Les poiriers s’appuient au mur, mais s’accrochent au ciel (ou le contraire) Que nos vies aient l’air d’un film parfait Le fond derrière le muret ; un peu de musique et passe une « femme » La mer gracieuse et puissante
« Aussi longtemps qu’on vit et qu’on désire, disait Freud, on ne fait que troquer une prise contre l’autre, changer d’emprise. » « Tu sais à quel animal tu ressembles ? À une sardine. J’en ai vu une belle, c’était une star dîne (sylo). » L’accoutumance à l’imaginaire
Silhouette lourde Pilules en forme de cœur
1, 2, 3 août 2007.
La lecture dont il est question est celle de Marilyn, dernières séances de Michel Schneider.
Hélèna Villovitch le 14 août 2007 à Ouessant.