M y wish to live
Encore un spectacle
miraculeux de Peter Brook ! cet homme qui a su créer son théâtre (et
le faire partager). Je n’ai aucune pudeur à proclamer que j’aimerais être Peter
Brook ou rien. Maurice Ravel ne
disait-il pas à ses rares élèves : « Copiez, et si en copiant vous
restez vous-même, c’est que vous avez qqch à dire ». Il n’y a pas de
conflit entre la scène et la salle et, ça, c’est ce que je désire aussi de plus
profond : au fond, il n’y a pas de conflit entre les hommes et ça ne sert
à rien d’en faire ressentir, des conflits, car nous sommes du côté des anges et
de Dieu, pas de Satan qui domine le monde. Nous sommes du côté du faible. Que
l’on soit croyant ou croyant d’autre chose ou non-croyant (ce que je suis,
malheureusement) n’importe pas. L’humanité invente sa propre fin, son propre
désir, sa propre folie. Son ambition absurde et ses rêves, elle les invente.
C’est son métier, sa malédiction. C’est l’erreur de la Création, mais nous
sommes dedans, où est le conflit ? La folie, oui, partout, aussi au centre
du théâtre. Oh, by the way, quand je dis « miraculeux », je
dis : « bouleversant » et, moi aussi, moi aussi, j’avais les
larmes aux yeux comme peut-être ceux qui ont pleuré aux représentations
de 1er Avril ; je
crois que c’est le théâtre lui-même qui provoque ça, les murs. Avec Peter
Brook, nous sommes aussi bien dans les années 70. Les années 70 sont réelles,
elles sont là comme au premier jour et, ce qui est bouleversant, c’est que, moi
aussi, je suis là. Fraîcheur,
fraîcheur inouïe, de plain-pied. « What they
want is a real stuff ! », dit Peter Brook. Je voulais que 1er
Avril se reprenne, j’étais triste qu’il
n’allât pas être repris, je pensais que je ne pouvais rien faire de mieux, qu’il
s’agissait d’un de mes chefs-d’œuvre, mais je vois, avec ce spectacle, qu’il y
a encore tout à découvrir : l’escalier, la porte, la chaise. « I don’t
have a trick, it’s like breathing ! »
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