H ommage à Catherine Diverrès
Bien sûr, c’est démodé, mais, en art, les choses les plus belles sont les choses démodées. L’époque est tellement affreusement dans le « présentisme » qu’il faut peut-être l’académisme, le classicisme, appelez-le comme vous voulez, pour être surpris, déplacé, intéressé. D’autant que toutes les pièces du « présentisme » ont pour thème la libération des femmes, ou des LGBT, ou des Africains, ou de je ne sais qui déclaré minorité officielle (les pauvres, probablement, comme s’il ne s’agissait pas plutôt des riches qu’il faut libérer de leur richesse), ce qui veut dire que, quand vous avez vu une ou deux pièces de ce genre, vous les avez toutes vues. Cette pièce-ci que j’ai trouvée sublime, elle l’est aussi parce qu’elle n’est pas de cette époque. Il me semble qu’elle est même beaucoup plus belle que les pièces de Catherine quand elle était à la mode car elle a l’air d’arriver droit d'une époque révolue où il n’y avait personne à libérer ou alors tout le monde, je dis bien TOUT LE MONDE. LE MONDE. Libérer (du mal) TOUT. LE MONDE. Ou rien. Il y a ce danseur extraordinaire avec qui j’ai eu la chance de travailler à Lyon (dans Leçon de ténèbres), Harris Gkekas, et, certes, tous les interprètes sont extraordinaires (les deux filles superbes dans l’exacte partition des garçons), mais — je me demandais si c’était parce que je le connaissais — je le trouve (Harris) encore meilleur que les autres, oui, je vois qu’il n’est pas tout à fait dans le mouvement, mais à côté, qu’il déborde, ce qui est d’une grande beauté, qu’il n’est pas pris dedans, qu’il est ailleurs, ça tient probablement à pas grand chose, mais c’est la qualité d’un soliste. Ce que veut montrer Catherine Diverrès (il me semble), c’est l’état sauvage. C’est une danse de réflexe plutôt que de musculature. C’est une religion, l’état sauvage. Une religion à laquelle je souscris. Oui, moi, j’y crois. C’est encore ce vendredi 15 à 20h30, et comme l’immense salle sublime de Chaillot est loin d’être pleine, je crois que c’est possible d’obtenir des invitations, ils ne sont pas idiots dans ce théâtre, quand on ne vend pas, il faut lâcher des invitations. Adressez-vous sur FB à Harris Gkekas.
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