C’est très profond de dire qu’on aime un livre et je ne veux plus le dire, je ne veux plus révéler mes sources (elles seront souillées). Disons que j’aime les livres, en général. Oui. Et que j’aimerais aimer beaucoup plus, être saisi dans les livres, à chaque heure du jour ou de la nuit, arraché au néant, rendu à l’amitié — plutôt qu’aux réseaux sociaux ou dans les journaux. Je prête beaucoup à la littérature, je m’émerveille, elle est beaucoup plus amicale, beaucoup plus généreuse que ma vie quotidienne. Je ne sais pas trop ce qu’elle est, cela dit, ma vie quotidienne depuis que je suis un artiste au chômage, mais j’ai la littérature qui ouvre encore et toujours les illusions généreuses, miraculeuses, luxueuses, les plaisirs de l’espoir. Je suis allé chez Michèle Ignazi, vous savez, cette librairie à Saint-Paul où on est sûr de trouver ce qu’on ne trouve pas ailleurs, où j’étais sûr de trouver un livre que mon ancienne assistante suisse me recommandait (le premier de la liste). Autrefois je dilapidais mon addiction en achetant des fringues — et puis j’ai été sauvé par le fait que les riches sont devenus tellement plus riches que les prix du luxe ont quadruplés, je n’ai plus pu errer dans les boutiques Dior, Yves Saint Laurent, Prada… En ce moment, même mouvement, même fébrilité, j’achète des livres. C’est nettement moins cher comme passion. Bientôt je ne pourrais plus, même les livres, j’apprendrai à les voler — et je retournerai dans la grande bibliothèque.
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