Monday, July 14, 2014

11/12


Image Ronan Le Régent d'après l'œuvre de Bruno Perramant, Rigodon.

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« Aux heures de manque de temps, de temps de manque, il arrivait toujours un moment où mon comédien, au plus fort du désordre, stoppait ses mouvements et se disait : « Terminé ! je laisse tout tomber, je ne bouge plus le petit doigt, je ne dis plus un mot. Le nuage noir de l’horizon passe sur moi et je deviens le nuage lui-même ». »

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Barbara Ferragioli
Sans doute faudra-t-il que je puisse vous dire autour d'une coupe de champagne le bonheur et mille autres sensations que vous avez procuré en moi ce soir, intenses et véritablement jouissives.

Zineb Zineb
Voudrais pouvoir réciter le verbe comme le fait Yves-Noël Genod avec cette grâce et cette douceur. Juste pour le plaisir quotidien. Une poésie. Connaître des vers par cœur…
Voudrais que la poésie soit, redevienne un langage quotidien tant elle aide à vivre. Ou tant elle pourrait aider à vivre.
C’est une parenthèse délicieuse et précieuse que nous propose Yves-Noël dans ce cadre avignonnais. Il nous invite à se glisser dans le noir pour entendre, réentendre Baudelaire et ses Fleurs du mal.
Dans le noir, sans artifices, loin des hostilités extérieurs.
Se mettre à l’abri, un abri poétique, ensemble, pour rester vivant !

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L es riches ont raison


Gildas me disait qu’il ne comprenait pas comment vivaient les riches, il disait qu’il avait une fois mangé chez un grand cuisinier et qu’en effet, c’était invraisemblable, un rêve incomparable, mais qu’il lui semblait que si c’était tous les jours ça l’ennuierait. Et je lui répondais à propos des riches que le problème était mal posé, que c’était la même vie, en fait, et cette image qui m’a surprise : « C’est la même vie, en fait, les riches se coupent aussi les ongles des pieds ». Curieux. Je pense que c’est la même vie, en fait, que ça se fait ds des espaces, que les riches sont en rapport avec les ciels, avec les neiges, avec les mers, avec les voyages de la terre, les jours et les nuits, les châteaux, que c’est la même vie, en fait, et que seul le luxe est humain (2 sources pour cette phrase : Brecht et Handke). Oui, et que, chaque fois que nous sommes, nous aussi, ds la nature et ds les ciels, nous sommes ds le luxe extrême, c’est le même luxe, j’étais il y a qq jours ds le Lubéron, je dormais ds un dortoir, je me baignais ds des vasques d’eau glacé, mais la nature était si pure, si préservée qu’il ne pouvait y avoir plus de luxe sur cette terre, il y avait un mûrier blanc et 2 moutons qui s’étaient échappés du troupeau depuis plusieurs semaines et qui rentraient dans les maisons et qui mangeaient les fleurs, vers le soir, la bergère allait venir les chercher, il y avait des papillons et des falaises et, là, une autre année, j’avais lu L’Air et les songes, de Gaston Bachelard.

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« La contradiction est un luxe. »

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M ême chez Baudelaire


« Autant dire que, si je trouve insanes les critiques faites ici si fréquemment à Rousseau, tournant autour de sa « terreur obsidionale » et de son arrogance, et tout autant nombre de justifications condescendantes avancées pour l'en absoudre, c'est qu'il faut comprendre pourquoi Rousseau, tout au cours des Confessions, évolue logiquement d'un registre à l'autre : pourquoi il a besoin de ce théâtral, de ce drapé dramatique, de cet exclamatif invocatoire ou de ce grandiloquent larmoyant. C'est qu'il en a besoin pour protéger l'autre : le murmure de l'intimité. L'un est le paravent sous lequel l'autre peut s'abriter. L'ampoulé permet le discret. Il faut verser dans le plus déclamatoire de soi pour — à couvert — livrer le plus intime de soi. Il faut toute cette théâtralité dépensée pour que, à l'écart, ou dans l'interstice, en tension avec elle, à l'abri d'elle et de ce qu'elle accapare, son contraire puisse faire également son chemin. Car c'est lui bien sûr le chemin. En quoi Rousseau ouvre effectivement la voie au romantisme et à la modernité : il faut de l'exclamatif et du déclamatoire — même chez Baudelaire — pour faire sa place à leur opposé. »

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L a Fuite au château



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Lumière et brume du 14 juillet


Je suis dans un château.

Mathilde m'appelle pour me dire qu'une équipe de France 3 veut filmer le spectacle. Le spectacle est dans le noir. On parle de ça. Puis on ne parle plus de ça. Je raccroche le téléphone. Par la croisée (2 mots démodés, « raccrocher » le téléphone et la « croisée »), au travers de la moustiquaire, on entend une fanfare. On est perché, la musique vient du dessous, du village. C'est le 14 juillet. La musique est vaste, tzigane. La chambre bleue est pastel dans la lumière de 12h52 (heure d'été). Tout le château probablement est « contaminé » par la musique de fête, même la chambre de saint François, la plus isolée, monacale, ouverte seulement sur la plus petite cour, la plus intérieure, ou bien la chambre où Jean-Luc Godard est venu un jour aimer Anne Wiazemsky (elle le raconte dans son livre)... Maintenant, la musique s'est tue et c'est l'âne qui braie — et quelques voix dans le vaste univers — et la faim... Et le luxe. L’été, les vacances. Le paradis intégral. Avec tout. Tout de la vie. Et, hier, j'ai mangé pour la première fois depuis un an un repas de gluten et de lactose avec en plus de la tomate : j'ai mangé ce qu'avait fait Jean-René, bienheureux du poison volontairement partagé, à minuit, dans la grande cuisine qui résonnait, oui, « comme » dans un château. Et Jean-René et Stéphane et Sylvie m’ont fait des remarques pertinentes sur le spectacle. Enfin ! On me couvre d’éloges, toujours, du coup je joue très mal, très facile. Je vais enfin pouvoir fréquenter l’humilité et « approfondir / Le secret douloureux », me mettre au travail et regarder la mort en face (pas en fuite) avec mépris et fascination. La route pour fuir Avignon ! La voiture de location rutilante et tout ouverte. J'avais piqué aussi une bouteille de champagne. Nathalie m’appelle maintenant pour déjeuner. Traverser encore les vastes couloirs, tout éclairés de la lumière d’étoiles et du monde et du voyage…

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L ’Horloge (poème de Baudelaire)


Hello Philippe, 
Tant que je suis à Avignon et si occupé, jouer, tracter, je laisse flotter, fenêtre ouverte sur le Rhône, mais je devrais être assez inquiet finalement... Répéter en août dans un décor à Nanterre est donc compromis (à moins qu'une idée fuse dans l'un de tes sommeils) et, en décembre, je n'ai qu'une semaine de répétition dans le lieu. L'idée de l'ENSATT pourquoi pas ? on partait plutôt avec Alexandre sur des lieux, des rencontres de lieux à Lyon... mais, dans nos quelques r-v, aussi cette possibilité de travailler sur le décor du Rond-Point et de confier à tes ateliers le soin de le faire en novembre... Bon. Mais si tu as encore, on sait jamais, ça peut te venir, une idée un peu bath, un peu excitante, fais-moi signe, hein ? parce que, moi, j'en ai pas, pour le moment... Je dis du Baudelaire au bord du Rhône et ça suffit à ma contemplation...
Bises, 
Yves-Noël

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Un bonjour d'Avignon ! où je rencontre tant de gens frappés par 1er Avril aux Bouffes, en particulier Nicolas Struve qui me réenvoie ce texte — très bon, il m’a dit qu’il avait l’impression d’avoir assisté à la naissance du théâtre — qu'il avait publié sur son mur et qui m'avait échappé. Il y a un engouement. Le phénomène décrit par Régy (depuis La Chevauchée) qui fait que beaucoup plus de gens parlent du spectacle, « connaissent » le spectacle, que ceux qui l'ont effectivement vu. Beaucoup de gens me demandent, tous les jours, si ce que je présente ici est la même chose qu'aux Bouffes, me disent qu'on leur en a beaucoup parlé, qu'ils aimeraient tellement voir ça (qu'ils n'ont pas pu voir, étant de Marseille, etc.)
Je dis qu'il s'agit là des Bouffes du Nord du pauvre. Je suis certes dans une salle à l'acoustique très belle, mais tout seul à dire du Baudelaire dans le noir total ! (mouvement des intermittents oblige).
Je ne regrette qu'une chose à ma présence à Avignon : ne pas voir Judith Chemla chez vous !
Au plaisir, 

Yves-Noël

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Sylvie Lefrère

passe de la lumière au noir. Dans Rester vivant, d'Yves-Noël Genod, je me suis retrouvée dans une méditation intérieure. Je n'en suis pas sortie indemne.



Benoît Lemennais
Bonjour,
J'étais à la Condition des soies, hier : malgré l'obscurité et la noirceur, c'était lumineux.
Merci infiniment pour ce cadeau,

Benoît

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J udith


Nous avons une star (en France)

      


« Ce qu’il se passe aux Bouffes du Nord, c’est qu’il y a quand même un appel d’air, un appel d’âme. Y a une chose assez folle qui se passe qui est même au-delà de la beauté du lieu, qui est au-delà de ce temple, quoi, magnifique, c’est impalpable, ce qu’il s’y passe et c’est vrai que ça nous connecte tout de suite à un endroit du cœur, c’est vrai. »

P leurez mes larmes


Conseillé (pour l’émotion) : vous vous faites la prison Sainte-Anne l’après-midi (l’expo d’Yvon Lambert) et mon spectacle à 19h : là, si vous pleurez pas…

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Ce soir, dixième représentation de Rester vivant, récital de poèmes de Charles Baudelaire qui se donne dans le noir total de la salle ronde de la Condition des soies. Entrée gratuite / sortie payante. A 19h. 13, rue de la Croix. 04 32 74 16 49.

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10/12


Image Ronan Le Régent d'après l'œuvre de Bruno Perramant, Rigodon.

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