C asting (Damien, mardi 25)

L 'Apparence

Le gros problème que j’ai, ce sont les costumes. Idéalement le spectacle ne serait qu’un spectacle de costumes (et de son et lumière, thanks Benoît et Philippe) avec personne dedans. (Et, là, ce serait vraiment un cadeau que je ferais aux acteurs : des vacances.) Hors il n’y a personne pour s’occuper de trouver ces costumes. Je cherche. Costumes religieux, costumes anciens (si Ambroise, par ex, arrivait en culotte bouffante et en collant comme sorti de la Renaissance, eh bien, évidemment !) Tout ce qui vient des peintures anciennes, mais aussi : modernes (métiers modernes, garçon de café, etc.), tout bien dessiné. N’importe quoi, mais très net, pour donner l’impression comme de santons de Provence, l’impression d’une crèche moderne. C’est un spectacle dont l’ambition est de jouer sur des effets d’apparence. Effet « Caverne de Platon », un jeu d’apparences (vous savez, ces gens tournés vers le fond qui ne voient que les ombres projetées sur la paroi de la caverne et qui s’imaginent que c’est le monde). Philippe Gladieux a trouvé en Grèce un casque grec : parfait ! (il faudrait la tenue complète, mais c’est déjà ça). Etre quelqu’un. Et ensuite pouvoir changer de personnage, méconnaissable (postiches, maquillage, là aussi le poste manque). Inspiration : toujours la pièce de Peter Handke, L’heure où nous ne savions rien l’un de l’autre et le film de Robert Bresson : Le Diable probablement et l’expo de Bruno Perramant sur son oncle Le Maître des anges rebelles, 17,-19 rue Michel Le Comte (galerie In Situ) Plus toutes peintures anciennes religieuses (Zurbarán, à Bruxelles). Et puis Dante, l'écrivain absolu (Pietro, Mario ?) et puis, pour Jeanne et Bertrand, Paulina 1880 que je relis. Smokings. Tout le monde en apparat. Cow-boys. Tout le monde dans l'Ouest américain (ou mexicain). Etc. Le déshabillé qui nous a tellement servi toutes ces années où nous n'avions pas de vêtements (tellement nous étions pauvres), ne marche pas aux Bouffes, ou peu, ne pas compter là-dessus (ça fait hammam), non, non, seule marche la haute couture. L'apparence.

C ipressaia (un monde plus immense, plus terrible, plus éternel que ce monde)

T OUT

Bonsoir,

J'écoutais « L'Atelier intérieur » ce soir et je pense à vous.

J'espère que vous avez fait bon retour !

Je suis triste de ne pas avoir pu venir vous voir au théâtre Garonne !

Mais j'ai joué comme une brute jusqu'à samedi soir tard dans un spectacle de 2h30 (3 pièces de Jon Fosse) ! Je ne joue jamais, il fallait que ça tombe cette semaine… Bref ! et pardonnez-moi si je n'ai pas été très loquace dimanche : en fait j'étais abrutie de fatigue… de chaleur…

J'espère que l'expérience Garonne se renouvellera, la salle est sublime et les sous-sols aussi !

L'équipe aussi est très sympa !

Juste un mot pour vous dire que la lecture était superbe, plaisir renouvelé pour moi… vous êtes un prince Yves-Noël, un véritable artiste.

Ce fut une prière, un psaume... un murmure de mots, un rêve de mots… qui fait partie de « l'ample mélodie de la vie », l'heure commune dont parle Rilke... (Notes sur la mélodie des choses.)

Avec des aboiements de chien mais vous l'avez stoppé !

Je viens à Paris courant mars pour parler avec la traductrice de Joyce… Si vous voulez, buvons un verre ?

Vous me direz si vous avez 10 mn… ou non.

Voilà, je vous envoie TOUT, toute ma force, toute ma joie (oui, j'ai vu cet après midi, à Ombres Blanches, le livre de Rosset, c'est très bien pour le spectacle aux Bouffes ! (si je peux, je viens bien sur !), je vous le prédis… ça va être sublime !)

FORZA !

« Poi, si cantando, quelli ardenti solli

Lorsque chantant ainsi, ces ardents soleils

si fuor girati intorno a noi tre volte

eurent tournés trois fois autour de nous

... donne mi parver, non da ballo sciolte,

... ils semblèrent dames, non déliées de la danse,

ma che s'arrestin tacite, ascoltando

mais s'arrêtant, en silence, à l'écoute

fin che le nove  note hanno ricolte

pour recueillir le son des notes nouvelles »

Dante / Chant X

Isabelle