Monday, April 01, 2013

Je découvre mon téléphone. Un micro parfois se déclenche et me demande : « Que puis-je faire pour vous ? » Sans y penser, je dis : « manger » (j’avais faim). « Voici 15 restaurants près de chez vous ». Je ressaye en disant alors : « baiser ». Mais le robot comprend : « blessé » : « Voici 15 hôpitaux près de chez vous ». Je ressaye encore : « voler » : « Que voulez-vous dire par « voilée » ? » ; « vivre » : « Je peux rechercher « vivre » sur le web » ; « consommer » : « Je ne sais pas ce que ça veut dire » ; « acheter » : « Je ne sais pas ce que ça veut dire » ; « acheter des fleurs » : « Oh, c’est pour moi ? » avec la liste des fleuristes-c’est-arrivé-près-de-chez-vous. Je sens que je vais me faire un ami. « Baiser des filles ». Ah, cette fois, il comprend : « Facebook, surveillez votre langage ». Le meilleur des mondes. « Baiser des lapins ». Là, il ne comprend pas, il me dit : « D’accord ». « Baiser des fleurs » : « Recherche de « Baisser des fleurs » sur le web ». Ça me fatigue déjà, tant de possibilités...

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Le Mot « ais »


« M. Hamon était un médecin de la faculté de Paris qui, à l'âge de trente-trois ans, vendit son bien et se retira à Port-Royal-des-Champs. Toujours pauvre, vêtu en paysan, couchant sur un ais au lieu de lit, ne mangeant que du pain de son qu'il dérobait sur la part des animaux, et distribuant ses repas en cachette aux indigents, sa vie fut une humilité, une mortification et une fuite continuelles. »

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L'Heure bleue, à Nantes, 8 avril



Yves-Noël Genod a choisi l’horaire : l’heure bleue, a choisi de parler. Par quels mots, il ne le sait pas : vous devrez le croire sur parole. Ce sera — encore une fois — une néo performance, une nuit de performance, une absence de performance, une nuée de performance. Ce ne sera pas performant du tout. Si les animaux pouvaient parler... 



« Rien qu'une touffe de violettes pâles,
une touffe de ces fleurs faibles et presque fades,
et un enfant jouant dans le jardin...

Ce jour-là, en ce février-là, pas si lointain et tout de même perdu comme tous les autres jours de sa vie qu'on ne ressaisira jamais, un bref instant, elles m'auront désencombré la vue. »

(Philippe Jacottet.)

Bibliomancie


« L’auteur avait un goût particulier pour les oracles virgiliens. Il s’amusait souvent à en tirer, non seulement dans Virgile, mais dans toutes sortes de livres. Le poète qu’il consultait avec le plus de confiance était Shakespeare. »

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Les Idées anglaises


Oui, ce grand silence de l’univers, avec une rémission — et donc une résonance — et une lecture — une résonance... être humain à une époque donnée, à une époque pleurée... On claque quelques portières, on croasse quelques choses, quelques appels, quelques constats... Constat de l’heure de l’univers et de sa présence molle de jour férié, de coin du monde, de bout de ville, de lopins de terre... On démarre quelques voitures... On a des voitures encore... Quelques planches qui tombent... Peuple et misère et éducation...

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Quand Paul Eluard a emménagé


J’apprends que, lorsque le poète Paul Eluard se mit à habiter la rue Marx-Dormoy, elle ne s’appelait pas encore comme ça (c’est un homme politique assassiné en 1941 et la rue a changé de nom à la Libération). La rue s’appelait : rue du Faubourg-de-Gloire. Je comprends mieux sa présence. 

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Le Poète, le bon à rien


« Jamais, me répondit-il, je ne serai bon à rien, jamais je n’exercerai aucune profession. L’homme est déjà trop peu de chose sur le grain de sable où nous vivons ; bien décidément, je ne me résignerai jamais à être une espèce d’homme particulière. »



« Je devenais amoureux de tous les poètes l’un après l’autre ; mais, étant d’une nature très impressionnable, le dernier venu avait toujours le don de me dégoûter du reste. »

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