J ouer comme Judith
J’ai honte, je suis redevenu fan comme quand j’avais onze ans, douze ans, treize ans, treize ans et demi, quatorze, quatorze et demi, quinze ans… ces âges-là, quoi. Tous les soirs, je vais roder à l’entrée du théâtre dans l’espoir d’une place laissée vacante, mais j’ai de la chance — comme tous les enfants —, on me connaît dans le théâtre ; je suis plus fantôme que l’actrice qui joue son Opening Night. « Un jour, vous êtes apparue légère… » Judith, c’est pas qu’elle est plus belle, plus intelligente, plus sensible que toutes les autres ; c’est qu’elle connaît le secret pour ne pas tricher, le sourire. Tout le monde a ce sourire. Mais quelqu’un connaît le secret. Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’on dirait qu’elle n’a pas peur. On connaît des gens de talent, Adjani, Marilyn, mais ces gens sont morts de trouille. Elle — vit. Comment savoir si elle joue beaucoup ou si elle joue sans s’en apercevoir ? Elle présente la vie d’artiste comme une vie de magicienne. L’illusion théâtrale, elle nous la baigne dedans. Nous sommes à la campagne ? Nous sommes à la campagne. Une magicienne. Ça existe, la magie. Ça existe. Soigner. Aimer. Vivre. Aider. Ça existe, l’âme, l’esprit. Ça existe, c’est nous. « Je n’ai ni parents ni amis parmi les vivants », dit Violetta. Le cercle de feu. La grotte merveilleuse. Je pleure. Je crois que je ne pourrai plus le voir, ce spectacle, parce que, là, on m’avait mis au premier rang, j’ai failli bondir de mon siège pour tout détruire, les vases et les fleurs, empêcher le sacrifice de Violetta. Faut faire gaffe. Mais, chaque soir, je me demande si je reste dans ma chambrette malade d’elle ou s’il vaut mieux, encore une fois, que j’aille, en chaussons ou en short, dépenaillé, la voir mourir... Elle joue comme une enfant. Elle est réelle comme une enfant. Son enfant à soi qu’on ne veut pas perdre. « Aime-moi, Alfredo /Autant que, moi, je t’aime ». Je n'aime que toi, chérie !!! Paroles chantées du bord de la mort. La presque morte parle de l’avenir de ceux qu’elle aime. Elle dépose en leur cœur les demandes et les promesses. Soyez heureux. Ne pleurez pas. L'argent va aux pauvres, aux réfugiés en dehors du théâtre.
J'en profite pour dire ici que l'horaire du cours d'interprétation intitulé Jouer comme Gérard qui a lieu les lundi et mardi (les prochains les 3 et 4 octobre) est maintenant avancé à 17h. 17h-20h. Suivant toujours le projet de jouer en lumière déclinante, la plus belle. Pantin, 1, rue Berthier (près de la porte de la Villette), au café Pas si loin.
J'en profite pour dire ici que l'horaire du cours d'interprétation intitulé Jouer comme Gérard qui a lieu les lundi et mardi (les prochains les 3 et 4 octobre) est maintenant avancé à 17h. 17h-20h. Suivant toujours le projet de jouer en lumière déclinante, la plus belle. Pantin, 1, rue Berthier (près de la porte de la Villette), au café Pas si loin.
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