Poème sonore 3

Poème sonore 3



"Nous avons, Mélodie, des nouvelles."
(A la radio.)
"Il est libre en semaine quarante-huit."
(A la radio.)
"Dix-huit mois d'affinage !"
(Au marché, voix fière.)
Franchement...
(Voix par derrière alors que je voyais la personne devant, voix surjouée, de doublage, donc.)
"...Pour la lecture, c'est pas facile."
(La suite.)
"Je me promène un peu."
(Vraie voix de la serveuse.)
"Bon appétit, vous étiez au téléphone."
(Ambiance Jacques Tati.)
"Est-ce que vous pouvez me le réchauffer un p'tit peu, c'est ça qui est froid, tout le reste est bien, mais..."
(Voix - ma propre voix - de Françoise Sagan.)

Lundi matin

un personnage énervé

un encrier vient vous frapper le front
l'encrier se brise et éclabousse tout autour
à partir des tempes il y a une sorte d'influx nerveux qui passe par les joues, frôle la commissure des lèvres et s'échappe par le cou

(on est dans l'minimalisme absolu)

tout d'un coup une sorte de montée nerveuse qui remonte la colonne vertébrale et qu'il faut saisir instantanément

à la fin toutes les terminaisons nerveuses au niveau de la poitrine, elles pètent, et y a une sorte de détente absolue

Belle du jour

"Cerné de nus fulgurants, le créateur de danse s'émacie furieusement. A immerger ses côtes décharnées dans le canal des égouts, ma poitrine s'est trouvée encombrée des épaves de l'époque. Pour éviter qu'elle ne rouille, je l'ai huilé copieusement, avant de m'atteler à ma tâche pour des journées infinies. Loin de cette poitrine et de sa douloureuse convalescence, je m'offrais des bains de soleil dans le théâtre."