Thursday, February 05, 2015

L es Américains

  
« J’ai grandi avec l’idée que le malheur est séduisant. La mélancolie tenait une grande place dans nos vies et il savait la mettre en scène. Je me souviens des déjeuners chez Goldenberg où il faisait venir le violoniste, lui demandait toujours la même chanson et se mettait à pleurer. Il aimait la noirceur. Un ciel bleu, il ne voyait pas quoi en dire. Mes parents ne m’ont pas appris à vivre joyeusement. Les Américains, par contre, sont toujours positifs. Ça ferait gerber mon père, mais ça me fait du bien. Je sais que c’est factice, mais ça m’aide. »

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Titre :

For her

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D ans l'étreinte du monde (citation pour le stage)


« Je viens de toi à toi
Pauvre et nu comme il se doit
Une poignée de sel dans la bouche. »

Abdellatif Laâbi

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Titre magnifique :

Où l'on parle de ceux qui, tourmentés par le sort, finissent au-delà de toute espérance par se tirer d'affaire

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B onnard



P rès de l’église


Il est tellement beau, mon appartement, le matin, j’ouvre les rideaux, je lis un peu de poésie, j’ouvre les rideaux et de partout la lumière, la lumière douce d’un jour sans guerre, encore un jour sans guerre, je suis près de l’église, l’église, l’église où nous jouons tout à l’heure… Comme il est beau, mon appartement, et, bien sûr, ma vie, ma vie dans l’appartement près de l’église ; c’est l’église, que vienne ou non l'Immerseur, le Baptiste dans ma vie

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C itation pour le stage


« Même innocents
du sang de notre prochain
il nous arrive
de tuer
la vie en nous
Plusieurs fois
plutôt qu’une » 

(Abdellatif Laâbi, Ruses de vivant)

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« M on cher double », citation pour le stage


« Mon double
une vieille connaissance
que je fréquente avec modération
C’est un sans-gêne
qui joue de ma timidité
et sait mettre à profit
mes distractions
Il est l’ombre
qui me suit ou me précède
en singeant ma démarche
Il s’immisce jusque dans mes rêves
et parle couramment
la langue de mes démons
Malgré notre grande intimité
il me reste étranger
Je ne le hais ni ne l’aime
car après tout
il est mon double
la preuve par défaut
de mon existence

Avec lui
je perds mon humour
qui paraît-il
réjouit mes amis
Fustiger la bêtise
la sienne y comprise
et tous les jours que diable fait
n’est donné
qu’à une poignée d’élus
Pourtant
et c’est là que réside mon orgueil
je pense que ma candidature
n’est pas usurpée
J’ai découvert cette propension
sur le tard
et suis navré de la voir réduite
à la portion congrue
à cause d’une ombre
fantasmée si ça se trouve
Alors que faire ?
comme disait le camarade Lénine

Cultiver mon unicité ?
Cela ne me ressemble pas
Consulter ?
Rien à faire
Me mettre en chasse de mes sosies
les attraper au filet tel un négrier
et les enfermer dans une cale ?
Non
je n’ai pas cette agressivité
Écrire des petits poèmes
sur les fleurs et les papillons
ou d’autres bien blancs et potelés
pour célébrer le nombril de la langue ?
Très peu pour moi
quand les cornes du taureau
m’écorchent les mains
et que le souffle de la bête
me brûle le visage
Autant crier à mon double
en agitant devant lui la muleta :
Toro
viens chercher ! »

(Abdellatif Laâbi)

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