Saturday, January 15, 2011

Ambiance feutrée

Salut Jo,
Je sais que tu travailles tout le temps et que, si t'as un moment, c'est pas pour repartir, mais je vais faire une chose à Bruxelles dont je te parle quand même. C'est le 1er avril. Répétitions dans le lieu : à partir du 26 mars et du 31 janvier au 18 février, toujours dans le lieu (donc du temps, mais pas plus d'argent qu'un cachet). Je t'en parle parce que le sujet pourrait t'intéresser... Je vais travailler avec un garçon de 10 ans qui s'habille en fille depuis plusieurs années (très doué). Je vais travailler aussi avec un plasticien-perfomer-trave de 25 ans qui s'appelle Jean Biche (tu connais peut-être, il a des sites). Bref, je vais encore une fois donner ma contribution à la cause ! C'est donc une participation de soutien (un gala) que je te propose... Je rappelle que le critique des « Inrocks » Jean-Marc Lalanne a classé le spectacle sur le butoh de l'année dernière (fait en une semaine et avec trois bouts d'ficelle*) dans son top 5 des meilleurs spectacles de l'année 2010 derrière le sublime Gardénia et Isabelle Huppert à l'Odéon ! (Si ce brave homme pouvait diriger un théâtre !) J'en peux plus d'orgueil (et d'espoir). Bref, voilà, t'es averti !

Embrasse Bergen encore pour moi

Yves-Noël






Tu penses bien que J'en ai les poils du cul qui brûlent !
Mais, voilà, je serai en Italie...
Oh, le p'tit garçon en p'tite fille... Quelle chance !
Merci en tous cas pour la proposition...
Bergen, c'est un peu neige et journée courte... Le soleil se couche vite. Ambiance feutrée.
Je vais essayer de me dégager du temps pour 2011...2012 sinon je vais imploser.
Je t'embrasse et j'embrasse Bergen pour toi, mais je sais pas comment.

Jonathan C.

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La Palissade fraîche


Ma Tunisie... Je te pleure de joie...

Je m'appelle Khalil. J'ai 24 ans. Je suis apprenti médecin amoureux de son pays et bloggeur à ses heures perdues.
Depuis l'annonce du départ du despote Ben Ali, mon corps est en effervescence et mes larmes coulent.
Ce matin, j'ai déserté mon travail pour aller crier "Dégage !" devant le ministère de l'intérieur avec mes compatriotes avant d'être gentiment dispersés à coups de matraque de 1 mètre de long et de bombes lacrymogènes qui ne m'ont pas atteint.
Ma Tunisie, rien n'est aussi lacrymogène que la passion que je te voue.
Vingt-quatre ans d'existence. Vingt-quatre ans de lectures. Vingt-quatre ans d'aliénation.
Aujourd'hui, 14 janvier 2011, j'ai assisté et participé à la renaissance d'un peuple tunisien agonisant depuis que le système pourri et totalitaire du général Zinochet nous a interdit de penser.

Dans cinquante ans, si Dieu m'en laisse l'opportunité, je raconterai à mes enfants et à mes petits enfants l'épopée du peuple tunisien. Je leur conterai tous les soirs avant qu'ils ne s'endorment l'histoire de ce vendeur de clémentine à la sauvette portant le doux nom de Mohammed Bouazizi qui a immolé avec son corps un régime en béton armé fort de 23 ans de répression, de népotisme, d'abus et de despotisme....
Tous les martyrs sont mes prophètes... Votre sang béni a arrosé les terres sacrées de notre pays.
Le peuple tunisien est un exemple pour le monde entier.
Un jour il a décidé de destituer un dictateur au prix de sa vie, rien n'a pu le faire reculer.
Ni les balles réelles, ni les arrestations, ni les bombes lacrymogènes, ni les discours mensongers...
Peuple tunisien, il n'y a nul besoin de te déclarer ma flamme je sais déjà que tu en as conscience.
Combien il aura fallu de morts avant que le traitre Ben Ali ne se rende à l'évidence...
Peuple tunisien, tu as arraché ta liberté. Tu es grand, tu es fort, tu es beau, tu es intelligent, tu es mature, tu es courageux.
Ben Ali n'est plus.
Levez-la tête, on est libre ! Où que tu sois, où que tu ailles, clame ton appartenance à ce peuple on saura que pour peu que tu portes cette nationalité que le monde nous envie, tu es un Homme, un vrai, un homme libre et tenace.
Peuple tunisien, peuple opprimé, peuple matraqué, peuple trainé dans la boue, peuple volé et violé dans sa dignité, peuple terrorisé, peuple fiché, peuple épié, peuple torturé... Lève-toi et souris tu as gagné, on a gagné !
Peuple tunisien, mon peuple, ce soir je te pleure, ce soir je ne dors pas, ce soir je pleure les années de plomb, ce soir je pleure nos martyrs, ce soir je pleure notre dignité piétinée pendant tant d'années, ce soir je pleure la censure qu'on nous infligeait, ce soir je pleure les fouilles qu'on nous imposait, ce soir je pleure les tahhana qui t'ont vendu pour une poignée de dinars.
Ce soir, je crie ma joie, ce soir je pleure mon combat et celui de tous les tunisiens.
Ce soir, je vous dis que je vous aime. Ce soir, je vous dis que je n'ai pas peur de la mort ni de la tyrannie. Ce soir, mes larmes coulent.
Peuple tunisien, peuple libéré, peuple heureux, peuple téméraire, peuple unique, peuple courageux, peuple exemplaire, peuple émouvant.
Ce soir je ne veux pas rentrer. Ce soir je tiens un bâton pour protéger mon quartier des éventuels pillards qui profiterait d'un soir de chaos pour propager la haine et la peur et gâcher notre fête.
Demain tout ira mieux, l'armée sera partout mais nous serons libres.
Un bras d'honneur au passage à la France, au States, aux despotes du monde et à toutes les institutions. Notre liberté, on l'a eu touts seuls, on ne la doit à personne. Un mouvement pur et spontané né dans la rue des étincelles sur un corps sacré.

Ce soir, peuple tunisien, je t'embrasse. Peu importe si nous mourrons, j'aurai vécu le jour où je t'ai vue libre, fraîche et comblée. Ne t'inquiète pas, on te remettra sur pieds au plus tôt, la main dan la main.
Tunisie, je t'aime...

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Les Emmerdes

Ce matin, j’ai été au commissariat pour répondre de la plainte d’une femme dont je pourrais dire le nom puisqu’on me l’a donné, mais je l’ai oublié, son prénom : Axelle. C’est la mère de Clélie, la fille de Pierre qui a été mon compagnon pendant un moment. Dans le bureau de la personne qui me recevait (je ne sais plus son grade), il y avait des photos d’enfants, je suppose les siens (mais, après tout, ça pouvait aussi être ceux de sa sœur ou d’amis proches, pourquoi pas ?) Ces photos n’étaient pas floutée, elles étaient exposées dans un lieu public, un bureau pour recevoir les convoqués, les plaignants… Je ne suis pas juriste, j’ai un peu de mal à m’avancer sur ce terrain, tout le monde sait que les lois sont mauvaises, puisque les députés n’ont de cesse de les changer, de les améliorer. Mais quelle est la loi, la loi actuelle ? Quelle est la loi qui me protège, moi, qui protège mon travail ? Je ne cherche pas les emmerdes. Je suis un artiste. Personnellement, je ne connais pas d’artiste qui cherche les emmerdes, c’est bien assez dur comme ça. Les artistes, en revanche, sont constamment attaqués. Mais c’est une question de sensibilité, en fait, tout le monde est constamment attaqué. Au théâtre, j’ai l’habitude. (Comme tous ceux qui y travaillent.) J’ai l’habitude de dire : « Même si on mettait une personne adulte, habillée, immobile, à ne rien faire au centre d’un plateau éclairé plein feu et avec des sorties de secours à chaque marche du gradin, etc., si c’était bien fait, on nous tomberait dessus de la même façon. » La censure, la sécurité, les risques des associations plaignantes… Le fait même de vivre, de respirer suscite l’attaque. Dans les crèches, les enfants heureux sont attaqués par les enfants malheureux en surnombre. Moi, ce qui m’intéresse dans la loi, c’est la protection qu’elle me garantirait à moi contre la malveillance. Je ne me souvenais plus des photos de Clélie, j’en ai retrouvé certaines qui sont très jolies. Enfin, elles sont banales, mais elles m’émeuvent et je trouve que Clélie y est très jolie. Je n’arrive vraiment pas à y voir de la malveillance. Je vois la malveillance de cette attaque, en revanche. S’il faut mettre un cache sur certaines photos, on mettra un cache. S’il faut mettre un code pour venir sur ce blog, on mettra un code. Mais qu’est-ce que je dois faire pour échapper à cette malveillance ? Oui, quelle loi protège ? S’il n’y en a pas, on fermera le blog. Si tous les blogs sont constamment attaqués, ils fermeront. J’ai déjà, nous avons déjà l’impression de faire très attention. De passer notre temps à faire attention. Bien sûr, il y a le principe du jour le jour, du manque de recul, les posts sont forcément inégaux en qualité. Il y a aussi la question du contenu qui est flou (et qui évolue comme sur tous les réseaux sociaux). On intègre de plus en plus les lois liberticides. On ne photographie pas les visages. Vous vous rendez compte de ce que c’est que de ne pas photographier les visages ? Des enfants dont on ne photographie pas les visages ? Des fêtes, de l’amitié, de la joie d’être ensemble dont on ne photographie pas les visages ? C’est très beau, les silhouettes (et j’en abuse beaucoup), mais les visages, quand même ? Et qu’est-ce qui fait visage ? Est-ce que cacher les yeux suffit à détruire la reconnaissance ? Clélie de dos ou le pied de Clélie, etc. : moi, je la reconnais, comme la reconnaissent son père et sa mère. Mais qui ne doit pas reconnaître Clélie ? Des gens qui ne la connaissent pas ? Qui ne doit pas savoir (« atteinte à la vie privée ») que nous sommes allés en vacances ensemble ? « N’importe qui » ne doit pas le savoir, j’imagine… Mais alors qu’est-ce qui permet de faire quand même des livres, des magazines, des émissions de télé, de radio, des blogs, des spectacles, des journaux ? Un avocat m’a dit qu’il fallait demander des autorisations signées. C’est vrai, jusqu’à maintenant, je n’ai jamais demandé (à personne) de signer une autorisation, je ne vivais pas encore dans cette modernité-là (mais, s’il le faut, je le ferai). Au Etats-Unis, les enseignants craignent tellement les plaintes et les procès des parents qu’ils font venir la police en classe au moindre problème. Mes amis de New York ont un enfant de neuf ans dont je suis le parrain qui a déjà vu trois fois la police parce qu’il avait, je ne sais plus, pas mis son manteau ou pas fait un devoir ou pousser quelqu’un... Depuis cette histoire épouvantable, je n’ai plus vue Clélie, nous nous sommes séparés avec son père. Pourquoi vivre avec un garçon si c’est pour vivre sous la violence d’une femme autoritaire ? Autant aller directement à la chose (et alors choisir sa femme). Clélie est arrivée un jour en disant à Pierre : « Maman est allé à la police pour punir Yves-Noël parce qu’il n’a pas le droit de me prendre en photo. » Très bien, on ne la prendra plus en photo. C’est pas grave. Pierre m’a dit qu’Axelle qui est proviseur se battait pour faire réaménager des appartements dans son lycée pour en faire des résidences d’artistes. Quels artistes et pour quoi faire va-t-elle donc réussir à faire venir dans ses locaux ?
« C'est ce respect pour la vérité qu'on trouve en littérature – science beaucoup plus fiable que toute autre – qui vous fait écrire. »

« Un écrivain, un romancier, comme le dit Philippe Forest, c'est quelqu'un qui est « en délicatesse » avec le monde en tant
qu'il est bâti sur un mensonge social, et c'est ce contentieux même qui est le nerf du désir d'écriture. »

« Précisons encore, avec Artaud :« La vie est de brûler des questions. Je ne conçois pas d'oeuvre comme détachée de la
vie. Je n'aime pas la création détachée. » »

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Bio Montpellier

Après une formation de comédien à l'école d'Antoine Vitez du Théâtre National de Chaillot, Yves-Noël Genod travaille avec Claude Régy, François Tanguy au Théâtre du Radeau du Mans et Julie Brochen pour Le Cadavre vivant, de Tolstoï. Il se forme également à la danse en suivant divers stages et ateliers, abordant notamment l'improvisation et la performance avec Mark Tompkins et Julyen Hamilton, la danse classique avec Wayne Byars. Homme de théâtre qui danse à l'occasion, il est l'interprète du chorégraphe Loïc Touzé. Metteur en scène depuis 2003, il crée de nombreux spectacles iconoclastes aux frontières du show, de la performance, du théâtre et de la danse, tels Dior n'est pas Dieu, les (faux) one man shows En attendant Genod et Pour en finir avec Claude Régy, et Le Dispariteur, du nom de la compagnie qu'il a créée. Cette pièce est jouée en partie dans une obscurité totale. Il a présenté au Centre Chorégraphique de Montpellier, dans le cadre d'un Domaine, Barracuda le jour de la sainte Mathilde en mars 2006. Il a aussi créé un Hommage à Catherine Diverrès au Centre Chorégraphique de Rennes. En 2009, il revient à Chaillot, au Studio, pour vingt-et-une représentations d'un spectacle intitulé Yves-Noël Genod, déclinaison chorale de La Descendanse, forme créée à Avignon, dans le cadre du Sujet à vif. En 2010, il est de retour à Avignon, dans le Off, à La Condition des soies, où il joue vingt-cinq fois un énorme succès, Le Parc intérieur. Pratiquant son art en équilibriste, entre mise en scène et improvisation, Yves-Noël Genod remet son théâtre en question à chacune de ses créations « non préméditées », rassemblant des artistes d'horizons divers comme Marlène Saldana, Audrey Bonnet, Kate Moran, Felix M. Ott, Jonathan Capdevielle, Thomas Scimeca, Julien Gallée-Ferré, Eric Martin, Cecilia Bengolea, Jeanne Balibar, Julie Guibert, Bénédicte Le Lamer, Kataline Patkaï, Papy Ebotani et Dinozord... et Marcus Vigneron-Coudray qu'il a « découvert » dès son plus jeune âge (en novembre 2005). Attentif à conserver une grande liberté aux acteurs, il exerce pleinement celle qui lui est donnée de mettre en forme ses rêves. Les traces de son travail, photos, vidéos, critiques et textes sont archivées sur son blog : http://ledispariteur.blogspot.com. Sa collaboration avec Yves Godin débute en décembre 2008, à la Ménagerie de verre à Paris, avec Mamzelle Poésie. Sa prochaine pièce de groupe aura lieu à Bruxelles le 1er avril et devra répondre à la question : « Qu’est-ce que la danse ? ».