P ourquoi je vois très rarement des spectacles à Avignon
« Tant d’heures pour garder
mon troupeau ; / Tant d’heures pour me reposer ; / Tant d’heures pour méditer ;
/ Tant d’heures pour me divertir. »
Ça ne loupe jamais (sauf
dans les cas où je sais d’avance que cela va me plaire). On me parle en larmes
de spectacles exceptionnels et je me dis avec le cœur battant : il faut
que j’arrive à y entrer. Mais en chemin pour trouver une place, je tombe sur
d’autres gens qui me disent absolument dégoûtés que le spectacle dont on m’a
parlé et qui plaît tant, c’est vrai, au public stupide (qui aime aussi regarder
la TV), c’est de la merde en barre, etc. Ce phénomène a été bien décrit par Nathalie Sarraute dans Les
Fruits d’or. Ça n’a pas loupé avec Henry
VI. « Le » spectacle que tout
le monde attendait à Avignon… Eh bien, finalement, c’est une grosse daube… Ah,
bon ? mais… Ça vous décourage de grappiller une place à l’entracte. On m’a
dit une chose qui m’a beaucoup plue, hier, dans la rue, des gens qui étaient
venus voir Rester vivant je ne
sais quand, et une femme a dit, malicieuse : « On a imaginé que vous
étiez le joueur de flûte de Hamelin et que vous aviez emmené les enfants dans
la montagne et que, dans la montagne, vous leur disiez du Baudelaire ».
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