Il y a, collé au mur, le frais et le chaud
Ce qui me plaît dans la vie, c’est le présent
J’avais toute la vie qui se soulevait encore dans sa richesse, toute la vie, mais jamais plus
Merveille ! Je me réveille encore
Je sentais le vide, je sentais la Corse dans mon estomac affamé. On était le 23 décembre, un samedi, et j’avais décidé de ne pas sortir, de ne pas aller acheter de cadeaux pour demain le réveillon où j’étais invitée
Je suis isolée, solidement isolée, mais c’est une nostalgie. Je voudrais rejoindre cet état d’inconnu qui entourait ma vie — quand j’étais portée par la vie — par la vie autour qui me raccompagnait toujours à l’ombre de ma chambre
J’étais agenouillée, j’étais heureuse, j’étais entourée de forêts et de « plus tard », on me promettait que j’allais mourir jeune, mais ça n’avait pas été le cas. Il y avait la grande ville, maintenant, qui m’entouraient — au lieu de la forêt, au lieu de l’amour — ou de l’absence d’amour
Je n’avais pas écrit, j’avais oublié ce à quoi j’avais été occupée. « Dieu merci notre art ne dure pas ! » avait dit un jour Peter Brook
J’avais été artiste. Artiste, ça voulait dire attendre, attendre comme l’homme dans la rue
J’avais été à la messe, là aussi pour attendre
J’avais lu des livres — là aussi pour attendre
Et maintenant j’écrivais en tâtonnant, j’écrivais comme si je n’avais pas le temps, je ne tentais pas de comprendre, j’écrivais vite avant de me décourager aussi à ça, j’écrivais l’amour qui n’existait pas
et la mort qui se profilait
Des chevaux noyés de ciel
Don Quichotte
Je lisais les vies des grands souffrants, des saints
La vie de Kafka