Saturday, August 24, 2013

L e Transformiste



— Et tu baises bien ?



— Très bien !!!


— Ah ben, faut qu'on se rencontre, faut que tu me montres !

— Et toi ??

— Moi ? pas spécialement... Mais c'est toi, le trave... Tu veux une phrase de Chaignaud (que j'adore) ? « Moi, y a qu'une chose pour laquelle je suis pas difficile, c'est les hommes ! »

— Tu aimes donc baiser avec les traves...?
J'adore ce Jean-Biche, merci de me l'avoir fait découvrir

— Ben, je trouve qu'ils sucent bien... d'après mon expérience  — et, bon, j'adore me faire sucer...

— Je suis excellent !!!
Tu es gay, hétéro ?

— Oui, ben, tu n'as qu'un seul défaut : tu vis à Lausanne (enfin, ça fera une bonne raison d'y venir un jour...)
Je suis hétéro compliqué (j'aime les femmes, mais je suis amoureux des garçons, si tu vois ce que je veux dire...)

— Ok, je vois ! J'aime venir à Paris, je vais bientôt y venir... J'adorerais te rencontrer, me promener à Paris, me travestir... Je dois dire que, ici, je ne peux pas vraiment être libre avec ça, c'est pas dans l'esprit d'ici. Mais je suis né ici...
Je n'ai jamais eu d'expérience sexuelle en étant travesti

— Je vais te sortir, moi !
On ira rue des Dames, y a un club ! (où va François, il s'appelle Lucie, là-bas, Lucie la danseuse...)

— Ok !!

— Tu vas voir, Paris, ça va te tourner la tête. Je te mettrai sur le trottoir, tu me ramèneras de l'argent...
Des pièces d'or

— Ah non. Ça, je peux pas...
Je suis très vigilant...

— Ah ben, voilà ! Alors, dès qu'il faut travailler... Comment tu gagnes ta vie, alors ? Prof de yoga ?

— Oui et je suis coiffeur aussi.
Entre mon besoin spirituel et celui de me travestir, c'est souvent difficile à gérer

— Bon. Et à part ça, quel temps il fait, à Lausanne ? Ici, il pleut d'automne...

— Ici, il pleut l'automne aussi...
Est-ce que François va sur le trottoir ?

— Non. Même quand il suce un chauffeur de taxi, il tient à payer sa course pour montrer qu'il l'a pas fait pour ça... (Donc ta réponse ne me surprend pas...)

— Ok... je vois...
Quelle réponse ?
J'aime bien François, il m'attire

— Mais, toi, une petite étrangère, tu risques de tomber facilement dans les mailles du filet...

— Oui, tout ce monde-là me fait peur, je suis qq'un qui se laisse facilement influencer et si je vivais dans une ville comme Paris, j'aurais peur de tomber dans des choses mal pour moi.
Mais j'ai tant besoin de me travestir... je ne veux surtout pas changer de sexe, juste le besoin d'exprimer un sens artistique à travers le travestissement et la perfo. Mais ici, pas possible, il n'y a rien pour cette variante. Si tu n'es pas danseur pro contemporain, tu peux rien faire... Les gens sont très, très normalisateurs, ici.
J'aime quand tu me parles comme ça !

— Je comprends. Ah, là, là... qu'est-ce qu'on va faire de toi ?...
Bon, si tu suces bien, on sera ami — et je te demanderai pas d'argent. Chaignaud s'occupera de toi bien mieux que moi pour t'éviter les emmerdes... Dors bien, en attendant

— J'aimerais qu’on se voit à Paris, et que tu me montres des choses.
Allez ! je suis aussi assez grand pour dire non à ce que je ne désire pas !
Tu verras comme je suis fantastique en travelo !!!

— Allez voui ! Allez, dodo, maintenant, dodo, ma chérie, fais de beaux rêves !

— Merci pour le dial !!
Bonne nuit à toi !!

— Bonne nuit, oui, sleeping kiss

— En fait, à Paris, les travelo se prostituent beaucoup ? Mais ceux qui font des perfos comme François ou Jean-Biche, ils vivent de leur art, non?
C'est ma dernière question, Yves-Noël

— Stop ! Couche-toi. François danse beaucoup, oui ; Jean-Biche est vendeur chez Margiela... DODO !

— Je t'embrasses !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

— Arrête ! tu me fais bander... Couche-toi !

— Moi aussi...
Je suis excité.
Je m’mettrais à genoux !
Bonne nuit !

— Bon, à bientôt alors

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E lle a voulu écrire encore…



« Fils de Zeus et de Maïa, et donc petit-fils d'Atlas, il naît un matin dans une caverne du mont Cyllène en Arcadie « pour être le tourment des hommes mortels et des dieux immortels ». Selon le premier Hymne homérique qui lui est consacré, il bondit de son berceau quelques instants seulement après sa naissance, et se met en quête du troupeau d'Apollon. Sur son chemin, il rencontre une tortue qu'il tue ; de la carapace, il fabrique une lyre sur laquelle il célèbre sa propre naissance ainsi que la demeure de sa mère. Quelque temps plus tard, il inventera la flûte de Pan ou syrinx.
Poursuivant son premier dessein, il gagne le soir même la Piérie où paissent les troupeaux divins. Il dérobe cinquante bœufs à son demi-frère Apollon, soit la moitié d'une hécatombe. Il en profite pour inventer les raquettes, pour effacer ses traces quand il pousse les bêtes devant lui, mais aussi marcher d'un pied plus léger. En cherchant à faire cuire deux des animaux, il trouve l'art de faire le feu en frottant des morceaux de bois l'un contre l'autre, puis consacre la viande aux 12 dieux. Lui-même s'abstient de toucher au sacrifice. Après avoir dispersé les cendres, il retourne chez sa mère à qui il annonce avec assurance son intention d'embrasser le meilleur des métiers, c'est-à-dire celui de voleur. »

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L e Feu









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V oilà comment écrivait Marguerite Duras



« Elle était qq’un qui avait tendance à croire que partout on écrivait le même poème sous des formes différentes. Qu’il n’y avait qu’un seul poème à atteindre à travers toutes les langues, toutes les civilisations. »

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M alédiction



« La parole, qu’elle soit écrite ou parlée est un laminoir qui allonge toujours les sentiments. »

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I l ne tient qu'à nous (et je m'y emploie)



« A mesure que la société capitaliste se définissait, la littérature devenait une denrée de consommation. L’art changeait de rôle, cessant d’être un guide de la perception pour devenir un des charmes de l’existence, une marchandise courante. »




« Le cours de l’expérience a chuté, c’est vrai. Mais il ne tient qu’à nous de ne pas jouer à cette bourse-là. Il ne tient qu’à nous de comprendre où et comment « ce mouvement (…) a en même temps rendu sensible, dans ce qui disparaît, une beauté nouvelle (eine neue Shönheit). »

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C asting




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L es Apaches



Le film de Thierry de Peretti est bien. Il traite des riches et des pauvres. Je ne crois pas qu’il existe un autre sujet. En sortant, il y avait dans mon quartier une rixe, deux bandes qui se menaçaient dans des langues incompréhensibles, avec des barres de fer, genre West Side Story, Roméo & Juliette, des agiles et des gros un peu derrière (comme dans le film de Peretti) et les filles en voiture-ballet, pas moins effrayantes. L’une des filles était en cheveux jusqu’aux fesses et en trottinette rapide, pure sorcière. Je ne sais pas pourquoi, on dirait que depuis mon séjour en Corse (8 jours), tout a changé. Ils se déplacent maintenant en trottinette. Une voiture de flic (fourgonnette) est passée, a ralenti — j’ai soupiré d’aise —, mais elle a disparu. Peut-être les flics ne se sentaient pas de nombre, ils ont préféré glisser. J’ai fait un détour pour rentrer chez moi. Temps de guerre. Clément à qui je disais que, ce qui m’effrayait dans la vie, c’était que nous étions de plus en plus nombreux et qui m’en parlait — puisqu’il a été 15 ans en Chine, — me dit ce soir : « A propos du « nombre », ne soyons pas effrayés ! Crois-tu en une piste de création poss sur ce thème ? » Clément me dit qu’il n’aime pas la Corse à cause de la violence. Sa maison a été plastiquée. 

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L a Confusion des genres



« Il raffolait d'un ami comme d'une femme, aimait une femme comme un camarade. »

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L a dernière mode



« Observer la lune, c’est revenir dans le passé à une seconde (la lune étant à une seconde-lumière, c’est-à-dire à peu près 300 000 km de nous, la lumière met une seconde pour nous parvenir, elle met 8 mn pour nous parvenir du soleil, elle met 2 millions d’années pour nous parvenir depuis la galaxie d’Andromède, si bien que nous voyons les objets tels qu’ils étaient il y a une seconde, il y a 8 minutes et il y a 2 millions d’années et nous remontons, de cette manière, le temps jusqu’à sa source. (…) Nous en sommes à 10 – 43 secondes du « mirage de la création » parce que on ne peut pas parler de Création avec un grand c, on ne peut parler de création qu’avec un petit c dans le sens de création de la dernière mode parisienne, si on est un physicien. (…) Mais le temps zéro est exclu du discours pour la raison que le temps zéro est un instant dans un temps qui n’existe pas encore, donc silence sur l’origine). »

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L 'Echarpe d'Iris



« Horus



Le dieu Kneph en tremblant ébranlait l'univers :
Isis, la mère, alors se leva sur sa couche,
Fit un geste de haine à son époux farouche,
Et l'ardeur d'autrefois brilla dans ses yeux verts.

« Le voyez-vous, dit-elle, il meurt, ce vieux pervers,
Tous les frimas du monde ont passé par sa bouche,
Attachez son pied tors, éteignez son œil louche,
C'est le dieu des volcans et le roi des hivers !

L'aigle a déjà passé, l'esprit nouveau m'appelle,
J'ai revêtu pour lui la robe de Cybèle...
C'est l'enfant bien-aimé d'Hermès et d'Osiris ! »

La déesse avait fui sur sa conque dorée,
La mer nous renvoyait son image adorée,
Et les cieux rayonnaient sous l'écharpe d'Iris. »

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L ’« Amie »



— Bonjour,
Je prends beaucoup de plaisir à vous lire, alors si nous étions « amis » votre flux me serait plus facilement accessible.
Up to you !
Anne B

— En voilà un peu plus : (Adresse du blog.)

— Merci, c'est bien là que je vous lis déjà.
Vous m'êtes un baume neuronique.
Alors, bonne continuation

— Oui, les citations surtout, en ce moment, sont vraiment fortes... l'astrophysique, Nerval... Enchanté de votre « amitié » comme vous dites si bien entre guillemets... Au plaisir

— « Ce qui fait les hommes de génie ou plutôt ce qu'ils font, ce ne sont pas les idées neuves, c'est cette idée, qui les possède, que ce qui a été dit ne l'a pas encore été assez. » Eugène Delacroix.
J'aime votre façon de revisiter Aurélia, Bach, Thadée Klossowski & les autres, d'y incruster vos images en guirlandes généreuses. J'ai découvert l'émission sur FC, votre façon de dire votre travail, quelle légèreté dans un jeu de précision, j'ai une passion pour les processus de création.
Enjoué, vous êtes & c'est réjouissant !
Une trouée de lumière dans cette journée qui commençait bien grise, vite je m'en vais marcher (Nietzsche a beaucoup raconté les effets de la marche sur sa pensée).
Qu'elle vous soit bonne & légère

— Très réjoui de ce que vous dites ! (La citation de Delacroix est sublime.) Je vous souhaite un bon week-end d'activités physiques ! Ici, à Paris, il fait beau...

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L es Bottes rouges



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T rotter solitairement jours



Mon traducteur me dit pour « Trotter solitairement jours », c’est joli (pour « Einsam in truben Tagen »)

Et de « Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust » (Bach), on me donne : « Divertis reposer, envie d'âme populaire ».

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R ituel de lamentation (2)



« Comment se passait pour vous le final d'un défilé ?
J'ai toujours pleuré au final des défilés Saint Laurent. La salle pleurait, les coulisses pleuraient. Yves était quelqu'un qui savait créer une émotion aiguë chez les gens. Une chose absolument au-delà de la normale.
Ce qui provoquait cette émotion ?
Les choses qui font pleurer, ce sont les choses qui sont parfaites. Un violoniste qui joue admirablement, cela peut émouvoir aux larmes... Quand on réussissait à mettre les choses ensemble, la musique, la jeune fille et le vêtement fait sur elle, on atteignait une espèce de fil de perfection. C'est ça qui était émouvant. »

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L a même que Marie



J’ouvre un livre au hasard. Hamlet, traduit par Jean Malaplate. Mes yeux, mes yeux ! Un avion passe dans le ciel. C’est invisible. Mais sonore. Ainsi, je n’invente rien. Hier soir, j’allais dire : « hier soir », j’étais chez Jeanne et Bertrand. C’est une maison à Vitry — ou à Villejuif — avec, je ne l’avais pas constaté quand j’étais venu en hiver (je veux dire : il y a si longtemps), un immense jardin d’été. Je vais aller à Vidéosphère et emprunter des dvds de Tarkowski, qu’est-ce que je peux faire de mieux ? Le Miroir. Le Sacrifice. Qu’est-ce que nous allons jouer le 6 septembre ? Qu’est-ce que nous allons ne pas jouer ? Jeanne et Bertrand ont eu une idée, hier soir — nous étions dans le jardin, bougies, lumière des téléphones portables, le froid et le chaud, le blême et l’amour, une assiette de haricots du jardin —, cette idée, c’est de changer les textes des airs d’opéra : ils peuvent changer les textes, alors quels textes ? du Nerval ? voulez-vous faire un essai ? Alors, dans le jardin… d’une voix miniature pour ne pas déranger les voisins inconnus, endormis : Bertrand, le premier, a chanté :  « Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même que sous toutes les formes tu as toujours aimée », une phrase que j’avais recopiée du métro en venant.

Et maintenant dans Hamlet… J’imagine, en me réveillant, un dialogue parlé/chanté avec Jeanne et Simon. Simon dit : « Eh bien mère, qui y a-t-il ? » et Jeanne répond : « Hamlet, Hamlet, tu as fort offensé ton père. » Simon : « Ma mère, vous avez fort offensé mon père. » La Reine : « Allons, vous répondez d’une langue futile ! » (« idle tongue »), Hamlet : « Allez, vous demandez d’une langue perverse. » En anglais, c’est mieux : « Go, go, you question with a wicked tongue. » Incroyablement mieux, même. On peut peut-être le faire en anglais. Simon peut-il ? « Que signifie, Hamlet… », « Bon, de quoi s’agit-il ? » : tout en miroir, comme ça. « Why how now Hamlet ? — What’s the matter now ? » « Vous oubliez, je crois, qui je suis. — Non, parbleu ! Reine et femme aussi du frère de votre époux, / Et, malheureusement aussi pour moi, ma mère. —  Bien, je m’en vais quérir qui saura vous parler. — Allons, asseyez-vous, ne bougez point d’ici ! / Vous ne partirez pas que je n’aie devant vous / Mis un miroir pour voir jusqu’au fond de votre âme. — Que veux-tu faire ? Eh quoi ! vas-tu m’assassiner ? Au secours ! Au secours ! » Tout est extraordinaire. On dit Nerval, mais c’est Shakespeare qui vient. Tout se tient, et bien sûr, mais qui fera l’unité ? Je voudrais un alter ego, je voudrais un dramaturge… J’écrivais ceci dans mon carnet, je ne sais plus quand, dans le métro, hier au soir : « il me faut maintenant me tourner vers mes protecteurs… « Je suis la même que Marie, la même que ta mère, la même que sous toutes les formes tu as toujours aimée » ». Et j’écrivais encore : « J’aimerais rencontrer un alter ego qui soit + intelligent que moi. Ce que je fais est trop complexe. Un dramaturge. (J’avais déjà lancé un appel dans ce sens et je n’avais pas répondu aux propositions, sorry…) J’ai trouvé cet alter ego souvent chez des éclairagistes, vidéastes, son, photographes, scénographe peut-être, souvent chez les journalistes, toujours chez les acteurs, mais je ne l’ai jamais trouvé — ou bien je l’ai perdu — dans ce domaine : la dramaturgie. Savoir sur quoi l’on travaille. Solidifier la maison, les fondations. Je sais sur quoi je travaille, mais c’est plus léger que l’air. »  

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T itre éloquent



T out habillé



« La vraie question pour moi est : qu’est-ce que le porno ? Est-ce une exposition lascive et impudique de soi-même ? Parce que, si c’est ça, je le fais déjà tout habillé. »

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