Tuesday, June 16, 2020

L 'Art de perdre est facile à maîtriser


« One Art

The art of losing isn’t hard to master;
so many things seem filled with the intent
to be lost that their loss is no disaster.

Lose something every day. Accept the fluster
of lost door keys, the hour badly spent.
The art of losing isn’t hard to master.

Then practice losing farther, losing faster:
places, and names, and where it was you meant
to travel. None of these will bring disaster.

I lost my mother’s watch. And look! my last, or
next-to-last, of three loved houses went.
The art of losing isn’t hard to master.

I lost two cities, lovely ones. And, vaster,
some realms I owned, two rivers, a continent.
I miss them, but it wasn’t a disaster.

—Even losing you (the joking voice, a gesture
I love) I shan’t have lied. It’s evident
the art of losing’s not too hard to master
though it may look like (Write it!) like disaster. »

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F or Long Stretches of the Night


Comment ça va, la vie, maintenant ? Ou la douleur ? comme on dit (paraît-il) en Afrique.
Ça reprend ici peu à peu, enfin, la vie n’avait bien sûr jamais cessé, mais la vie sociale, officielle et fausse reprend (le paraître). Je suis en Suisse pour préparer un spectacle — un spectacle que je devais y jouer en juillet a été annulé, mais un autre est toujours affiché pour octobre… Je suis à Paris aussi pour préparer un autre spectacle (indiqué : janvier) et à Bruxelles pour un cours ou deux dans une école d’écriture (les étudiants doivent, à un moment, lire leur texte sur scène). Et puis c’est tout, les grandes vacances reprendront encore, je ne sais pas trop avec quel argent, mais, bon, mon côté cigale… (Tu sais, ou c’est trop français ? la célèbre — et terrible — fable de la Cigale et la Fourmi, de Jean de La Fontaine...)
Voilà-voilà. Beaucoup de nouvelles nous parviennent des Etats-Unis, comme tu peux l'imaginer, mais cela m’énerve, en général, que tout semble, en France, décalqué des States, problèmes et solutions... Je me rappelle souvent — tu ne t’en souviens sans doute pas — que tu m’avais dit que tu t’y étais installé parce qu’en effet, tu préférais l’original à la copie (à l’Allemagne, dans ton cas).
J’ai bien aimé vivre — il a fait si beau, aussi ! — cet été (qu’on nomme le printemps) en avance d’un mois au moins, avril, mai, toutes ces fleurs, toute cette eau dans cette région de Nantes et cette femme. Pendant longtemps on a eu le droit d’aller seulement à un kilomètre du domicile, mais on trichait un peu, à la tombée du jour, avec nos vélos, en évitant les flics, on allait dans des « bordières » qui étaient plutôt à quatre-cinq kilomètres, un parc, un marais qui étaient restés ouverts parce qu’au bord de la ville, presque à la campagne, à la limite disons, voir le soleil mourir… Et puis il est venu le temps où on a eu droit aux cent kilomètres (à vol d’oiseau !) toujours autour du domicile. Et, là, j’ai découvert (en voiture) l'une des plus belles régions du monde ! On a pu aller jusqu'à cette pointe sud du golfe du Morbihan : surnaturel ! je n’aurais jamais pensé qu’il puisse y avoir un paysage si beau en France que j'ignorais — qui m'a fait imaginer — si ce n’était la chaleur qui la contredisait — une région plus septentrionale... 
Je t’envoie une photo prise avec les enfants sur la plage de Pen Bron que l'on rejoint en traversant les sublimes marais salants de Guérande, beaux comme Versailles, surtout au retour quand ils captent et amplifient, comme un paysage de miroirs ultra modernes, les dernières lueurs. On y reconnaît les plus jeunes au fait qu’ils aient gardé au moins leur bas de maillot pourtant non obligatoire à cet endroit. Moi, n’est-ce pas, je ne mets que mes Ray-Ban (ça évite les petits yeux) et quelques gouttes de Chanel n°5…
T’embrasse, Martin mon frère, j’espère que tout va bien, 
Yves-Noël

The cicada (cricket) having sung
All summer long,
Found herself most destitute
When the north wind blew :
Not even one little morsel
Of fly or worm.
She went to plea her famish
To her neighbor the ant,
Begging her to lend her
A little grain so she’d survive
Until the new season.
“I shall pay you, she told her,
Before the harvest, animal’s oath,
Interest and principal.”
The ant is not a lender :
This is the least of her faults.
“What were you doing during the warm season ?
She asked this borrower.
— Night and day, to anyone
I sang, please you if it may.
— You sang ? I’m delighted :
Well, dance now.”

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