Tuesday, January 13, 2015

U ne lettre de recommandation


Madame, Monsieur, 
Mon amie Fernanda Barth voudrait participer au programme « The International Forum ». Je, soussigné, Yves-Noël Genod, metteur en scène, vous la recommande vivement ! J'ai rencontré Fernanda Barth dans un stage que j'ai donné à Vitry près de Paris il y a un an (le stage s'est appelé Casser une noix, d'après une citation de Franz Kafka, et vous pouvez en voir une vidéo en cherchant parmi les liens ci-dessous). Immédiatement j'ai été frappé par son excellence, c'est-à-dire sa foi, sa confiance en elle et dans son environnement, cet environnement que nous appelons le « théâtre » : elle y était comme un poisson dans l'eau. Elle a, à un point rare, la capacité d'être avec les autres, absolument et sans réserve ; ce qui fait que dans l'image qu'il me reste de ce stage, elle m'apparaît toujours comme un leader. Ce n'est certes pas qu'elle prenait le pouvoir, non, au contraire, c'est la justesse de sa présence qui en faisait comme l'air que nous respirions. J'ai eu la chance ensuite de pouvoir l'employer dans le spectacle intitulé 1er Avril, aux Bouffes du Nord à Paris (lien ci-dessous) et, là encore, elle y étais exquise, dans une compréhension parfaite de ce que je recherche chez un interprète : se laisser être, se laisser traverser par la présence, la sienne comme une autre ou comme toutes les autres, vivante et morte. Elle comprend la célèbre formule d'Arthur Rimbaud (qui a ouvert à la poésie contemporaine) : « littéralement et dans tous les sens ». Fernanda Barth semble douée de cette disponibilité littérale et dans tous les sens de la vie, pendant le temps de la vie, ou bien encore comme le disait Marguerite Duras : « pour une fois que nous ne sommes pas morts ». Je vous assure que ce sera une grâce, pour vous, de la compter parmi vos participants, sa passion si ouverte, parmi ces deux semaines d'échanges.
Recevez, Madame, Monsieur, l'assurance de mes sentiments distingués, 
Yves-Noël Genod

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« Baudelaire, dont Jorge Semprún disait qu'il avait supporté l'enfer de Buchenwald parce qu'il connaissait ses poèmes par cœur. »

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L 'Odeur de l'autoroute


« La spécificité de la littérature, art majeur d'un Occident qui sous nos yeux se termine, n'est pourtant pas bien difficile à définir. Autant que la littérature, la musique peut déterminer un bouleversement, un renversement émotif, une tristesse ou une extase absolues ; autant que la littérature, la peinture peut générer un émerveillement, un regard neuf porté sur le monde. Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l'intégralité de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances ; avec tout ce qui l'émeut, l'intéresse, l'excite ou lui répugne. Seule la littérature peut vous permettre d'entrer en contact avec l'esprit d'un mort, de manière plus directe, plus complète et plus profonde que ne le ferait même la conversation avec un ami — aussi profonde, aussi durable que soit une amitié, jamais on ne se livre, dans une conversation, aussi complètement qu'on ne le fait devant une feuille vide, s'adressant à un destinataire inconnu. »

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