Je voudrais revenir sur cette sensation maladroitement évoquée dans mon avant-dernier post de justement pas avoir tellement le droit, la possibilité de dire ce que j’aime. Aimer quelque chose est de l’ordre d’un miracle. En même temps, je sais que je n’aime que ce qui m’est destiné. Je l’ai toujours su, je me suis souvent dit : quand même, quelle chance d’avoir lu et aimé tel livre. Vu telle expo (etc.). Dans les grandes passions, je ne pouvais imaginer qu’un autre que moi ait lu le livre. Le même livre. Impossible. Et c’est ce que j’écrivais à Duras : il n’y a que moi (puisque c’était tombé sur elle) et, bien sûr, ça l’enchantait. Il y avait aussi Peter Handke qui avait dit : « Aimer une chose suffit ». Je suis un peu triste qu’elle n’ait pas eu le prix Nobel, Marguerite, maintenant il y a Annie Ernaux (et Peter Handke il y a trois ans), elle aurait adoré. J’aimais bien que Marguerite soit heureuse. J’aimais bien son plaisir, sa réussite. J’aimais bien lui dire que je la trouvais belle. Et c’est vrai, certains jours, elle était belle. Alors, elle se tournait vers Yann et elle lui disait (en le regardant d’en bas) : « Vous avez entendu ce qu’il m’a dit ? » Je n’aime que ce que j’aime, et franchement j’ai un peu honte de n’aimer que ce que j’aime (de ne réagir qu'à ça)
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