Tuesday, October 28, 2008

Un projet avec Liliane Giraudon

(...) J'ai essayé de t'appeler mais tu étais sur boite... Aujourd'hui il pleut et l'été indien semble foutu (cou tordu) l'automne malade s'avance (qu'il avance je ne le redoute pas...) Ce que tu dis des corps des enfants et des vieillards (la danse) sur ton blog me touche beaucoup. Il y a dans les voix des 4 couleurs de Voilà les nous la chorégraphie de ces corps-là... La notion de travesti n'est pas à limiter au déplacement (greffe maquillée) des sexes mais à la prise en charge de ces corps-là (beauté vivante de ce vieillard jeté à la voirie ou de cet enfant déposé sanglant sur une poubelle par sa mère de 17 ans accouchant seule (lu dans un bar ce matin in « La Provence », ça se passait hier à Sorgues...) (...)

Liliane

Lecture de la pièce de Liliane Giraudon Voilà les nous, le 27 novembre à Paris.

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« Cacher la beauté »

De : alainklingler@hotmail.fr
Objet :
Date : 28 octobre 2008 12:22:10 HNEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr


Mon cher Yves-Noël,

Je relisais ce matin quelques pages des Conversations avec John Cage et je trouve ceci, page 125, que tu connais peut-être :

« Vous avez dit que la fonction des compositeurs est de cacher la beauté.

Il s'agit de nous ouvrir l'esprit, parce que l'idée de beauté est simplement ce que l'on accepte. Si l'on cache la beauté au moyen de la musique, on aura agrandi le domaine de l'esprit.

Je ne comprends pas bien.

Cela me semble clair ! Si je faisais que tout soit « beau », ça ne serait utile ni à moi ni à personne d'autre. Il ne se produirait aucun changement.

Vous pensez donc vraiment aux autres en écrivant.

Pas particulièrement, non. Je ne sais pas à quoi ma musique ressemble avant de l'avoir entendue. Je ne sais pas comment je composerais si je pensais à ce que quelqu'un d'autre va entendre. J'essaie de faire mon travail le mieux possible. Si je pensais à ceux qui l'écouteront, je ne saurais pas auxquels penser. »

J'espère que tu vas bien. Je viens bientôt à Paris et je te ferai signe pour voir si on peut se croiser pour un café.

Je t'embrasse,
Alain.



ah oui ! non, connaissais pas... à Berlin, quelqu'un a joué du piano désaccordé (mais vraiment : un piano trouvé sous la pluie), on aurait dit du John Cage. cette personne, comme je l'explique ailleurs sur le blog, en a joué « vite et mal » selon le mot de Paul Claudel à Jean-Louis Barrault (pour la création du Soulier de Satin) et c'était MERVEILLEUX...
il faudrait que je trouve ce texte en anglais, c'est le même titre ?
bises, à bientôt

YN



Conversing with Cage by Richard Kostelanetz.


Le « piano John Cage » (dans la pièce : Felix, dancing in silence). (Photo Sophie Laly.)

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Dans le mot « vague »...

De : guillaume.allardi@orange.fr
Objet : Rép : labyrinthe et vagues
Date : 28 octobre 2008 11:09:25 HNEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr
Répondre à : guillaume.allardi@orange.fr


Dans le mot « vague », il y a l'aller du va, et le g d'une agonie. Pourquoi les photos de mer marchent toujours. Un personnage, sur une plage, comme ta troupe nue sur tes photos, donne toujours l'impression d'hommes ayant vaincu l'espace, dominé toute distance. Touristes / colons / congés payés. Ils sont sur la terre comme sur la tête d'un animal qu'ils viendraient de tuer. Avec l'innocence heureuse des chasseurs, de ceux pour qui la violence n'a jamais rien eu à faire encore avec la haine. J'ai lu ton texte sur le ballet de Chaillot, où je trouve que tu cernes bien ce type de présence que tu appelles « l'humanité ». Ou la souveraineté. Il y a, je sais, une image des Bienheureux chrétiens représentés par des corps d'hommes avec des têtes d'animaux, comme les dieux égyptiens. De la possibilité d'une nudité, d'un nouvel à-jour de l'homme. On pourrait dire aussi une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence.

éloge du brouillard

du sujet perdu entre la main et l'épaule

de la continuité monstrueuse des têtes qui surnagent

des bites seules

de la confusion des voix et du vent

du possible

de l'horizon respiré

de la gestation folle des formes

de l'humanité des apparitions


Allez,

à vite, va

G.



ah, t'es gentil !
j'suis content que ce texte-projet passe (pour toi). parce qu'Hélèna, elle, elle (prétend qu'elle) n'y comprend rien à tout ça ! et je lui ai demandé de m'écrire ce « propos recueilli » parce que c'est quand même mieux, ça m'amuse, même s'il y a des formules pas vraiment chouettes du genre « ce qui m'interpelle dans... »
j'essaie de trouver de l'argent pour Chaillot (où y en a vraiment pas), j'ai loupé la Drac théâtre, trop tard, alors j'essaie encore un truc pour la Drac danse où la deadline est vendredi, d'où l'invention rapide de ce projet « danse » (les deux dernières fois que j'ai demandé, ils avaient dit : « c'est pas de la danse ») qui n'est sans doute pas ce que je ferai – mais l'idée aussi me vient de rédiger des projets comme des objets en soi – puisqu'il y en a tant... et peut-être d'en faire ensuite un texte plus vaste – en regroupant ces textes-projets destinés à diverses commissions.
toi comme danseur (surtout nu avec une tête d'animal !), c'est oui tout de suite ! si tu pouvais m'amener la plage et la mer en sus, alors... ou la lune et mars...
à Berlin, j'ai encore fait dansé un comédien (le dénommé Felix) et je pense que pour mon idée de la danse, les comédiens dansent infiniment mieux que les danseurs parce qu'ils sont capables de baigner ça dans l'imaginaire – et pour moi, l'imaginaire, c'est l'humain, on peut pas faire sans (et y a qu'à voir Thomas...)
à Vitry, je vais retravailler avec Patrick Laffont (vidéaste Gennevilliers), je voudrais faire du film, peut-être même, au final, une installation vidéo, tout est ouvert encore évidemment, mais l'envie semble aller dans ce sens, sortir du cadre de la représentation (que j'ai déjà bien exploré jusqu'à maintenant)... en tout cas, comme Patrick semble libre les après-midis (il travaille le soir avec Hubert Colas), en profiter pour filmer, filmer, filmer... lui est incroyablement rapide (pour Gennevilliers il n'a été là que deux fois trois jours avant les représentations), tu aurais du temps ? des envies ? tout ce que tu dis sur la souveraineté est pour moi très très clair et c'est dans ce sens que j'ai envie d'enfoncer le clou, lourdeur et bonheur, matière-esprit, force-beauté – et même cette formule : « une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence », oui.
Vitry, j'y suis du 3 nov au 5, 6, 7 décembre, représentations actuellement annoncées.
bises

Yvno

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