1.
C’est un lieu commun. Tout
le monde le dit. Disparaître derrière le personnage, bien sûr.
2.
Absolument, mon théâtre
peut exister sans les acteurs, je l’ai déjà fait (en 2011 au Théâtre de la Cité
Internationale, la deuxième partie de — je peux / — oui : que du son et de la lumière. 1er Avril que vous avez vu aussi était intitulé
« son-et-lumière » et, aux acteurs, je ne cessais de répéter :
« L’idéal serait des costumes avec personne dedans. Des costumes avec
personne dedans ! » C’était sur les fantômes et le moins possible de la
« réalité », mais le plus possible laissé à l’imagination (du
spectateur)… Disparition de l’interprète…
3.
Rien à l’avance et ceci va
apparemment contredire ce que je viens de dire (à la question
précédente) : « Je fais mes robes sur les mannequins », comme
disait Coco Chanel, je ne sais rien avant, je fais mes spectacles à partir des
lieux, oui, et aussi des personnes avec qui j’ai choisi de travailler. Parce
que, s’il n’y a plus que du son et de la lumière, il faut bien comprendre qu’il
y a, bien sûr, l’interprète du son
et celui de la lumière. (Pour 1er Avril : Benoit Pelé et Phlippe Gladieux.)
4.
Ces 2 référents, Jacques
Derrida et Walter Benjamin, cela me flatte beaucoup. Tout le monde parle de la
même chose, surtout les génies. Alors, bien sûr qu’on peut dire ça, si
beau !
5.
« Nous sommes faits de
l’étoffe des songes », a dit William Shakespeare et, ça aussi, c’est
évidemment un lieu commun. En fait, il n’y a que du lieu commun et des variations. Jorge Luis Borges
disait que plus ça allait, plus il écrivait en clichés parce qu’au fond, il n’y
a rien de plus profond. Mais bien sûr que la beauté, chez moi, ne tient qu’à un
fil, oui, c’est à la fois puissant et fragile, ne serait-ce que de
l’acceptation du jeu par le spectateur (qui a le pouvoir de créer ou de rompre
ce fil).
6.
Aucune idée.
7.
Aucune idée.
8.
L’acoustique, la résonance.
9.
Non, le moment présent
m’importe. Il me semble que mes spectacles jouent beaucoup moins de la rémanence que d’autres — ceux de Claude Régy ou aussi ceux de
Joël Pommerat, par ex, qui jouent, eux, sur les climats. Je ne joue pas sur les climats. Cela ne me
dérangerait pas, par ex, que le spectacle soit intégralement oublié dès le
sortir de la salle.
10.
Oui, mes spectacles sont
contemplatifs, c’est évident. C’est un théâtre vidé d’actions, vidé de drame.
On a parlé de « théâtre chorégraphié ». Poèmes, absolument. Pas
prose. Danse. Vie.
11.
« […] nuances tendres
ou véhémentes de la Naïveté, — Sottise du sublime, irréflexion de
l’infini », dit Emil Cioran.