L es Intermittences du cœur
FOMENTATEUR, TRICE, subst.
Personne qui fomente, qui
trame quelque chose.
Le vrai problème, c’est
ceci : il faut supprimer l’intermittence de la vie d’artiste. La
supprimer. Purement et simplement. Moi, je ne travaille que qq jours par
an ; le reste du temps, je m’ennuie à mourir. Charles Baudelaire (ce n’est
pas que je me compare…) n’a fait que quelques poèmes, bon, et quelques traductions
(Edgar Poe) et le reste du temps — de ce temps infini qui heureusement va
finir ! — il s’est emmerdé. J’aurais aimé être écrivain pour écrire, être
peintre pour peindre, mais je ne sais rien faire que le metteur en scène. Je ne
sais faire que ça : des mises en scènes contemplatives d’une sorte de
théâtre-nouvelle/ancienne-religion de la beauté, un théâtre chorégraphié, peint, effacé, chanté, évanescent, mystique. Je ne sais pas vivre, je ne sais pas
avoir des enfants, des amours, je ne sais pas. Un chat noir vient me voir,
quand même, depuis qq temps, par les toits de zinc. Je l’aime, c’est un copain. (Pas repéré son sex.) Je voudrais qu’on me supprime ma vie et qu’on me laisse
travailler. Je dors d’ennui, j’hiberne même en été quand je ne travaille pas,
je suis comme une actrice qui pleure. Il y en a tant des comme moi, intermittentes
de la vie d'artiste. Il disait : « Nous n'avons que du livre à mettre dans un livre…
» Le théâtre, ce n’est pas une reproduction de la réalité, c’est un oubli de
la réalité. J’aimerais faire du cinéma, aussi, comme Godard. Mais si on enregistre cet oubli, on peut alors se souvenir et peut-être parvenir au réel.
C'est Blanchot qui a dit : « Ce beau souvenir qu'est l'oubli ».
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