Sunday, July 01, 2012

Le Sommelier



« Mais si vous avez l’œil qui brille quand vous parlez du vin, j’ouvre volontiers mon cœur. Voilà. »

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Les Anges


Photo Marc Pilpoul.

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Raison de vivre




Il y avait la fête extraordinaire du Rond-Point, l’anniversaire, la présence de François Hollande, il faisait beau, une sorte d’Avignon avant l’heure (les jardins autour du Rond-Point avaient été réquisitionnés), beaucoup de moments très différents – et puis ça s’était terminé avec une agression d’une violence inouïe – je crois que je n’en ai jamais connu d’aussi violente – mais la personne était dans un tel état qu’elle ne s’en souviendra pas, c’est à espérer, en tout cas. Ça ne m’intéresse pas du tout qu’on me flanque l’inconscient à la place du vivant, ça ne m’intéresse pas, c’est même écrit, c’est écrit  : ÇA NE M'INTERESSE PAS – et pourtant ça se produit de plus en plus souvent, je me prends de ces claques ! Alors on était sorti. On voulait boire un verre aux Champs-Elysées – mais tout était fermé. Marcher était mieux que rien. De toute façon, c’était rien, presque rien. Marcher valait mieux. Je proposais de s’enfoncer dans les petites rues vers le George V, ça amusait Olivier : « Ah, oui, le George V, il est ouvert 24h sur 24 ! » Et puis, tout ça, c’était la vie, je m’en souviens, les gens nous regardaient, regardaient notre groupe étrange, triste et uni… On prenait un taxi pour aller chez Dominique. Il fallait réveiller Marc parce que Dominique ne pense jamais à ses clés. Et puis il était encore la nuit à l’appartement à l’immense luxe sur le Champ-de-Mars. Et puis ça avait été l’aube. L’aurore d’abord, pour être précis. L’aurore puis l’aube puis les oiseaux ne chantaient pas encore alors que la lumière était parfaite et inéluctable, vaste comme l’amour. J’étais frappé du paradis aussitôt après l’enfer. C’était comme… – c’est très dur de rendre compte de cette sensation, la ville comme la nature, comme les falaises, comme la mer, je ne sais quoi, ce qu’il y a de plus beau à l’état naturel, le jardin, la tour Eiffel, Chaillot… – c’était comme Versailles, se réveiller à Versailles… C’est-à-dire, les arbres sont si bien taillés, du septième étage de cet appartement qui a servi pour Le dernier tango à Paris, qu’on dirait des jardins à la française avec les arabesques de buis. Je crois que la vue n’a pas du tout changé depuis cent ans : à un moment j’ai cru voir une calèche et des robes longues. Une préservation parfaite. L’art. l’art de vivre aussi bien. Marc proposait du café, du porto, du champagne encore. Dominique nous proposait de rester dormir, il y avait deux chambres, la noire et la rose. Je ne savais que décider. Olivier choisit la noire – « noir intense » – il me restait la rose – qui d’ailleurs n’avait finalement qu’une idée très diluée, d’un incroyable pastel, du rose. Pierre dormait avec Olivier, il allait être le seul (de nous trois) à dormir comme un enfant. Je ne dormais pas, mais je me calmais. A sept heures, la lumière était encore plus belle, l’été plus infini, le mois de juin changé en juillet, l’été absolu. Versailles, la mer, les fleurs à l’infini, la ville. Les enfants étaient déjà levés, Marlon et Faye, prêts à l’aventure. Marc passait et proposait encore du café, mais je déclinais et partais avant que Faye n’aille réveiller sa mère pour me fêter : « Non, non, chérie, elle est au courant que je suis là, on est rentré ensemble. Ne la réveille pas, on s’est couché très, très tard, je m’en vais, on se verra une autre fois. A bientôt… » (A voix basse.) « A bientôt », disait encore Faye de sa voix expérimentalement chuchotée quand je tirais la porte sur moi. Je prenais un vélib’, tout Paris était vide et clair. Je m’approchais de la tour Eiffel – à l’énorme beauté , il y avait déjà les touristes (surtout indiens) pour y monter. Beauté comme la nature, les pyramides. Traverser Paris dans ce vide, cette glissade facile me rappelait Berlin. C’est Berlin que l’on traverse de part en part en vélo, pas Paris. Paris (je me disais), il faut avoir une raison d’aller dans les beaux quartiers. 

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Bonjour je vais commencer un message je ne sais trop quel en sera la teneur je vais tourner autour d'une impression d'une idée et d'un plaisir
Je suis venu voir Je m'occupe de vous personnellement je vous avais entendu avec Valérie Dréville à la radio je dois avouer que je ne connaissais pas du tout votre travail et au fur et à mesure de cet entretien des phrases sonnent si fort que je me déplace jusqu'au théâtre pour voir Dréville dont j'aime la rigueur et la poésie et découvrir cette singularité
Ceci sans doute est venu comme un prélude ce qui va suivre sera peut être sans construction
C'est la première fois que j'écris à un comédien-performeur-danseur-metteur en scène vous excuserez je l'espère mes quelques maladresses
Peut-être pour aller au plus simple je me suis trouvé en face d'une chose d'un objet de ce dont j'avais besoin
Je ne voulais pas que l'on s'échine à me raconter maladroitement et malheureusement une histoire je voulais je pense me retrouver en face d'un vivant de vivants de temporalités cohabitantes de corps-poèmes
De hurlants de balbutiants de chuchotants de poumonnants de hoquetants je voulais être au théâtre sans être considéré comme spectateur
Que l'on déplace temps et espace
En face d'une réalité possible autre
Peut-être balbutiante enfin d'une tentative
C'est ce que j'ai vu sur le plateau ce que j'ai vu dans votre accueil un instant pendant lequel on tenterait de ne pas faire semblant de partager quelque chose avec ceux qui sont venus en voisins ou en curieux un moment enfin ou le théâtre semble avoir osé pour une fois de « faire vivre présent » chaque soir
J'ai aimé cette légèreté avec laquelle toutes ces épreuves, tous ces jeux toutes ces danses étaient croquées
J'ai senti le hasard agir lorsque ma voisine a regardé son pantalon souillé par un oiseau posté au-dessus de nos têtes
Peut-être que ça doit s'interrompre ici
Merci vraiment j'ai été très curieux et excité de découvrir ce travail
Bravo
Au plaisir de vous rencontrer peut être un jour
Pierre-François Garel







Oui, vous avez raison. Cette phrase parmi d’autres tirées de Par les villages, de Peter Handke, que j’ai lue une fois aux acteurs avant de jouer et que Valérie m’a demandé, je me souviens, de répéter pour la prendre en note : « Ceux qui aiment seuls transmettent : aimer une chose – suffit pour tout. » Elle vous va aussi comme un gant ! Merci (et bien sûr avec plaisir pour la rencontre, je pars mardi soir, mais keep us in touch, comme on dit…)

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