Thursday, July 22, 2010

Champs-Elysées

(Mon journal dans la cour des grands)



Tractage à la sortie de la première de Richard II, un couple de festivaliers : "C'est à vous qu'on aurait dû confier la mise en scène..." Je ne peux que répondre : "Je trouve aussi." Parce que je le pense. Faire mieux que Christoph Marthaler : impossible (à cause de la musique), faire mieux qu'Angélica Liddell, impossible, trois fois impossible (parce que je me demande bien comment ça marche). Mais comment ne pas faire mieux que J-B S ? (J'ai vu la générale.)

"Le Monde" titre, en première page (avec photo) :"Et Richard II illumina Avignon." Toujours ému quand je m'aperçois que ce qui, pour moi, ressemble à une sombre bouse (selon le mot de Bastien) apparaît, pour d'autres, comme un miracle de subtilité et de beauté. "Parce que la sensibilité, on n'en a qu'un bout", me disait Dominique Valadié, il y a bien longtemps (alors qu'on travaillait ensemble avec Claude Régy). Elle racontait que ce qui, pour elle (et pour moi), apparaissait comme le fond du fond de l'époque, "Champs-Elysées", l'émission de Michel Drucker (diffusée le samedi soir) provoquait chez sa vieille tante un émerveillement littéral : elle attendait l'émission toute la semaine pour en être émue jusqu'aux larmes.

J'ai tellement détesté ce spectacle que je ne rappelle pas mon ami merveilleux Vincent Dissez qui devait être l'un de mes invités. Vincent a le souci fort louable et que j'encourage de garder un pied dans l'institution et un pied dans l'avant-garde. Je l'ai d'ailleurs rencontré à la Ménagerie de verre, lors d'une dernière soirée parisienne, alors qu'on venait de l'appeler pour ce remplacement dans la cour d'Honneur et qu'il allait prendre l'avion le lendemain matin. Mais, là, l'écart est too much quand même... (Pour ce coup-ci.) Longue vie au roi Vincent !

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Belle de nuit

"Oh, je voudrais être un roi pour rire. Un roi de neige. Et fondre au soleil de Bolingbroke. N’être plus qu’une goutte d’eau."

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Belle du soir

"Tout se passe tellement bien, j'ai du mal à le croire."

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"La Croix"

Qu'avez-vous découvert dans le festival "off", ces derniers jours ?

Le Parc intérieur, c'est un comédien seul en scène qui fait en fait une sorte d'(...) livre à la main de V & A et ce qui pourrait paraître au départ complètement absurde, c'est fait avec une telle complicité avec le public que ça en devient quelque chose très rafraîchissant et très excitant pour l'esprit.

(Didier Mereuze.)

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Travelo dit Delphine Seyrig










Bastien Mignot.
"On aura vraiment tout vu sur cette terre !" (Avec l'accent.)

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Travelo dit Carmen





Robin Causse.

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Jean-Pierre Thibaudat

Festival d'Avignon Off : 18h, l'heure de l'art Genod
Par Jean-Pierre Thibaudat | Journaliste | 22/07/2010 | 20H27



Yves-Noël Genod est un acteur qui a fait de sa personne, un personnage. Cette délicieuse ambiguïté traverse tout son travail. Qu'il mette en scène les autres en les regardant depuis la salle sans se priver de commentaires comme récemment à la Ménagerie de verre, qu'il passe dans ses spectacles en picorant comme un corbeau dans un champ labouré ou bien qu'il se présente seul en scène comme c'est le cas au Festival d'Avignon. Avec sa silhouette efflanquée, son pantalon de cuir, ses cheveux blonds et longs, ses yeux bordés de noir, il ne passe pas inaperçu sans pour autant afficher sa présence de façon ostentatoire. Sa discrétion, le fluet de sa voix font sa force. Subrepticement excentrique et excentrée.
On retrouve tout cela dans Le Parc intérieur, une variation autour d'un long poème de Shakespeare Vénus et Adonis traduit par Yves Bonnefoy. Ce poème pétri de rhétorique n'a certes pas la force des sonnets, mais c'est justement ce côté ouvragé à l'ancienne que Genod apprécie. Et puis c'est une histoire d'amour, pleine de sensualité et cela parle à tout le monde. Alors Genod en dit sans afféterie des poignets des vers pour mieux s'arrêter et raconter une anecdote de sa vie où passent Claude Régy avec qui il a travaillé et auquel il voue admiration et reconnaissance, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute. Ou bien il fait de la pub pour le night club qui le sponsorise.
Son envie première était de jouer dans ce lieu étonnant qu'est la Condition des soies. Un cylindre de pierres sans âge plein de fraîcheur où les voix résonnent à merveille, où le chuchotement à tous les droits. Naguère, Philippe Caubère y lança les premiers balbutiements de son Roman d'un acteur. Cet ancien lieu du festival In est passé dans le Off. Genod a cassé sa tirelire pour se l'offrir. Chaque jour, il invite un artiste du In à venir chauffer le public. Après quoi il parle de lui à travers Shakespeare car comme dit Angélica Liddell « de toute façon, on finit toujours par parler de soi, même quand on parle d'un chien ».
Conditions des soies, 18h, durée 1h15, jusqu'au 31 juillet, 04 32 74 16 49. Entrée libre, champagne fourni, on paye en sortant « car les putains, les vraies sont celles qui font payer pas avant, mais après » précise Genod.

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