A mettre au dossier abordé (a Piaghja, un soir) avec Antoine et les filles, cette citation de Fernando Pessoa tirée du Livre de l’Intranquillité, tu peux transmettre ce brûlot ?
« Tout ce qui n’est pas mon esprit n’est rien d’autre à mes yeux, malgré tous mes efforts, que décor, enjolivures. Un homme, bien que je puisse reconnaître par le raisonnement qu’il est un être vivant tout comme moi, a toujours eu — pour cette part de moi qui, étant involontaire, est le plus authentiquement moi — moins d’importance qu’un arbre si cet arbre est plus beau. C’est pourquoi j’ai toujours ressenti les mouvements humains — les grandes tragédies collectives de l’histoire, ou de ce qu’on fait d’elle — comme des frises colorées, dépourvues de l’âme de ceux qui les traversent. Je ne me suis jamais affligé de ce qui pouvait arriver de tragique en Chine. C’est un décor lointain quoique peint aux couleurs du sang et de la peste. »
Bisous, très chère,
Yvno
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